Après une poignée de main et une salutation souriante avec celui qui occupait désormais son ancien poste, Victor s'approcha de la première dame, Bérénice Von Bertha, pour la saluer d'un baise-main.
Enchantée, Madame Von Bertha.
Victor adressa ensuite un sourire à l'épouse du chancelier, qu'il sentait peu à l'aise, ce qui était normal quand on vit ses premiers jours à la Chancellerie. Tout autour, les journalistes ne manquaient pas un instant de la rencontre entre le couple Von Bertha et le couple Karlsson-Marshall. Pour sa première visite officielle depuis son départ de la Chancellerie, Victor avait opté pour un costume 3 pièces noir assez sobre, discrètement surmonté de deux rosettes, pour sa Croix d'Argent et sa Croix d'Occitanie. Mais à côté, c'était Eliott qui se distinguait vraiment - avec sa barbe de trois jours, son petit noeud papillon et son plus beau smoking noir qu'il avait sorti pour l'occasion, il n'avait pas lésiné sur les moyens pour mettre en valeur ses charmes. Victor avait d'ailleurs eu du mal à le quitter du regard dans la voiture.
Arrivés dans la salle des Portraits, Victor sourit en parcourant du regard les détails de la pièce. Peu de choses avaient changés. Il put redécouvrir les portraits de ses prédécesseures jusqu'à son propre portrait, et admirer les plus récents, réalisés pour ses successeurs. Il eut un petit sourire au propos de Gabriel.
Inutile de se mentir, Monsieur Von Bertha, les journalistes viennent ici parce que c'est votre maison, ma présence ou pas n'y change pas grand chose. Et croyez-moi, après 2 ans et demi à la Chancellerie, les gens en ont sans doute eu bien assez de me voir à Belley. D'ailleurs je ne vous parle pas de la tête que m'a fait Eliott quand je lui annoncé qu'on allait y retourner...
Il ria de sa pique en jetant un regard complice à Eliott. Leur vie commune avait beaucoup changé depuis que Victor s'était retiré de la politique fédérale, mais même si au fond le pouvoir lui manquait, il ne regrettait pas d'avoir mis la fonction de côté pour profiter pleinement de son époux.
Mais oui, vous avez raison. Nous avons eu de bons souvenirs aussi. Cet Hôtel a beau être aussi austère que peut l'être une résidence d'État, nous y avons vécu des moments forts, avec Eliott.
Je tiens à vous remercier pour l'invitation, Monsieur le Chancelier. C'est un vrai plaisir d'être reçu ici ce soir.
Vous savez, je doute que nos familles politiques respectives aient beaucoup d'importance dans nos discussions, de toute façon, ce n'est pas en ma qualité d'ex-leader écosocialiste que vous nous avez invité. Il est vrai que malheureusement, en dehors des cérémonies de passation, les chanceliers successifs se rencontrent rarement, et c'est dommage. A titre personnel, je pense que tous ceux qui font l'expérience de la gouvernance dans notre système politique ont beaucoup à apprendre les uns des autres...
Puis en voyant qu'Eliott s'apprêtait un soupir de lassitude en voyant Victor se remettre à parler politique, Victor coupa sa phrase et essaya de se rattraper.
...Enfin, nous ne sommes pas là que pour ça. C'est un dîner, après tout, et un dîner que nous serons très heureux, Eliott et moi, de passer en si bonne compagnie.
Il adressa un sourire poli à Gabriel ainsi qu'à Bérénice, puis jeta un regard à Eliott en quête de son approbation.