La gauche radicale toujours majoritaire - Remontée du centre-droit - La CUL cède Belley au MAMA
Un républicain à la Chancellerie
Mats Maessen, maire de Farellia, novembre 90 - Crédits AIF
Après la victoire surprise de la CUL, l'ancienne Vice-Chancelière d'Alba Vittorini et très jeune Gouverneure de Septimanie, Anastasia Mendoza Ojeda, chargée par l'Imperatore de former un accord de coalition gouvernemental, avait un boulevard devant elle vers l'Hôtel Belley. Il faut dire qu'entre une gauche écosocialiste qui renonce à la gouvernance, et l'ADF-H, le MAMA et le PAS qui se battent pour récupérer la Chancellerie, la CUL avait affaire à une rude compétition pour arriver en tête des élections fédérales.
Et c'est avec surprise que certains ont accueillis l'annonce par l'Imperatore de la nomination de Mats Maessen, politicien de gauche radicale, au poste suprême, en lieu et place d'Ojeda ou d'un membre de la CUL.
Mats Maessen devient donc à son tour Grand-Officier de l'Ordre de la Croix d'Argent, avec le fauteuil de Chancelier qui va avec, après des années de bons et loyaux services comme Premier Vice-Gouverneur de Septimanie auprès d'Anastasia Mendoza Ojeda, dont il garde en souvenir sa Première classe de l'Ordre du Dauphin Rouge. Mais résumer le jeu politique à des échanges de médailles entre amis, ce serait mal connaître notre système politique et nos politiciens. Cette fois-ci comme à toutes les élections fédérales, le jeu des négociations et accords tacites en coulisses a joué un rôle majeur dans cette nomination qui pour certains, n'a rien de surprenante.
”Jeux d'alliance au sein de la coalition de gauche - Une première sous l'Empire„
On remarque au final que la coalition de gauche reste majoritaire avec un score stable depuis 92 (55,84% en 92, 57,91% en 93, 54,16% en 94), et ce n'est qu'en son sein que les changements s'opèrent. C'est aussi là qu'ont eu lieu les plus grandes surprises de cette échéance électorale : malgré le départ de Victor Karlsson-Marshall et le renoncement de l'UPP à briguer un troisième mandat à la tête de l'État fédéral, le parti écosocialiste se maintient dans le trio de tête, tandis que le report des voix semble avoir davantage profité à la CUL qu'au MAMA. Le MAMA, quant à lui, finit une troisième fois juste derrière l'UPP, qui le devance, pendant que le FCF revient à son score de 92 et que la CUL, de son côté, rafle la mise. Avec près de 20% des votes en faveur de la CUL, celui-ci devient le leader ainsi que le garant de l'unité du bloc CUL/UPP/MAMA/FCF et à ce titre, avait tout intérêt à maintenir au mieux la coalition.
Et malgré la déception du MAMA sur son score individuel, celui-ci a pu se réjouir du maintien d'une gauche majoritaire au Parlement. La CUL renonçant à la Chancellerie pour placer Aritz Alves Alarcon, ancien ministre fédéral RPL à la Vice-Chancellerie et à la Diplomatie au nom de la CUL, tandis qu'Esteban Belmonte, maire d'Elrado, est reconduit au Budget, c'est donc au final le très influent cadre du MAMA Mats Maessen, maire de Farellia, Ministre fédéral de la Justice sous le controversé gouvernement Vittorini, puis brièvement ministre de la Défense sous Karlsson I avant de céder la place à son adjointe Maria Blum, qui succèdera à l'écosocialiste Victor Karlsson-Marshall au 11 avenue de Phinacie.
Le parti de l'ancien chancelier, de son côté, et malgré le désastre annoncé, n'est pas en reste, en obtenant 2 des 4 ministères au sein du gouvernement fédéral, et parvenant à y placer le nouveau venu Adrien Landreau, Premier Secrétaire Fédéral du parti et Romane Macé, ancienne ministre du gouvernement Ansaldi et Secrétaire Générale de l'UPP, respectivement à la Justice et à la Protection Sociale.
C'est la première fois dans le système parlementaire impérial qu'un parti en tête, nommé à la négociation impériale, cède volontairement la place à un parti moins influent au sein de sa coalition. Mats Maessen devra donc plus que tout autre Chancelier s'assurer du soutien et de la loyauté de ses alliés pour mener à bien son projet.
Pas la première fois cependant, qu'une telle option était envisagée : dès 88, nos confrères de L'Indépendant - La Souricière révélaient qu'il était envisagé durant les négociations d'alors, dans le cadre d'une alliance RPL-ADF, de céder la Chancellerie Suprême à un candidat catalan ADF, Paolo Valbonesi. Un accord qui n'avait au final jamais abouti, au grand daim de la majorité de l'échiquier politique et surtout du centre, qui aura mis des années à s'en remettre.
”Le centre refait surface - Déception à droite„
Gabriel Von Bertha après l'annonce des résultats, août 94 - Crédits la Tribune
Après la catastrophe d'après 90, le centre parvient finalement à revenir sur la scène en triplant presque son score de 93, et à mettre la main sur quelques 43 députés, devant le MAMA du Chancelier Suprême. L'ADF-H, positionné dans l'opposition, s'il parvient à éviter un troisième schisme et à se maintenir uni d'ici là, briguera probablement la Présidence de l'Assemblée Fédérale, pour laquelle le Président de l'ADF-H, tête de liste fédérale et maire d'Assolac Gabriel Von Bertha s'est déjà porté candidat.
A droite cependant, c'est une déception pour la droite, radicale comme modérée.
Le PLC, malgré un score très stable (0,1 pt de différence avec 93), perd 11 députés et finit 6ème parti à l'Assemblée Fédérale en terme de sièges.
Le PAS, de son côté, remporte 17 sièges de plus qu'en 93 et finit deuxième parti aux élections fédérales, mais perds presque 2,5 pts aux élections (14,80% contre 17,25% en 93), ne suscitant guère plus d'enthousiasme que l'année de sa création, où il avait fini au coude à coude avec le MAMA. Coup dur pour la tête de liste, Olivier Brimont, plus sérieux prétendant conservateur à la Chancellerie depuis Arthur Lubenac en 90, qui siégera une fois de plus dans l'opposition au gouvernement.
On se rassure néanmoins de voir que LR, le parti de Lisa Reyes, parvient à reproduire la catastrophe des précédentes élections avec très peu de variations.
”Stabilité au niveau local - Rien de nouveau sous le soleil ?„
L'ex-Chancelier Suprême Karlsson-Marshall, avant de céder la main, avait félicité une mobilisation exemplaire des électeurs malgré la chaleur qui étouffe le pays depuis ces dernières semaines.
Pourtant, au plan local, aux municipales notamment, ces élections auront été les plus stables qui soient depuis 86 : au niveau national, dans les principales préfectures, 80% des maires en place ont été maintenus en conservant leur majorité. C'est notable pour le RPL, qui conserve Libertalia, l'UPP et le PAS, qui conservent leurs fiefs, les trois se retrouvant avec une situation très similaire à celle des municipales de 93.
Quelques changements mineurs toutefois pour le MAMA, qui perd Il-Kaxtel au profit de l'ex-Chancelière Alessandra Ansaldi, élue maire comme candidate indépendante, et le PLC qui lui récupère Monticello au détriment de LR, portant le jeune Charles Horowitz au poste de maire de la ville.
Et pour les partis sur les extrêmes bords, gauche comme droite, ceux-ci perdent gros : LR perd ainsi Amaki et Monticello et se maintient avec difficulté à Gambino, tandis que le FCF perd la quasi-totalité de ses fiefs à l'exception d'Île-Kana, toujours aux mains du critiqué régionaliste Louison Tojoranahery. Et de ces échecs de l'extrême droite et de l'extrême gauche, le centre parvient à tirer son épingle du jeu : l'ADF-H, qui n'avait plus guère qu'Assolac et Hofbach en 93, se trouve de nouveaux fiefs en Antsiranana, en récupérant Port-des-Indes et Amaki, anciens fiefs respectifs des Premiers Vice-Gouverneurs Andrea Schreiber et Louis Barthélémy.
A Hariva, après les changements successifs au fil des élections (MARR, OLP, ADF, RPL et FCF), le nouveau maire Mouloud-Salim hadj-Benalla, toujours issu de la dynastie locale des de la Flamberge, portera finalement lui aussi l'étiquette ADF-H.
Dans les provinces, ces élections auront surtout pris la forme d'un plébiscite et à ce titre, bon nombre de gouverneurs en exercice peuvent être satisfaits de leur performance.
En Septimanie et en Catalogne, les majorités CUL et UPP se maintiennent avec une large confiance des électeurs, et renforcent leur majorité parlementaire de respectivements 14 et 15 sièges. Anastasia Mendoza Ojeda et Enrique Mataró, ayant tous deux renoncés à la politique fédérale, auront tout le loisir d'assurer la continuité des politiques de gauche dans l'Ouest du pays.
A l'Est, en Transalpie, le gouverneur PLC Vincent De Salvo obtient enfin sa majorité absolue de sièges et n'aura plus les mains liés par le centre et la gauche pour mener à bien une politique pleinement libéral-conservatrice dans la province.
En Tyrsènie, Olivier Brimont devient le premier gouverneur à se faire réélire. Ne disposant toutefois pas de majorité absolue, et perdant même 5 sièges par rapport aux dernières élections, il devrait compter sur le soutien de ses alliés du centre pour se maintenir à la gouvernance de la province.
Mais l'élection la plus attendue pour le moment est celle du gouvernorat d'Antsiranana : après le départ inattendu de Julia Blum après 5 ans de présence quasi-constante au pouvoir, Nathan Brimont, politicien transalpien, a été envoyé en urgence reprendre la liste du RPL en Antsiranana et faire barrage aux listes régionalistes. Mission réussie, puisque ces dernières, divisées entre les régionalistes du FCF et les régionalistes indépendants, finissent respectivement 3ème et 4ème, ne cumulant au final que 37 sièges, malgré le tournant auxquels beaucoup s'attendaient après le départ de Julia Blum.
C'est donc une majorité RPL/Centriste qui s'est formé, et après le retrait de candidature de Nathan Brimont, les regards se tournent vers Andrea Schreiber, ex-maire de Port-des-Indes et de Symphorien, candidate indépendante affiliée au centre, pour battre le candidat régionaliste.
S'il y a peu de doutes sur l'issue du duel électoral entre cette dernière et Louis Ralaivao du FCF, reste à voir comment gouvernera celle qui devrait bientôt devenir la toute première Gouverneure indépendante du pays, sur fond de guerre politico-militante entre les indépendantistes et les libéraux.
”Vers une remise en cause de la monarchie impériale ? - Continuité ancrée ou répit pour la gauche ?„
Sa Majesté Impériale l'Imperatore Vittorio, descendant les marches du siège de la Fondation di Savoia-Carignano, juin 93 - Crédits Agence de la Maison Impériale
Certains observateurs se questionnent, redoutent ou espèrent que la nomination à la tête du pays d'un républicain convaincu posera la question du bilan des 6 premières années de la Frôce sous l'Empire, après 86 ans sous la Seconde République. Si les précédents locataires de Belley de gauche, Ansaldi comme Karlsson, se posaient plutôt en parlementaristes et monarchistes convaincus, l'engagement de longue date de Mats Maessen en faveur du républicanisme, notamment au sein de l'ancien MAMA, n'est pas sans soulever des attentes, des craintes comme des vœux de changement, de la part des plus révérencieux comme des plus réformistes.
Mais il faut admettre que l'opposition à la monarchie impériale ne connaît plus ses beaux jours des succès du MARR et de la relative présence de l'ARP/ROI. L'action de la famille impériale, notamment lors de la crise de peste et de la montée du séparatisme en Antsiranana, en aura convaincu beaucoup de l'utilité de maintenir un chef d'État à la fonction purement symbolique, incarnant la continuité des institutions, une confiance en la Couronne qui aura connu son paroxysme lors de la tentative de coup d'État du 4 novembre, alors que celle-ci courait à sa perte. Et aujourd'hui, avec la disparition du MARR et les scores très faibles du dernier parti républicain existant, "LR", la confiance en la monarchie semble bien affirmée, par les élus comme par les Frôceux dans leur ensemble. A voir à présent, si Mats Maessen cherchera à faire bouger les institutions de la Couronne ou au contraire, s'y adapter et gouverner à ses côtés.
Au final, la configuration politique actuelle semble s'inscrire dans la continuité de celle de l'époque Karlsson après la déroute de la droite, avec le maintien d'un bloc majoritaire de gauche face à un bloc d'opposition du centre-droit et d'un dernier bloc minoritaire de droite radicale. Une continuité dont les grands bouleversements devront toutefois être pris au sérieux, si la gauche ne veut pas risquer de perdre bientôt la négociation impériale au profit d'une alliance PAS-ADFH.
Mais pour l'heure, malgré la perte pour la coalition fédérale de près de 40 sièges, cette majorité de 219 députés assurera que le "Front Populaire", proclamé par Simon Brexel, Victor Karlsson et Jean Bournay un beau jour de mars au lendemain des élections générales de 92, aura encore un bel avenir devant lui. Du moins, pour cette année.
Alicia Dorval, pour laTribune