124 Avenue de la Révolution, Appartement B - Résidence de Victor Karlsson

[Victor Karlsson-Marshall]

124 Avenue de la Révolution, Appartement B
Résidence de Victor Karlsson

Victor habitait un appartement de l'une de ces résidences récemment réaménagées de la vieille ville de Pastelac, sa ville natale. Un appartement au style ancien rénové, donnant sur la place du quartier, qu'il avait acquis grâce à ses revenus d'ingénieur et de co-fondateur d'une entreprise de sécurité informatique, et d'enseignant dans une grande école voisine.

Vivant dans un confort certain bien que sans grande ambition, il passait le plus clair de son temps dans le quartier et sur la place, à rencontrer les habitants et discuter des grandes préoccupations pour le pays qu'avaient les jeunes et les locataires des résidences universitaires voisines.

[Victor Karlsson-Marshall]

Regardant par la fenêtre ouverte de son appartement les feux d'artifice éclatant dans le ciel et illuminant la nuit, écoutant calmement les acclamations de joie et les chants patriotiques scandés dans la place et dans les rues à travers la ville, Victor contemplait ces festivités en hommage à ceux qui se sont battus lors de la Révolution Frôceuse.

Victor savait néanmoins qu'il ne resterait plus longtemps simple spectateur du spectacle qui venait de commencer sous ses yeux.
Quittant son appartement, il rejoignit la rue et décida de prendre part, lui aussi, à la célébration de la fête nationale de la Frôce.

[Zenos Christodoulopoulos]

Aristos avait été guidé par son GPS jusqu'à la demeure de Victor Karlsson. Il était venu en métropole pour l'occasion et avait bien l'intention de parvenir à ses fins, celles de contraindre le blond de retirer sa plainte contre son client. Il gara son imposant Cayenne S de location sur le trottoir et vint sonner à la porte de Karlsson.

- Toc toc ! Il y a quelqu'un ?

[Victor Karlsson-Marshall]

Victor, qui se concertait au téléphone avec son ami Teodore par rapport aux récents évenements, fut surpris par celui qui vint sonner à sa porte.
Il interrompit son travail et alla à la porte ouvrir.

- Bonjour, je peux vous aider ?

[Zenos Christodoulopoulos]

Aristos prit soin de pousser la porte au cas-où Karlsson aurait l'idée de lui claquer au nez et fit irruption dans l'appartement, fermant la porte derrière lui. Il contempla autour de lui pendant quelques secondes, puis sortit un carnet de la poche intérieure de sa veste.

- Hum, vous êtes bien Victor Karlsson, n'est-ce pas ? Je me présente : Aristos Papadakis, avocat au barreau de Norijo. Il nous faut discuter tous les deux.

[Victor Karlsson-Marshall]

Victor était contrarié par cet individu qu'il ne connaissait pas, qui prenait de grands airs et qui entrait chez lui sans y avoir été invité. Il essaya toutefois de rester neutre.

- C'est bien moi... Bon, de quoi voulez-vous me parler ? Asseyez-vous, j'arrive, j'en ai pour quelques minutes.

[Zenos Christodoulopoulos]

Aristos reteint Victor par la manche et lui fit signe de s'asseoir.

- Non non non, ça ne peut pas attendre, c'est urgent. Bon, voilà le topo. Vous avez déclaré dans les médias vouloir porter plainte contre mon client. Mon client conteste formellement les accusations que vous proférez à son encontre. Vous savez, je suis prêt à tout pour défendre les intérêts de mes clients... Il serait dommage de vous exposer à des représailles, ou même votre famille, pour une histoire de réseaux sociaux, n'est-ce pas ? Donc voilà le truc. Vous allez renoncer à porter plainte et l'affaire sera close pour ma part. Vous n'avez pas trop le choix, en général je sais me montrer persuasif...

Il sortit un Glock 357 Magnum de la poche gauche de sa veste, l'essuya avec son mouchoir en tissu pour le faire briller, puis le rangea en regardant Victor Karlsson d'un air menaçant.

[Victor Karlsson-Marshall]

Victor ria un instant en regardant son arme.

- Vous devriez ranger ça, il y a une caméra de surveillance dans l'entrée. Je suis sûr que la presse serait ravie de voir le genre d'argument que vous emportez avec vous quand vous venez négocier pour défendre un client.
Vous croyez que c'est la première fois que je reçois des menaces de mort à cause de mon orientation sexuelle ? Vous me faites rire. On m'insulte et on vient ensuite me réclamer mon silence dans ma propre maison. Si c'était un arrangement à l'amiable que vous étiez venu chercher, vous être un négociateur des plus médiocres. Je déposerais ma plainte avec d'autant plus de convictions que ce sera pour m'opposer à des fascistes et des mafieux de votre genre.
Sortez d'ici, et n'essayez même plus de m'approcher, vous et votre bande de racailles en col blanc.

Victor ouvrit la porte et fit signe à Aristos de sortir de chez lui.

[Zenos Christodoulopoulos]

Aristos rit aux éclats et imita l'air renfrogné de Karlsson.

-Ouhhhhh, attention il y a des caméras ! Comme si je ne l'avais pas vu ! Écoute bonhomme, t'es jeune. C'est pas dans ton intérêt de ta la jouer ainsi avec les grands. Donc tu vas gentiment renoncer à ta plainte et la fermer dans les médias. Je t'avoue que si t'étais pas gamin, je t'aurais peut-être déjà fait péter la cervelle. Enfin bref, tiens-toi à carreau. Sinon, je serai dans l'obligation d'être plus persuasif avec toi, et j'aime pas ça, embêter les petits... Réfléchis bien à ce que je viens de te dire, tu n'as pas idée d'où tu mets les pieds. Allez, à la revoyure mon grand !

Il sortit de la demeure et démarra en trombe dans la rue.

[Victor Karlsson-Marshall]

Victor était interloqué par une telle réponse. Cet homme-là était avocat ? Un avocat qui se refuse à affronter un procès ? Quoi qu'il en soit, il était difficile de prendre ces menaces au sérieux.

Un homme sorti de nul part, en pleine polémique, venu défendre le grassouillet devenu provocateur officiel de l'ARP, sans aucune raison apparente. Les deux hommes avaient-ils un lien un peu plus que professionnel ? On dit souvent que les homophobes les plus virulents sont les moins à l'aise avec eux-mêmes.

Il y songea et alla sur son ordinateur, pour récupérer l'enregistrement fait par les caméras d'Aristos sortant son arme.