Bonsoir, Lucia Petchkine, et merci d'avoir répondu à notre invitation.
Figurant parmi les dernières recrues de l'UPP, succédant comme maire de Sant Frocia aux très populaires écosocialistes Bernard Potot et Nathan Aaron, vous vous êtes beaucoup faite entendre lors de votre campagne, pas seulement par votre motion, "Garder un socialisme humain", mais aussi et surtout par vos piques assassines envers vos adversaires, vos critiques directes de la direction en place et du Chancelier Suprême Karlsson, dont vous remettez en cause le bilan et que vous avez même apostrophé sur les réseaux sociaux.
Aujourd'hui, candidate au Premier Secrétariat Fédéral, comment vous présentez-vous ? Quelle écosocialiste êtes-vous, Lucia Petchkine ?
L'écosocialiste que je suis n'est pas très évoluée. Mon but n'est pas de régresser mais de revenir aux bases perdues et aux véritables fondements de l'écosocialisme. Je crois que nous avons perdu notre socialisme et notre écologisme. Je veux me présenter comme la candidate qui va remettre en place l'écologisme et le socialisme dans notre parti, à l'encontre de ceux qui aujourd'hui veulent rajouter de l'eau dans notre vin, faisant de l'ultralibéralisme social ou du néolibéralisme vert.
Je veux être celle qui rappelle que notre société rêvée n'est ni ultralibérale, ni néolibérale, ni capitaliste, à la rigueur libérale comme le disait A.Smith. Notre société rêvée est une société socialiste en accord avec l'environnement, cela implique de rejeter la mondialisation économique, de rejeter ce qui nous ait superflu.
Et cela même, et surtout, à l'intérieur de notre propre parti, nous devons rejeter une grosse part de notre passé et recréer quelque chose d'inédit selon nos expériences, et nos utopies, bien entendu.
Voilà la candidate que je veux être, celle d'une société alternative qu'on n'ose pas même imaginer.
Des voix, parmi lesquelles les vôtres, se sont élevés récemment vis-à-vis de la politique du Chancelier Suprême Karlsson et de sa façon de gérer l'UPP depuis 89. Comment jugez-vous son bilan, comme meneur, chef de gouvernement et dirigeant de l'UPP ?
Son bilan est très négatif. On peut croire que cela m'enchante de nous voir premier parti à être réélu au poste suprême mais j'en suis affolée. Karlsson a été élu sans agir dans le sens du socialisme. Notre pensée n'est donc pas celle que veulent les gens. Ils l'ont élu pour son libéralisme social, c'est trop différent de notre but suprême pour que j'en sois satisfaite.
Sa gérance est très simple : il fédère et dirige le tout d'une main de fer. Il n'a été que meneur. Son bilan ne peut être positif pour qui rêve d'en finir avec les meneurs. Avec son charisme et sa stratégie électorale, il a quasiment détruit le parlementarisme dans le parti et dans le pays. On ne voit plus l'Assemblée Fédérale se lever que pour conspuer un Bournay ou un Citron dans des débats stériles et dénués de sens. On ne voit plus l'UPP fourmiller d'idée mais à la botte du Karlssonisme, savant mélange entre libéralisme, capitalisme social et écologisme de bonne conscience. L'opposition est nulle à l'Assemblée car son programme n'est pas du socialisme et va même possiblement dans le sens de la droite.
En somme Karlsson a réussi à faire de l'UPP un parti socialiste bourgeois, c'est à dire un parti qui veut soigner les mots des pauvres en continuant à considérer les patrons comme justes. Un parti qui veut protéger la nature sans arrêter de construire en béton, en métal et en verre. Un parti qui veut régler les problèmes pour avoir bonne conscience, faire comme si la source du problème était intarissable et inéluctable.
Nous savons que tout cela est faux. Le Karlssonisme nous a plongé au même niveau que le Parti Socialiste français et sa loi Travail. Il a également rejeté le socialisme a l'état d'antiquité. Je refuse de croire que le socialisme n'est plus qu'un souvenir archaïque et qu'aujourd'hui en découle une bouillie infâme, bourgeoise et néolibérale.
Son bilan est globalement déplorable.
Pourtant le mandat Karlsson est vu comme l'un des plus à gauche notamment en raison des nombreuses propositions qu'il a faites dans la Protection Sociale, en faveur des travailleurs et d'une société moins dominée par le patronat. Pensez-vous comme l'opposition que le Chancelier méprise les institutions, et ne fonctionne qu'à l'idéologie, comme cela a pu être dit après son soutien apporté à des projets jugés inconstitutionnels ?
En dehors du projet des transports sur lequel Victor a accepté de revenir, quelle loi considérez-vous comme la "Loi Travail" du gouvernement Karlsson ?
Au contraire de l'opposition je trouve le Chancelier trop appuyé sur les institutions et les mauvaises, d'autant que les projets de lois inconstitutionnels ne sont pas tellement de l'UPP ! Parlons de ce qu'à fait l'UPP au sein du Gouvernement, il a choisi, justement de n'être qu'au Gouvernement Fédéral et d'avoir une activité réduite aux gouvernements provinciaux, il a fait des lois nélibérales et non écosociales. Si je suis favorable à quelques lois de la Protection Sociale, qui n'étaient pas de l'UPP, j'ai souvenir de lois économiques telles que la frappe de plus de monnaies, de traités signés à plus s'avoir où donner de la plume pour donner l'image d'un pays ouvert, une loi qui refuse l'accès au poste suprême à un condamné pour délit, alors que certains progressistes utilisent parfois des comportements délictueux. Un vrai gouvernement socialiste aurait diminué la frappe de la monnaie en pièce, aurait signé des accords avec des pays qui possèdent des lois sociales et qui s'engagent sur des voies porteuses d'avenir social, aurait refusé l'accès aux postes gouvernementaux à ceux qui ont fraudés, violés, tués. Le gouvernement a centralisé la protection intérieure au Ministère et créé un Directeur haut-placé quand il fût bon d'avoir un réseau local. Nul gouvernement socialiste ne peut se vanter d'avoir augmenté la taille de l'armée de 1500 postes par an. Celui-ci oui. Ce gouvernement nous a cloué à l'OIF alors que d'autres langues sont reconnues en Frôce et sont son égale sauf dans le cas d'une imprécision suivant la traduction dans le cadre juridique.
Où est passé le camp de la paix, du nationalisme économique, de la culture, de la diversité dans l'action de l'UPP ? Où est passé l'écosocialisme dans l'action de l'UPP ? Je ne sais pas. Quand on agit comme un néolibéral quand on est écosocialiste, on fait de telles choses, on fait des "Lois Travail" comme a fait des "Lois Transport" les membres de l'UPP au Gouvernement Karlsson.
En ne regardant que l'UPP notre bilan est globalement passable, celui de la Gauche en tout, est catastrophique.
Victor Karlsson, depuis sa première motion en 88 jusqu'à aujourd'hui, a toujours soutenu une union globale des partis de gauche, du MARR d'alors jusqu'à la LISP, aujourd'hui du FCF à la CUL. Des soutiens qui ont permis d'asseoir l'influence de l'UPP aux municipales, aux provinciales et aux fédérales, mais qui aujourd'hui sont remis en cause. Vers qui l'UPP, sous votre mandat, se tournera prioritairement ?
Vers ceux qui travaillent à changer notre société. Je pense prioritairement au MAMA, écologiste et d'origine socialiste. Ensuite la CUL a toujours été proche de nos idées, si elle est prête à faire basculer le système pour un nouveau, alors nous nous allierons. Le FCF aussi est engagé dans cette voie, pourquoi le refuser ?
Nous serons tournés vers ceux qui ont le courage d'agir pour un société qu'on ne peut que toucher de l'esprit à l'heure actuelle, en dépit de notre système que nous connaissons. C'est cela le courage. Nous l'exigerons de tous nos alliés. De la Boétie l'a parfaitement dit dans son discours, nous devons oser changer les choses, même si jamais nous ne les avons connus. SI nous sommes dans une servitude expérimentée, nous devons nous évertuer à fomenter une liberté qu'imaginable.
C'est la seule chose que nous demanderons de nos alliés, aussi le centre peut être notre allié, le RPL s'il porte bien son nom aura sa place. L'ADF pourra également être un allié de choix. La LAC semble être intéressante au vu de son principe fondateur. Le PAS pourrait lui aussi faire partie d'une grande union, après tout ne se revendiquent-ils pas de l'agrarisme et l'agrarisme ne vise-t-il pas une société rurale et autonome, rejetant la mondialisation économique au profit du local ? LR pourrait fondamentalement être un allié, si l'on s'en tient au désir républicain et non à l'incommensurable flot de bêtises dîtes à la minute par ses membres. Seul le PLC semble ne pas pouvoir se lier à nous, bien que le conservatisme peut être en faveur d'une société économiquement locale, ce que l'on nommerait un nationalisme économique à petite échelle.
Je ne rejette aucune possibilité. Le but suprême du socialisme que j'incarne est de créer une nouvelle société locale et où les peuples disposent réellement d'eux-mêmes et où le pluralisme idéologique ne se résume pas à une alternance politique tous les un an et demi. Je pense que chaque parti est à même d'apprécier cette vision de l'avenir, donc je ne ferme aucune porte même si évidemment, nos plus étroits alliés seront ceux de la gauche et du centre.
Il a récemment pu être dit du leader de l'UPP qu'il donnait trop de gages à ses alliés au point de négliger son propre parti. On a pu le voir dans les projets du ministre Bournay, que le Chancelier a toujours soutenu malgré certaines remises en cause du sérieux du ministre au sein de l'UPP. Pensez-vous qu'il s'agisse d'une façon de sécuriser le soutien de ses alliés ou d'un réel soutien pour les idées de la gauche radicale ?
Selon moi, Victor Karlsson est un tant soit peu radical ou alors ce n'est que stratégie électorale, et je ne le crois pas comme cela. Le FCF est somme toute négligeable. Sans lui, nous avons la majorité absolue. Si Victor Karlsson l'a soutenu ce n'est pas pour en faire son "idiot utile" comme on l'a entendu, ni même pour protéger ses autres alliés de la conspuation mais plutôt, je pense, parce qu'il soutenait intimement les idées de la gauche radicale. Vous le savez un Chancelier ne peut plus appuyer un Ministre, qu'en le soutenant, s'il le soutient c'est qu'il est d'accord avec lui. Malgré un pendant libéral-social sur certains points, je crois que Victor Karlsson est profondément ancré dans le camp de la gauche radicale pour ce qui est de la Protection Sociale, aussi il est de son devoir de défendre ce pour quoi il croit. Je crois qu'ici, Monsieur Karlsson est radicalement socialiste donc qu'il était dans sa nature de soutenir ses opinions par l'entremise de son ministre.
En somme, s'il avait reproché à Bournay ses projets, le FCF aurait été esseulé et dépourvu de pouvoir, l'UPP peut-être plus uni et homogène, ce qui est un problème interne actuellement. En soi, Karlsson avait tout à perdre en soutenant son ministre sinon ses opinions. Il a choisi ses opinions, n'a pas fléchi pour des questions de gestion interne ou pour des raisons électorales et politiques. Sur ce point, il a suivi son idéologie avant tout, et il a eu raison selon moi.
L'UPP a longtemps eu une organisation fédéraliste, avec un Bureau National prédominant sur les sections locales, lesquelles se font relativement discrètes, y compris aux élections, qui ont vu la (ou les) tête(s) de liste s'imposer comme meneurs de la campagne.
Aujourd'hui, après 2 victoires consécutives, pensez-vous que l'UPP doive se réformer ? Quelle organisation prônez-vous ?
Je prône une organisation fédérale et décentralisée. Le Bureau National doit laisser place à une direction collégiale, révocable et peu puissante. Les sections locales, très locales, doivent être les fers de lance de notre politique, car se sont nos liens directs avec la population, toute la population, rien que la population.
Combien de ses électeurs connaît Victor Karlsson ? 0,002% ? 0,0001% ? Combien en connais un maire de village ? 10% ? 14% ? C'est là toute la différence !
L'UPP doit se réformer selon nos moeurs, nous prônons le parlementarisme ? Parlementons dans notre parti ! Cela se fait par des commissions à la place des postes exécutifs. Un Premier Secrétaire deviendra une Commission Exécutive. Un Porte-Parole, une Commission d'Information.
Surtout il faut réaccorder les droits fondamentaux à nos adhérents, c'est injuste et inconcevable que nous censurions comme Karlsson l'a fait avec Citron. Que Coutem soit esseulé et conspué dans nos rangs même.
Si je n'aime pas leurs idées, je tente malgré tout de travailler avec eux, pour la simple et bonne raison, que nous devons être un parti de tolérance, et de diversité idéologique.
Jusqu'ici Karlsson a donné une nouvelle définition à "Union", celle de "Autocratie". Une Union c'est un panachage qui tire sa richesse de son mélange. Une Autocratie c'est une file indienne uniforme qui se conforme à la forme de son meneur. L'UPP est devenu le second cas, je souhaite la réformer pour que la première définition soit la plus adaptée et la plus adéquate.
Cette organisation semble très inspirée de celle que Jean Bournay, chef dirigeant du FCF, avait mise en place dans son parti. Pourtant, celle-ci est aujourd'hui déjà remise en cause, et Jean Bournay n'est pas parvenu à obtenir l'approbation nécessaire pour se faire réélire à la tête de son propre parti. Ne pensez-vous pas, comme tous les autres candidats, que l'UPP devrait au contraire chercher à se renouveler en dehors des vieilles méthodes de gouvernance interne ?
C'est une méthode bigrement efficace alors si les dirigeants ne sont pas réélus ! Je dois vous dire que vous avez faux sur un point, Jean Bournay n'est pas à la Commission Exécutive car il est membre d'une autre Commission directrice et leur charte l'oblige à ne pas être membre de deux commissions directrices. Je ne prône pas le même fonctionnement cependant.
Nous pouvons nous renouveler certes mais je ne vois pas vraiment comment. Entre donner tout pouvoir à une minorité qui relève de l'autocratisme ou partager tous les pouvoirs sans hiérarchie relevant de l'anarchisme, je ne vois pas trop comment faire. Nous sommes socialistes, pas autocrates, ni anarchistes. Nous prônons le partage des pouvoirs, la représentativité, le parlementarisme. Quelle autre solution voyez-vous que des "Parlements" chaque doté d'une telle compétence et représentant ses électeurs ? J'ai dit "Commission" mais je pourrais bien dire "Comités", "Equipes", "Assemblées".
L'autre manière que nous pourrions avoir est la composition d'une "Assemblée Générale" chargée de tous les pouvoirs et qui s'organise ensuite en "Comités" pour chaque action. Mais nous perdons du partage strict des pouvoirs.
Une autre manière serait de donner à une personne, un poste précis, mais qui n'agit que selon ce qu'on lui dit, on perdrait le parlementarisme et de la représentativité, d'autant que nous connaissons déjà ce système.
Ou comme à un maire, lui donner des conseillers qui approuveraient ou non son action, on y perdrait en représentativité.
Le système autocratique perd le parlementarisme, la représentativité et le partage des pouvoirs.
Le système anarchiste a tous ses avantages mais est trop poussé et inadapté de manière intégrale pour un parti comme l'UPP et pour nos moeurs.
C'est donc pour cela que le système de pouvoirs partagés entre assemblées ou comités me semble une bonne solution. Bien entendu la meilleure solution serait une réforme après une consultation citoyenne et des états-généraux. Ce que je souhaite entreprendre après mon élection, n'étant pas en capacité d'imaginer un système parfait, je laisse à tous les adhérents, dont moi, cette entreprise qui nous est possible de faire à l'unisson.
L'UPP s'est maintenu au pouvoir 2 ans, un record dans notre système parlementaire où la plupart des partis ont connus leur chute voir leur disparition après leur passage à l'Hôtel Belley.
Beaucoup de candidats ont manifesté leur intérêt pour un recentrage sur la politique locale. Alors que l'UPP se pose en parti apte à la gouvernance fédérale, crève le plafond en Catalogne et reste, avec 7 des principales mairies, le premier parti aux élections municipales, vers où pensez-vous que doivent s'orienter les principaux efforts pour la prochaine campagne ?
Vers les campagnes municipales, provinciales et à moindre mesure vers la campagne fédérale.
Comme je l'ai souvent répété, le niveau fédéral n'est pas celui du socialisme écologiste. Nous n'avons rien à y faire tant que nous n'aurons pas les moyens de changer la société.
Ainsi nous devons, je crois, nous concentrer sur le niveau local, sur le niveau où nous avons la puissance nécessaire et le pouvoir adéquat pour mener une politique socialiste en vue d'un changement de régime qui s'organisera sur le long terme. Notre seul pouvoir nous le tirerons ou d'une action sur le long terme à une échelle humaine ou d'un plébiscite fantasmatique fédéral et provincial aux prochaines élections.
J'opte pour une action locale sur le long terme.
Merci pour votre présence, Mme Petchkine.