Re: [ASSEMBLEE FEDERALE] Questions au Gouvernement
Posté : 27 déc. 2017, 19:21
Karl qui venait de rentrer sur Aspen après une longue nuit passée dans le lit d'Andrea, écouta attentivement le propos de son ancien partenaire de parti, Alexandre. Il attendit qu'il ait regagné sa place et prit le micro pour lui répondre.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs les Députés,
Chères et chers collègues,
Monsieur Lamrabet,
Je tiens tout d'abord à vous remercier pour l'attention que vous avez porté à la feuille de route du Gouvernement sur les domaines qui m'incombent, à savoir la Diplomatie et la Défense. Je souhaite apporter une précision sur le fait que cette feuille de route n'est pas exhaustive, comme vous le relevez fort justement. C'est une volonté que nous avons, car nous souhaitons pouvoir adapter nos actes en fonction des situations et non d'idéologies programmatiques.
J'en viens maintenant à la question que vous me posez. Elle est très pertinente et elle va effectivement être la pierre angulaire de notre politique diplomatique en Afrique. Cette politique constitue une grande première, pour la Frôce comme vous le soulignez. Il était effectivement temps que nous développions l'énorme potentiel de relations bilatérales avec les nations africaines.
Avant tout, permettez-moi de faire un rappel historique sur la Frôce, qui n'a jamais participé, depuis son existence, à la politique colonialiste. Et Dieu sait qu'elle faisait fureur, il y a quelques siècles. Cela n'est jamais entré et n'entrera pas dans nos valeurs. Je crois que nous pouvons nous en féliciter. Nous avons toujours défendu les valeurs d'indépendance et de justice. Et lorsque nous avons été amené à accueillir au sein de notre pays, une nouvelle province, nous avons su le faire, en témoigne notre intégration d'Antsiranana, qui n'est certes pas parfaite mais demeure perfectible.
Historiquement, toujours, la Frôce fait partie des états qui ont ardemment défendu l'utilisation d'une monnaie nationale, le pluzin, bien loin de l'effet de mode suscité en Europe par l'euro, et dont nous voyons bien les limites aujourd'hui, tant sur le développement social, que sur l'économie. Nous pouvons être fiers de cela. Nous sommes libres et indépendants quant à notre politique monétaire et budgétaire. C'est un atout exceptionnel, une opportunité précieuse !
Voilà pour la parenthèse que je jugeais bon de rappeler à chacun, afin d'argumenter la suite de mon propos.
Personnellement, maintenant, j'ai l'intime, que dis-je, la profonde conviction, que le colonialisme ne disparaitra pas tant que nous aurons de vieilles idoles poussiéreuses pour rappeler son existence. Nous ne pouvons bâtir un nouveau monde, si nous utilisons les mêmes plans d'antan. C'est impossible. Et ce n'est pas du tout souhaitable.
J'aime à penser que tout est possible et qu'il n'appartient qu'aux personnes avant-gardistes d'ouvrir de nouvelles voies, de montrer l'exemple et d'avancer. C'est la raison pour laquelle, je félicite et je salue le propos de Kako Nubukpo. Les mots qu'il a utilisés étaient justes, justifiés. Le fait que le franc CFA existe encore est selon moi, une hérésie économique. Mais c'est surtout un drame.
J'apporte d'ores et déjà une clarification, je désapprouve l'attitude du Président français, Emmanuel Macron, sur cette question. Je crois que la France doit se saisir du dossier en urgence et faire en sorte que les pays d'Afrique abandonnent le franc CFA pour retrouver leur indépendance monétaire. On ne peut pas prétendre que l'on se détache d'un passif colonialiste, sanglant et meurtrier et refuser de parler de la lente agonie provoquée par cette monnaie unique. C'est un non-sens absolu.
Sur le plan humain, il n'est pas acceptable que cette politique là continue. Le franc CFA ne permet pas aux pays qui l'utilisent de faire vivre leur peuple. Elle maintient simplement un commerce extérieur à flots, apauvrissant les savoirs, vampirisant les énergies qui peuplent l'Afrique de toute part.
C'est un naufrage.
Oui, un naufrage, responsable de bien des maux.
Je peux donc vous assurer, et j'en prends l'engagement, de mettre tous les moyens dont je dispose pour combattre le franc CFA et rendre la liberté aux nations africaines. Mon humanisme ne peut me laisser indifférent sur cette question crucial pour l'avenir du continent africain.
Sur le fond de mon plan d'action, j'aborderais le développement de nos relations avec humilité. J'ai déjà fait une visite en Afrique du Sud, pas plus tard qu'hier, pour approfondir nos relations et poser des bases solides en vue d'un partenariat économique. Selon moi, la Frôce a un rôle à jouer sur trois leviers majeurs, trois enjeux de notre siècle.
En premier lieu, la question économique, où comme vous le préciser, le statut de pays en voie de développement nous ouvre de nombreuses possibilités. Je crois en la pertinence de véritables contrats économiques, équitables, favorisant les agricultures et les industries locales, davantage que les grands groupes. C'est en remplissant le carnet de commandes que nous contribuons à notre niveau, au développement de l'Afrique. Nous favoriserons ainsi l'activité et l'émergence des talents, l'innovation.
Deuxième pilier, à mes yeux, le plus important. Vous parliez de l'Afrique comme d'un continent mondialisé, à juste titre. Mais comme bien souvent, la mondialisation ne fait pas que des heureux. Elle a tendance à laisser les plus fragiles sur le carreau. A nous d'apporter les moyens humanitaires nécessaires pour aider les pays les plus touchés à sortir la tête de l'eau. A notre époque, il n'est plus acceptable que nous considérions l'Afrique comme la dernière roue du carosse. Ce continent a de l'avenir. Il ne mérite ni l'indifférence, ni le pillage, ni l'abandon. Je m'assurerai que la Frôce ne déroge à aucune de ses valeurs et qu'elle apporte des solutions concrètes aux détresses les plus urgentes.
Enfin, dernier point, l'authenticité. Je n'aborde pas cette politique diplomatique comme une tournée mondiale ayant pour unique but de faire la une des tabloïds, de lustrer le vernis ou de faire tourner la planche à cash. L'Afrique a trop souffert de l'exploitation et des mensonges. Je dirais les choses, avec franchise et j'instaurerais avant tout un lien de confiance.
Je suis optimiste. Nous comptons parmi nos alliés quatre nations au rôle crucial. L'Algérie, qui nous offre une vision lucide et une porte vers le Mahgreb, notamment. L'Egypte, clé de voûte essentielle dans les projets que nous entendons mener, elle constitue le lien entre l'Afrique et l'Eurasie, le carrefour du monde. Le Burkina Faso, qui occupe une place primordiale dans la région sud-saharienne. Et enfin, je l'ai dit tout à l'heure, l'Afrique du Sud, partenaire essentiel pour la protection et le développement d'Antsiranana.
Le travail à accomplir est titanesque, nous démarrons avec des bases solides mais nous avons encore fort à faire. Les équipes de mon Ministère et moi-même allons nous retrousser les manches car le travail ne nous fait pas peur ! Et nous ne nous contenterons pas de nos acquis, nous irons bien au délà.
Bien entendu, Monsieur Lamrabet, je reste attentif à toute attente, d'où qu'elle vienne, sur ces questions. Et je me tiens à votre disposition, ainsi qu'à celle de cette Assemblée, pour y répondre.
Je vous remercie.
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs les Députés,
Chères et chers collègues,
Monsieur Lamrabet,
Je tiens tout d'abord à vous remercier pour l'attention que vous avez porté à la feuille de route du Gouvernement sur les domaines qui m'incombent, à savoir la Diplomatie et la Défense. Je souhaite apporter une précision sur le fait que cette feuille de route n'est pas exhaustive, comme vous le relevez fort justement. C'est une volonté que nous avons, car nous souhaitons pouvoir adapter nos actes en fonction des situations et non d'idéologies programmatiques.
J'en viens maintenant à la question que vous me posez. Elle est très pertinente et elle va effectivement être la pierre angulaire de notre politique diplomatique en Afrique. Cette politique constitue une grande première, pour la Frôce comme vous le soulignez. Il était effectivement temps que nous développions l'énorme potentiel de relations bilatérales avec les nations africaines.
Avant tout, permettez-moi de faire un rappel historique sur la Frôce, qui n'a jamais participé, depuis son existence, à la politique colonialiste. Et Dieu sait qu'elle faisait fureur, il y a quelques siècles. Cela n'est jamais entré et n'entrera pas dans nos valeurs. Je crois que nous pouvons nous en féliciter. Nous avons toujours défendu les valeurs d'indépendance et de justice. Et lorsque nous avons été amené à accueillir au sein de notre pays, une nouvelle province, nous avons su le faire, en témoigne notre intégration d'Antsiranana, qui n'est certes pas parfaite mais demeure perfectible.
Historiquement, toujours, la Frôce fait partie des états qui ont ardemment défendu l'utilisation d'une monnaie nationale, le pluzin, bien loin de l'effet de mode suscité en Europe par l'euro, et dont nous voyons bien les limites aujourd'hui, tant sur le développement social, que sur l'économie. Nous pouvons être fiers de cela. Nous sommes libres et indépendants quant à notre politique monétaire et budgétaire. C'est un atout exceptionnel, une opportunité précieuse !
Voilà pour la parenthèse que je jugeais bon de rappeler à chacun, afin d'argumenter la suite de mon propos.
Personnellement, maintenant, j'ai l'intime, que dis-je, la profonde conviction, que le colonialisme ne disparaitra pas tant que nous aurons de vieilles idoles poussiéreuses pour rappeler son existence. Nous ne pouvons bâtir un nouveau monde, si nous utilisons les mêmes plans d'antan. C'est impossible. Et ce n'est pas du tout souhaitable.
J'aime à penser que tout est possible et qu'il n'appartient qu'aux personnes avant-gardistes d'ouvrir de nouvelles voies, de montrer l'exemple et d'avancer. C'est la raison pour laquelle, je félicite et je salue le propos de Kako Nubukpo. Les mots qu'il a utilisés étaient justes, justifiés. Le fait que le franc CFA existe encore est selon moi, une hérésie économique. Mais c'est surtout un drame.
J'apporte d'ores et déjà une clarification, je désapprouve l'attitude du Président français, Emmanuel Macron, sur cette question. Je crois que la France doit se saisir du dossier en urgence et faire en sorte que les pays d'Afrique abandonnent le franc CFA pour retrouver leur indépendance monétaire. On ne peut pas prétendre que l'on se détache d'un passif colonialiste, sanglant et meurtrier et refuser de parler de la lente agonie provoquée par cette monnaie unique. C'est un non-sens absolu.
Sur le plan humain, il n'est pas acceptable que cette politique là continue. Le franc CFA ne permet pas aux pays qui l'utilisent de faire vivre leur peuple. Elle maintient simplement un commerce extérieur à flots, apauvrissant les savoirs, vampirisant les énergies qui peuplent l'Afrique de toute part.
C'est un naufrage.
Oui, un naufrage, responsable de bien des maux.
Je peux donc vous assurer, et j'en prends l'engagement, de mettre tous les moyens dont je dispose pour combattre le franc CFA et rendre la liberté aux nations africaines. Mon humanisme ne peut me laisser indifférent sur cette question crucial pour l'avenir du continent africain.
Sur le fond de mon plan d'action, j'aborderais le développement de nos relations avec humilité. J'ai déjà fait une visite en Afrique du Sud, pas plus tard qu'hier, pour approfondir nos relations et poser des bases solides en vue d'un partenariat économique. Selon moi, la Frôce a un rôle à jouer sur trois leviers majeurs, trois enjeux de notre siècle.
En premier lieu, la question économique, où comme vous le préciser, le statut de pays en voie de développement nous ouvre de nombreuses possibilités. Je crois en la pertinence de véritables contrats économiques, équitables, favorisant les agricultures et les industries locales, davantage que les grands groupes. C'est en remplissant le carnet de commandes que nous contribuons à notre niveau, au développement de l'Afrique. Nous favoriserons ainsi l'activité et l'émergence des talents, l'innovation.
Deuxième pilier, à mes yeux, le plus important. Vous parliez de l'Afrique comme d'un continent mondialisé, à juste titre. Mais comme bien souvent, la mondialisation ne fait pas que des heureux. Elle a tendance à laisser les plus fragiles sur le carreau. A nous d'apporter les moyens humanitaires nécessaires pour aider les pays les plus touchés à sortir la tête de l'eau. A notre époque, il n'est plus acceptable que nous considérions l'Afrique comme la dernière roue du carosse. Ce continent a de l'avenir. Il ne mérite ni l'indifférence, ni le pillage, ni l'abandon. Je m'assurerai que la Frôce ne déroge à aucune de ses valeurs et qu'elle apporte des solutions concrètes aux détresses les plus urgentes.
Enfin, dernier point, l'authenticité. Je n'aborde pas cette politique diplomatique comme une tournée mondiale ayant pour unique but de faire la une des tabloïds, de lustrer le vernis ou de faire tourner la planche à cash. L'Afrique a trop souffert de l'exploitation et des mensonges. Je dirais les choses, avec franchise et j'instaurerais avant tout un lien de confiance.
Je suis optimiste. Nous comptons parmi nos alliés quatre nations au rôle crucial. L'Algérie, qui nous offre une vision lucide et une porte vers le Mahgreb, notamment. L'Egypte, clé de voûte essentielle dans les projets que nous entendons mener, elle constitue le lien entre l'Afrique et l'Eurasie, le carrefour du monde. Le Burkina Faso, qui occupe une place primordiale dans la région sud-saharienne. Et enfin, je l'ai dit tout à l'heure, l'Afrique du Sud, partenaire essentiel pour la protection et le développement d'Antsiranana.
Le travail à accomplir est titanesque, nous démarrons avec des bases solides mais nous avons encore fort à faire. Les équipes de mon Ministère et moi-même allons nous retrousser les manches car le travail ne nous fait pas peur ! Et nous ne nous contenterons pas de nos acquis, nous irons bien au délà.
Bien entendu, Monsieur Lamrabet, je reste attentif à toute attente, d'où qu'elle vienne, sur ces questions. Et je me tiens à votre disposition, ainsi qu'à celle de cette Assemblée, pour y répondre.
Je vous remercie.