Merci, Monsieur le Juge.
Celui-ci apporte des élements prouvant ainsi que c'est moi "qui ait commencé". Je l'admets devant la Cour, j'ai été le premier à citer Monsieur Léonard.
J'ai ainsi réagi à son post sur PluzIn. Son post, moralement répréhensible selon moi, n'a été l'objet d'aucune poursuite de ma part.
L’attaque originelle de Monsieur Karlsson envers ma personne, que je lui reconnais d’admettre spontanément devant vous, est donc basée sur une conception purement morale, qui serait répréhensible à ses yeux. Le post auquel il fait allusion n’enfreint en rien la loi frôceuse. Même si je conçois que ce dernier ait pu le choquer ainsi que d’autres personnes, Monsieur Karlsson ne peut décemment pas se justifier ainsi car chacun possède sa propre conception morale.
En effet, Monsieur le Juge, il est aisé de constater que pas un seul des messages de Monsieur Léonard m'étant adressé n'était pas une attaque envers ma personne.
L'usage répété du hashtag #TaGueuleBlondinet le montre bien. Monsieur Léonard s'en est pris à moi et non à mon avis politique. Ce n'est pas ce que moi j'avais fait et je ne méritais pas des attaques d'une telle violence. Et la liberté de s'exprimer, je pense pouvoir le dire, n'est pas une liberté d'insulter.
Je m’en suis effectivement pris à Victor Karlsson et à ses idées politiques, ce que j’ai volontiers reconnu lors de ma première intervention en reconnaissant les faits d’injures publiques. Maintenant, ce n’est pas du tout là l’objet de la plainte, puisque je suis visé pour propos homophobes. L’argumentation de Monsieur Karlsson est donc hors sujet ici.
Je suis prêt à reconnaître mon tort si l'ARP, qui a choisi de se porter garant pour Monsieur Léonard, reconnaît son tort à lui.
Ce genre de demande n’est pas acceptable. Si Monsieur Karlsson est honnête et de bonne foi, il reconnaîtra son tort devant la Cour sans attendre quoi que ce soit de l’ARP, qui n’a rien à voir avec le procès en cours.
On peut convenir d'ailleurs que mes propos ont été bien moins préjudiciables pour l'image de l'ARP que ne l'ont été les attaques répétées de Monsieur Léonard envers tous ses opposants politiques, et j'attends de lui qu'il le reconnaisse, en simple preuve de bonne foi.
C’est la conception de Monsieur Karlsson, pas la mienne. Ses propos ont été directement préjudiciables non seulement pour l’ARP, mais aussi et surtout pour ma personne. Suite aux attaques de Victor Karlsson, je rappelle quand-même que j’ai été visé par de nombreuses personnalités politiques qui ont violé mon droit à la présomption d’innocence en me qualifiant publiquement d’homophobe, et ce de façon répétée. Ces dernières sont allées jusqu’à réclamer ma démission de l’ARP et ont fragilisé mon statut au sein de ce parti.
Pendant ce temps, j’attire votre attention sur le fait, Monsieur le Juge, que l’affaire en cours a eu un effet booster indéniable, tant sur Victor Karlsson qui a gagné en notoriété positive – celle du militant engagé contre une prétendue homophobie – que sur son parti politique, l’UPP, qui a résolument augmenté sa part de voix dans les médias. Monsieur Karlsson ne peut donc décemment pas avancer que mes propos lui ont été préjudiciables.
Je n'ai souhaité que voir la fin de cette histoire, avec des excuses de la part de Monsieur Léonard envers la communauté LGBT. Ce qui n'était pas le souhait de Monsieur Léonard.
Monsieur Karlsson réclame des excuses de ma part envers une communauté que j’estime ne pas avoir insulté, et pour le moment aucune décision de justice ne m’attribue des faits d’homophobie.
En revoyant ces propos, j'ai aussi des doutes sur la sincérité des regrets exprimés par Monsieur Léonard, notamment par sa comparaison de ma plainte pour homophobie à "une plainte pour un prout" - comparaison qui minimise joyeusement la violence de l'homophobie, dont on a hélas encore aujourd'hui des témoignages.
J’assimile votre plainte pour homophobie à une « plainte pour un prout » - autrement dit une plainte inutile – car j’estime ne pas avoir fait preuve d’homophobie et que par conséquent l’objet de votre plainte repose sur du vide.
Quant à la sincérité de mes regrets, ils concernent le seul fait pour lequel j’estime être coupable, ceux d’injures publiques. C’est à Monsieur le Juge d’en juger la sincérité, par ailleurs.
Mais Monsieur Léonard déclare ensuite "qu'il n'y a aucune preuve que c'était sur mon orientation sexuelle que j'étais visé".
Monsieur Léonard a reconnu qu'il y avait deux définitions à l'injure "tarlouze" qu'il a utilisé contre moi, une pour "personne manquant de force, de courage", et l'autre, désignant de façon insultante les homosexuels. La défense prétend que c'est la première définition qui était utilisée.
Pourtant, Monsieur Léonard n'a jamais fait mention de mon supposé déficit de force ou de courage dans ses posts. Il ne m'a jamais dit que j'étais un lâche au cours de cette discussion. En revanche, mon homosexualité elle, est mentionnée à de multiples reprises.
L’utilisation du mot « tarlouze » était justement une mention à votre supposé déficit de force et de courage.
Votre homosexualité a été évoquée et je ne le nie pas, seulement aucun élément ne vous permet de faire le rapprochement entre mon usage de ce mot et le manque de courage que je vous ai attribué, qui concernent des messages différents au cours desquels de nombreux autres sujets ont été évoqués.
Je tiens aussi à faire remarquer que celui-ci a accolé à l'injure "tarlouze" le terme "blondinette". Or, je peux le dire par expérience, il est commun que les personnes hostiles aux homosexuels leur attribuent des qualificatifs féminins, pour les rabaisser.
« Blondinette » faisait allusion à votre couleur de cheveux, tout simplement. L’usage du féminin avait certes vocation à vous rabaisser, mais en aucun cas il n’a rapport avec une quelconque hostilité envers les homosexuels. Il s’agit là de comparer le manque de courage que je vous attribue à celui d’une personne féminine, les femmes étant en général plus sensibles que les hommes. À la rigueur, la question du sexisme de ce message peut se poser, mais en aucun cas celle d’une quelconque homophobie, dont l’accusation résulte d’une interprétation personnelle de votre part.
J'aimerais donc que Monsieur Léonard s'explique. Ignorait-il l'interprétation hostile aux homosexuels que l'on pouvait parfaitement percevoir dans ses propos ?
Cela me parait peu probable, ou il faudrait alors à Monsieur Léonard plaider l'ignorance la plus totale de la condition des LGBT dans notre pays, plutôt que de nier le caractère ciblé de son attaque.
Comme je l’ai déjà dit, c’est votre manière d’interpréter mes propos. D’autres personnes les ont interprétés différemment, la liberté de pensée fait que chacun dispose de la possibilité de former ses propres opinions.
A présent, Monsieur Léonard menace de porter plainte contre moi pour diffamation.
Je pourrais lui dire la même chose, si je comptais des propos qu'il a tenu comme la soi-disante "chasse aux sorcières" que je mènerais à son encontre, du fait qu'il m'ait traité "d'escroc" et de menteur, ou encore du fait que je "me servirais de la cause LGBT" - et il utilise bien le terme LGBT, contrairement à ce qu'il prétend, reconnaissant ainsi que la communauté LGBT avait de quoi se sentir concernés par ses attaques.
J’estime que vous exploitez la cause LGBT à des fins purement personnelles, car vous violez ma présomption d’innocence en me qualifiant d’homophobe et ce de façon répétée, ce qui vous a valu ainsi qu’à votre partie l’attribution d’un large consentement politique et médiatique.
Il dit aussi vouloir m'attaquer pour atteinte à sa présomption d'innocence.
J'ai dit de Monsieur Léonard qu'il tenait des propos homophobes. Pour lui, c'est une atteinte à sa présomption d'innocence. Moi, c'est le ressenti que j'en avais, et étant homosexuel, je connais très bien le mépris et les injures homophobes. En sachant, je l'espère, que comme beaucoup de LGBT j'avais déjà entendu de tels propos insultants pour me désigner en tant qu'homme homosexuel, il n'a pas hésité à employer le même genre de propos insultant. Comment ne pas y voir une attaque personnelle sur mon orientation sexuelle ?
Monsieur Karlsson le dit très bien, ma prétendue homophobie est un ressenti de sa part. La justice n’a en rien statué sur ce fait et par conséquent, en faisant de son ressenti une vérité générale, Monsieur Karlsson impacte ma présomption d’innocence.
Et bien sûr, il n'est pas logique de sa part de parler de présomption d'innocence alors qu'il plaide coupable pour les injures qu'il m'a asséné.
J’évoque la présomption d’innocence pour les faits d’homophobie que vous me reprochez. Concernant les injures, je les admets spontanément devant la Cour, mais demeure présumé innocent tant qu’aucune décision de justice n’a été émise.
Je peux bien sûr dire que j'ai déjà entendu des propos homophobes bien pires que ce qu'a dit Monsieur Léonard. Mais il est une personne publique, avec des responsabilités au sein de la représentation politique de notre pays, et il n'est pas tolérable à mes yeux qu'une telle personne puisse se montrer offensant, tout en mentionnant l'orientation sexuelle et en général, la vie privée de son opposant. Il doit assumer sa responsabilité vis-à-vis des Frôceux qui l'ont élu. S'il en avait été capable, cette affaire ne serait jamais allée aussi loin.
Il n’est pas tolérable non plus de la part de la personnalité publique qu’est Victor Karlsson de provoquer une véritable polémique médiatique et politique me desservant en rompant ma présomption d’innocence.
Il déclare enfin que cette affaire lui a été préjudiciable psychologiquement, et pour son image publique. Je tiens à lui rappeler que j'ai proposé une fin à cette affaire par des excuses de sa part, ce qu'il a refusé en déclarant vouloir continuer les attaques.
Monsieur Karlsson souhaite que je m’excuse pour des faits d’homophobie que j’estime ne pas avoir commis…
De plus, Monsieur Léonard est incapable d'imaginer les préjudices psychologiques qu'il peut causer non seulement aux personnes qu'il attaque sans réfléchir, mais également aux personnes homosexuelles dans cette histoire. Je n'ai pas demandé de réparations pour le préjudice que j'ai pu subir, qui n'est pas la raison de ma plainte d'ailleurs. J'en ai demandé pour des associations de défense des LGBT, après le nombre important de messages de soutien que j'ai reçu de la part de personnes gays, lesbiennes ou bisexuelles, qui m'exprimaient leur effarement de savoir que l'ARP n'avait pas condamné ses propos.
Les éventuels préjudices psychologiques pour les personnes LGBT sont du fait direct de l’intervention de Victor Karlsson envers moi. En rompant ma présomption d’innocence, il a en quelque sorte « soufflé sur les braises » en médiatisant très largement ma prétendue homophobie, ce qui a certainement impacté la perception de la communauté LGBT de mes propos. Attendre lune hypothétique condamnation pour des faits d’homophobie aurait été plus raisonnable de sa part.
Pourquoi avoir évoqué mon homosexualité au milieu de ce que celui-ci a reconnu être des injures publiques ?
L’homosexualité de Monsieur Karlsson est évoquée dans un message différent de celui concerné par les injures publiques. En outre, je comprends qu’aborder la sexualité de ce dernier a pu le gêner, mais il ne me semble pas que cela soit interdit.
Qu'entendait-il réellement par "Tarlouze" après avoir parlé de mon orientation sexuelle ?
J’ai déjà répondu précisément à cette question. L’usage de ce mot est en dehors du contexte de l’allusion à son orientation sexuelle, qui concerne un message différent.
A quels "procédés socialistes d'un autre temps" faisait-il allusion en évoquant ma plainte pour propos homophobes ?
Cette question est hors sujet, mais pour y répondre, j’évoquais la facilité avec laquelle la famille politique de Monsieur Karlsson exploite les propos de ses adversaires politiques à des fins médiatiques sans qu’aucune condamnation n’ait eu lieu, enfreignant ainsi la présomption d’innocence de ses cibles. L’affaire McGregor/Léonard (janvier 2014) en est un exemple.
S'il reconnait les injures, pourquoi avoir refusé de présenter des excuses lorsque je le lui ai proposé ?
Car je reconnais les injures publiques, alors que vous me demandez des excuses pour des propos à caractère homophobe, ce que je conteste.
Se rend-il compte du préjudice qu'il a causé à l'ensemble de la communauté LGBT ?
Le préjudice causé à la communauté LGBT est directement imputable à la médiatisation que vous avez donné à nos échanges, me qualifiant d’homophobe selon des conceptions personnelles qui vous appartiennent seulement à vous, rompant ma présomption d’innocence.
Concernant Aristos Papadakis, j'attendrais que celui-ci soit convoqué devant cette Cour et je réclame qu'une enquête soit menée pour déterminer les liens réels qui l'unit à Monsieur Léonard.
Vous accusez cet homme que je ne connais point de menaces de mort, et réclamez une enquête pour détecter d’éventuels liens avec ma personne… Seriez-vous en train de vous livrer à des allégations de manière indirecte devant nos honorables magistrats ?
Bien, ce sera tout pour ma part, Monsieur le Juge. Je pense avoir exposé l’ensemble de ma vision et, au vu de la faiblesse des arguments du demandeur, plaide le non-lieu concernant les griefs d’homophobie qui me sont reprochés. Je vous remercie.