29/05/93 - Transalpie : de graves incidents à l’usine Pegaso d’Aspen, le directeur du site séquestré

[Maître du Jeu]

AIF - 29/05/93
Transalpie : de graves incidents à l’usine Pegaso d’Aspen, le directeur du site séquestré

L’intervention du nouveau Gouverneur de Transalpie tard hier soir devant les ouvriers de l’usine Pegaso d’Aspen n’aura pas permis d’endiguer la colère provoquée par le suicide d’un de leurs camarades.

Suite au vote de la grève générale, les ouvriers ont, dans la nuit, totalement bloqué l’accès au site à l’aide de camions, de barrières métalliques et de tas de pneus qu’ils ont incendiés. Parallèlement, plusieurs ouvriers ont pénétré dans la salle d’alimentation électrique de l’usine et ont totalement coupé l’électricité pour l’ensemble du site. Cette coupure d’électricité générera d’importants problèmes, notamment au niveau des machines de production à la chaîne qui seront totalement déréglées.

Ce matin, vers 07H00, François Crevard, le directeur de l’usine, a été séquestré par une trentaine d’ouvriers alors qu’il venait aux barricades pour dialoguer avec les responsables syndicaux. Nous ignorons à l’heure actuelle dans quelle zone du site il est retenu séquestré.

Les locaux de la direction de l’usine ont été vandalisés dans la nuit. Plusieurs dizaines d’ordinateurs ont été jetés par les fenêtres et de nombreuses vitres ont été cassées, selon des journalistes ayant réussi à pénétrer sur le site.

Vers 11H00, de nombreux militants politiques se revendiquant de l’altermondialisme sont venus renforcer la lutte des ouvriers, en bloquant sur plusieurs centaines de mètres la route d’accès au site avec leurs camions frigorifiques réaménagés en camping-cars. Des heurts ont eu lieu entre la police, dépêchée sur place, et les manifestants. 7 policiers ont été blessés. L’usine reste à l’heure actuelle totalement bloquée et inacessible.

L’intersyndicale, et en première ligne le GRAPE – Industrie automobile, exigent le jugement en comparution immédiate du manager auteur de harcèlement envers le défunt, ainsi que d’être reçus sans délai par le Gouverneur en vue de la mise en place d’un projet de loi visant à encadrer le travail.

[Vincent De Salvo]

Intervention du Gouverneur de Transalpie Vincent De Salvo

L'accès à l'usine étant bloqué, le Gouverneur de Transalpie s'est exprimé debout sur un camion de police avec un mégaphone.

Bonjour à tous.

Le calme et la dignité qui régnaient ici même hier soir sont partis en fumée durant la nuit. Cela est très dommageable.
Je veux vous redire que je veillerai à ce que la justice soit intransigeante avec les responsables du drame survenu hier lorsqu'ils seront identifiés.
Je vous indique aussi que la même intransigeance sera appliquée avec les auteurs de séquestration sur la personne de monsieur Crevard, les casseurs et les agresseurs des forces de l'ordre. Je préfère que vous le sachiez, je ne veux pas vous prendre en traître.
Il n'y a pas de justice à 2 vitesses.
Je comprends votre colère, mais agir de la sorte ne fera pas revenir votre ami. Cela ne fera qu'envenimer les choses.
Je vous conseille donc vivement de retrouver le calme.

Le nouveau gouvernement de Transalpie sera nommé aujourd'hui. Je vous ai dit hier que, donner un cadre juridique précis sur tout ce qui touche au travail sera la priorité du gouvernement que je vais diriger. Je persiste et je signe.
Hier, je comptais comptais recevoir dans les plus brefs délais les responsables de l'intersyndicale.
Aujourd'hui je vous annonce clairement que je ne recevrai ces responsables, seulement lorsque monsieur Crevard sera libéré et que le calme sera revenu. Vous avez le droit de grève et je le respecte, mais vous n'avez pas tous les droits et ce qui s'est déroulé cette nuit n'est pas tolérable.
Si monsieur Crevard a quoi que ce soit à se reprocher il aura à faire à la justice, vous n'êtes pas la justice, laissez chacun faire son travail.

Voilà, la balle est dans votre camp. Vous avez le choix entre la responsabilité ou le vandalisme.
J'espère vraiment que j'ai été clair et que mon message a été perçu comme il le fallait.

Je vous remercie de votre attention.

[Charlotte Flechmann-De Kervern]

Réaction de Charlotte Flechmann-De Kervern, interrogée à ce sujet à sa sortie du Palais Provincial de Tyrsènie

La violence et les agissements illégaux ne constituent en rien une manière légitime de faire valoir ses revendications. Je condamne les actes commis par certains ouvriers de cette usine, séquestrer un homme n’est pas une manière admissible d’exprimer sa colère.

Le PAS appelle l’ensemble des instigateurs de ce rapt à libérer sans délai le directeur du site. J’apporte mon soutien de circonstance à Vincent De Salvo qui doit gérer cet événement. Je l’appelle à ne pas céder au chantage de la violence.

Évidemment, la condition des travailleurs transalpiens doit être débattue, mais certainement pas dans ces circonstances.

[Patrick Deyzieu]

+   Le Bunker Social condamne la prise en otage de l’usine Pegaso d’Aspen par des nervis d’extrême-gauche. Nous combattons le libéralisme sur toutes ses coutures mais nous opposons au blocage, qui est un procédé d’action totalitaire.

Puisque la police semble incapable de faire son travail correctement, il a été décidé d’envoyer 120 de nos militants sur place pour débloquer l’accès au site. Nous ne quitterons les lieux que quand il sera possible d’entrer et sortir librement des lieux.

[Jean Bournay]

Réaction de Jean Bournay

Ce n'est pas face à une violence salariale qu'on doit séquestrer un patron surtout venant discuter. La seule solution n'est pas de garder le patron mais de le déloger et de collectiviser !

La lutte doit continuer mais ne doit pas dégénérer, la première faute commise ne doit pas se reproduire ou en entraîner d'autres. Si la lutte est illégale c'est parce que les employés transalpiens n'ont pas plus de droit qu'une mouche et c'est déplorable. Le droit de s'insurger on ne le demande pas, on le prend !

Quant aux fachos qui vont tenter de déloger les insurgés, j'espère qu'il va pleuvoir du pavé et que l'usine des travailleurs tiendra le coup.