L'éveil

En version numérique ou papier, les journaux frôceux ont encore un bel avenir devant eux. Les kiosques sont toujours aussi nombreux.


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Urumi Nakamura
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L'éveil est un quotidien d'informations nationales, fondé en l'an 31, propriété du groupe MBE Presse.
Son siège est à Uzarie, il est réputé comme étant globalement favorable à la gauche.
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Urumi Nakamura
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Mercredi 4 octobre 89


Culture - La mort de la TNF, le début d'une guerre culturelle ?



C'est dans une relative discrétion qu'un pan tout entier de la culture télévisée frôceuse est sur le point de se tourner, la Télévision Numérique Frôceuse, l'offre de base de télévision numérique en métropole depuis l'an 31 est sur le point d'être supplantée dans deux provinces que tout sépare habituellement, la Transalpie et la Septimanie.

Ce changement n'est pas anodin, d'une télévision profondément centralisée comme tel est souvent le cas en Europe continentale, on passe à un modèle qui verra des flux différents être émis selon la province, se rapprochant en cela de pratiques en vigueur aux Etats-Unis et au Japon.

Les sources de cet éclatement sont à rechercher dans l'affaire Nexio, quand la province de Septimanie avait mis au point un bouquet gratuit de chaines utilisant le câble ou le satellite, bouquet repris par le fournisseur d'accès à internet Nexio qui y voyait une bonne opportunité d'offrir plus de chaines à ses clients. Les problèmes sont survenus lorsque la province de Septimanie a imposé sa classification de films aux chaines membres de l'offre, ôtant ainsi le contrôle parental de certains films pornographiques considérés comme éthiques par le gendarme du cinéma septiman.

Les autres provinces n'ont que modérément apprécié ce coup de force culturel et ont interdit la NexioBox 7, l'objet de la discorde, occasionnant au passage de nombreuses coupures d'accès à internet en Catalogne. De son côté la province de Septimanie s'était défendue en rappelant que nombreuses chaines étrangères émettaient avec leur propre classement sans que cela n'émeuve personne.

L'absence de négociation lors de cette affaire a probablement radicalisé les deux parties qui sous couvert d'offrir une plus large palette de chaines, ont lancé un conflit culturel majeur.

D'un côté la Transalpie avec son offre TNT a repris en main les choix de chaines en écartant la télé-réalité, mais aussi l'érotisme et la pornographie, deux domaines directement concernés par l'affaire Nexio. Le but est très clair, il s'agit de préserver les ondes de l'influence septimane. On retrouve cette ambition dans la place assez restreinte accordé à l'alliance TCF/MBE, limitée à ses 2 canaux généralistes nationaux qui disposent d'une image assez édulcorée comparativement au reste du groupe, qui est installé à Farellia, en Septimanie.

L'autre chose que l'on peut remarquer est la place assez restreinte apportée au sport, qui ne dispose plus que de 2 canaux payants contre 5 dont 1 gratuit sur l'ancienne TNF. La chaine FTV9 est d'ailleurs la seule chaine du service public à ne pas être reprise sur la TNT. Entre ceci et l'exclusion de la télé-réalité, on peut clairement voir la mise en avant d'un argument qualitatif, le sport n'étant pour certaines élites intellectuelles que "du pain et des jeux", pour dissimuler la dimension idéologique de ce changement d'offre.

Rappelons que le Gouvernement français avait également utilisé l'argument du mieux-disant culturel pour privatiser TF1, finalement aucune promesse n'a été tenue et les écrans ont vite été tapissés de programmes étrangers inadaptés et de sitcoms navrantes. Tout cela pour masquer l'intérêt profond qu'avait la droite française à envoyer le vaisseau amiral de la télévision française dans le giron des capitaines d'industrie.

Le bouquet comprend également des chaines étrangères à un tarif parfaitement raisonnable, venant de la droite, la promotion de chaines étrangères pourrait surprendre, mais elle répond à une double logique. La première est une logique commerciale, les groupes hôteliers accueillant de nombreux touristes souscriront en masse à cette offre, ce qui devrait compenser le coût de déploiement de la nouvelle technologie.

La deuxième est une nouvelle confrontation idéologique, la diffusion de la chaine d'informations hautement critiquée Fox News est ici la partie visible de l'iceberg. Le projet TNT se pose en opposition frontale avec son rival septiman qui a largement écarté les investisseurs étrangers, l'idée est ici de célébrer le statu quo culturel, dominé par l'influence étasunienne.

De l'autre côté, la Septimanie déploie son offre TSB. Là aussi, il s'agit d'une réaction très claire à l'affaire Nexio, le compromis ayant été impossible, le Gouvernement local ne va plus se poser de limites pour implanter sa politique culturelle, les films pornographiques pourront désormais être diffusés sur des chaines généralistes dès 22 heures, voire même 20 heures en utilisant les jokers. La préoccupation des codes parentaux semble désormais bien lointaine.

On remarque un biais très clair de programmation, les 20 premiers canaux sont réservés au tout nouveau service public de télévision provinciale, qui a été très clairement placé aux ordres de l'Assemblée Provinciale dominée par la CUL et au groupe local TCF, connu pour ses affinités avec la gauche, ses trois fondateurs, Ellion Kayerd, GIno Finacci et Patrick Pélisson ayant tous les trois été Premiers ministres sous une étiquette de gauche ou de centre-gauche.

L'exclusion des chaines sous contrôle étranger est opportune, outre le service rendu au discours anti-américain de la Gouverneure, elle permet de laisser une place assez nette, bien qu'opportunément placée en bas de l'offre, aux groupes concurrents de la TCF qui auront du coup bien du mal à initier des poursuites pour favoritisme, l'exemple le plus flagrant étant les deux chaines du groupe MediaSalcedo, bel et bien diffusées gratuitement mais reléguées sur les canaux 37 et 38.

Outre ces biais de numérotation, il faut aussi regarder les choix qui ont été faits sur les chaines, la chaine religieuse SpiriTV a été exclue et des restrictions ont été portées à la propagande religieuse, ceci est un marqueur très clair des tendances anti-cléricales du Gouvernement septiman qui avaient déjà été aperçues lors de l'élaboration du nouveau calendrier des jours fériés.

A l'inverse, les grands gagnants sont le sport (9 chaines dont 2 gratuites) mais aussi la télé-réalité qui bénéficie pour la première fois d'un canal dédié avec la chaine TCF Real qui était jusque là uniquement dédiée au satellite. Il est très clair qu'ici le Gouvernement septiman essaie de s'ériger en défenseur de la culture populaire frôceuse. Pour mieux insinuer que les instruments de son combat culturel sont une part de la culture populaire ?

L'instrument majeur de ce combat culturel est bien sur l'offre pléthorique de télévision publique, avec pas moins de 11 chaines. Les deux navires amiraux de la télévision locale auront des obligations en matière et sport et d'érotisme, comme on pouvait s'y attendre vu la politique culturelle du Gouvernement septiman. La diffusion d'un film érotique ou pornographique tous les soirs à 22 heures est un signal particulièrement fort, un signal idéologique bien sûr, mais aussi un signal commercial, la Gouverneure entend faire de la Septimanie la Silicon Valley du X, les investisseurs sachant qu'ils auront des ouvertures uniques au monde dans les médias généralistes y répondront probablement de manière positive.

Il y a également à noter la création d'une chaine d'information maison qui promeut un contenu "non-racoleur". On rentre ici en plein dans la pensée d'Antasia Ojeda, son raisonnement est d'estimer que la couverture sensationnaliste de l'actualité est responsable d'un sentiment pessimiste généralisé, la chaine d'information septimane sera un véritable bras armé de sa politique culturelle.

Mais les plus grandes curiosités sont bien les chaines Dofi Amor et Dofi Cana. Dofi Amor est une chaine consacrée à l'amour, rien d'étonnant venant de la CUL, là où le coup est audacieux, c'est que les chaines cinéma disposent de dispenses qui permettent la diffusion de films en code orange dès l'après-midi, il est fort à parier que les comédies romantiques seront minoritaires à l'antenne avec un tel générateur d'audiences en main. Dofi Cana de son côté, est censée promouvoir le mode de vie septiman en général, mais ce que l'on retient est son nom qui sonne comme une petite provocation à ceux qui ont condamné la politique culturelle septimane.

Les quotas d’œuvres portent également une signification forte, les places réservées au Centre Septiman du Cinéma favoriseront les auteurs locaux, ce qui est en raccord avec la volonté de développer une culture locale forte, mais la vraie chose intéressante concerne les quotas internationaux, réduisant à peau de chagrin la place offerte aux pays non-partenaires de la Frôce, ce qui inclut les États-Unis et le Royaume-Uni, les porte-étendard du monde anglo-saxon tant honni par la CUL et son partenaire du MARR. En revanche, pas d'inquiétude pour les fans de manga, le Japon faisant partie des pays partenaires, cela aurait été embêtant de se priver d'un peu de hentai pour diversifier les contenus pornographiques.

En somme, la mort de la TNF est l'histoire de deux politiques culturelles, passive et insidieuse du côté de Lily-Fleur d'Escourt, agressive et flamboyante du côté d'Anastasia Ojeda. Cela doit vous rappeler que tout texte de loi est profondément idéologisé, il n'y a pas de manœuvre innocente en politique.
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Urumi Nakamura
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Samedi 4 novembre 90


Education - Le changement invisible



La crise politique la plus grave depuis l'avènement de la Fédération vient probablement de connaitre son épilogue, après avoir cannibalisé à juste titre notre attention pendant des jours. Si nous nous félicitons du retour à l'ordre constitutionnel et souhaitons une bonne semaine de repos au Président de la Cour Suprême, tout a déjà été dit sur cette crise par nos confrères, notre ligne éditoriale est avant tout de parler des détails qui peuvent sembler insignifiants qui peuvent avoir de fortes implications à long terme, c'est par exemple pourquoi nous nous attachons tant aux sujets culturels.

Forcément, en pleine crise politique, les détails n'attirent pas l'attention, et encore plus quand ils sont adoptés en catimini comme l'expérience éducative voulue par Anastasia Ojeda, la gouverneure de Septimanie. Pour rappeler le principe de cette expérimentation aux 99 % de frôceux qui n'en ont a priori rien à faire, l'idée est d'interdire le port des chaussures dans les écoles.

L'explication fournie par la Gouverneure à notre rédaction est un rapport mené par le professeur Stephen Heppell qui se basant sur l'exemple de certaines écoles basées dans des pays nordiques, soit dit en passant basé sur des considérations pragmatiques vu le climat local, vante les classes sans chaussures comme plus économiques sur l'entretien, plus épanouissantes du fait de la similitude avec le domicile et plus faciles à aménager du fait que beaucoup d'élèves ne rechignent pas à s'assoir sur le sol.

L'argument de l'économie prête à sourire, la Septimanie est de loin la région qui consacre le plus de fonds à la dépense publique, c'est la première piste qui indique que l'agenda de la Gouverneure est plus profond que cela. L'effort d'aménagement peut également se faire en modifiant simplement la disposition et en choisissant d'autres équipements que les classiques chaises, comme on a pu le voir en France avec les tentatives menées par Céline Alvarez.

Seule resterait donc la proximité avec le domicile. A priori, ce pourrait sembler être une bonne idée, et d'ailleurs une idée cohérent avec le mode de pensée d'Anastasia Ojeda. Non seulement celle-ci n'a jamais caché son petit penchant hippie, mais en plus, sa conception utilitariste fait qu'elle est prête à ouvrir la porte à toute idée à partir du moment où elle sert une forme d'utilité, ce qui correspond parfaitement à l'intérêt de classes plus calmes, comme décrites par le professeur Heppell.

Mais c'est méconnaitre la culture de la péninsule ibérique. Si dans beaucoup de pays d'Europe centrale ou nordique il est considéré comme particulièrement impoli de conserver ses chaussures à l'intérieur, dans cette zone, c'est le contraire qui est mal perçu. Sans porter de jugement de valeur sur l'expérience ou sur la culture ibérique, on peut vite constater que l'idée de la proximité avec le domicile ne tient pas, passé la petite enfance, le seul parallèle qui peut être fait c'est le lit, et on peut légitimement douter de la volonté de la gouverneur de transformer les écoles en dortoirs.

La gouverneure ne connaitrait donc pas la culture locale ? Difficile d'y croire, c'est une native de la région, qui ne l'a jamais quittée, entourée de conseillers qui sont de la même trempe.

La gouverneure savait parfaitement qu'aucun de ses arguments ne tient, tout comme elle savait que ce ne serait pas bien grave, l'idée de son texte n'étant pas du genre à faire scandale, après tout c'est une simple expérimentation éducative qui ne présente a priori pas de base idéologique forte. Il y a forcément un agenda caché, rien n'est gratuit en politique.

Une porte ouverte au retour de l'uniforme ? On aurait pu y croire si l'expérience avait été diligentée par une autre personne, mais Anastasia Ojeda est une des plus farouches opposantes à l'uniforme qui renvoie à une forme de discipline très forte, qui a priori ne sonne justement pas très hippie utilitariste.
Une volonté aveugle de copier les pays nordiques ? C'est très discutable, ces pays se font les hérauts de l'égalité homme/femme, donc a priori pas forcément des fans de la pornographie tant louée par le Gouvernement local, et ces pays se font aussi les champions de la transparence absolue, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle les volets n'y sont pas populaires, or la province s'est répandue en dépenses fastueuses avec notamment la construction d'une salle surdimensionnée, des subventions à la chaine pour San Juan, mais aussi et surtout la construction d'un lupanar public géant qui ferait frissonner plus d'un dirigeant nordique.

En revanche, on sait la gouverneure engagée dans un combat culturel permanent comme cela a déjà été évoqué concernant le déploiement de la Télévision Septimane Basique. Et cela ne se limite pas à la télévision, la Septimanie a beau être la province la plus pauvre et peu peuplée de métropole, le budget culturel y est titanesque comparativement aux autres provinces, c'est la priorité absolue de la gouverneure, et en cela il faut toujours s'attarder sur l'effet culturel d'une politique septimane.

Un combat culturel implique d'abattre les symboles du passé, la visée principale évoquée par la gouverneure est d'aboutir à une société moins violente et plus optimiste, mais abattre d'autres reliques du passé, aussi insignificatives semblent-elles, favorise l'état d'esprit de recherche du changement. Ici l'objectif premier n'est pas d'améliorer les performances en classe ou faire des économies d'entretien, mais de suggérer l'idée de changement culturel aux nouvelles générations, balayer les marqueurs culturels des générations précédentes.

Aucune décision politique n'est purement technique, il y a toujours un message caché, ce qui ne veut pas forcément dire qu'il est bon ou mauvais, et en cela la Septimanie de l'ère Ojeda est un cas d'école.
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Urumi Nakamura
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Mardi 12 décembre 90


Politique - Ce n'est pas l'élection que vous attendez



A priori, le paysage politique semble peu différent de celui de l'an dernier. Le même nombre de partis officiels, alors que celui-ci avait gonflé entre les votes de 88 et 89, pas vraiment de révolutions idéologiques internes, à l'exception de l'implosion de l'ADF, alors que celles-ci avaient émaillé la période suivant les premières élections de la fédération.

Mais en réalité, seules les structures n'ont pas changé. La situation est on ne peut plus différente qu'il y a 18 mois.

Tout d'abord, revenons sur les changements les plus évidents. L'extrême droite a perdu ses deux porte-étendards, Les Patriotes et l'ARP-Continuité, le premier en raison de son humiliation électorale, le second des suites de la ridicule tentative de coup d'Etat monarchiste qui s'est terminée par la mort de Jean-Ernest Boisseau de Becdelièvre dans une geôle norijienne.

Si la structure indépendante du CPD semble chercher à obtenir ces voix, le véritable vainqueur de cette disparition est bel et bien le PLC, qui est longtemps apparu comme l'alternative la plus en vue à l'UPP, dans le sillage de son très droitier leader Eduardo Belfort qui ne manque que rarement l'occasion de présenter des gages à l'électorat nationaliste en se montrant le plus critique de l'islam dans la classe politique frôceuse.

L'éclatement du centre semblait a priori plus complexe électoralement que les déboires de l'extrême droite, Paolo Valbonesi, porté par une double élection en Catalogne et à Casarastra malgré une adversité forte s'est vite érigé en homme fort du centrisme frôceux par rapport à Karl Lacroix, marqué par ses deux échecs, balayé par la vague d'hostilité aux partis traditionnels en 88, puis par la campagne fortement négative de 89.

Le tournant droitier du parti centriste n'a alors surpris personne, Paolo Valbonesi ayant été la bête noire d'une bonne partie de la gauche pendant son premier mandat de gouverneur de Catalogne, mais l'entrée d'Elias Zimmermann dans le parti a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, Karl Lacroix et Nathan Gicquel n'ont pas tardé à faire route à part et on pouvait alors s'attendre à une décomposition totale pour le centre.

Mais LD ont vite subi un immense coup dur avec le retrait de Paolo Valbonesi de la politique, sa successeure, Lisa Reyes, atteignant vite des sommets d'impopularité, son arrogance dérange et sa complaisance vis à vis du PLC a du mal à passer auprès d'une bonne partie de la droite modérée. De l'autre côté l'ADF-H a grandement bénéficié de l'éclosion d' Andrea Schreiber qui se montre comme une des figures en forme de la campagne.

Au final, l'ADF-H n'aura sans doute pas grand mal à retrouver à peu de choses près la place de l'ADF originale, cela aura au moins le mérite de réconforter Karl Lacroix qui semblait au plus mal après son double échec de 88 et 89.

Le changement moins visible, celui qu'ignore une bonne partie de la presse, c'est le changement de dynamique dans les partis.

En effet, l'UPP ne pourra compter que sur lui même s'il veut accomplir la prophétie du chancelier Karlsson mise en avant par beaucoup de médias. Si la popularité du vice-chancelier est indéniable et si l'UPP semble mieux armé qu'en 89 sur le plan fédéral, ses alliés sont tous dans une situation difficile.

Tout d'abord, il est clair que LE! ne renouvellera pas son exploit d'il y a 18 mois. La raison est simple, la cause du triomphe de 89 sera la cause de l'échec de 90, Alessandra Ansaldi. Lors de la dernière élection, la native d'Il Kaxtel avait particulièrement bien manœuvré en coulisses pour que son parti échappé à la forte négativité de la campagne et apparaisse comme seul enthousiasmant.

Ce coup-ci, non seulement son impopularité plombe le parti, mais en plus, celui-ci ne peut même plus compter sur ses talents de gestionnaire de campagne qui avaient déjà transparu de sa période LISP. Osons le dire, la Chancelière semble se foutre ouvertement de cette élection, son désir de quitter la politique au moins temporairement pour revenir à son activité de joueuse de poker est un secret de polichinelle, le fait d'avoir laissé la tête de liste à une Amandine Smith hésitante à assumer tant de responsabilités, le symbolise parfaitement.

Le salut ne viendra pas non plus du MARR, Anaïs Béranger fantomatique durant son bref mandat à la santé, Mats Maessen désormais concentré uniquement sur la politique locale, Valentin Ravolo était le dernier espoir du parti de gauche radicale. Hélas, l'épidémie de peste en Antsiranana est passée par là, depuis cette tragédie, le trublion antifasciste a clairement perdu de son mordant, sonné par cette épreuve.

Il semble déterminé à se reconstruire, ayant déjà prévu de s'installer en métropole une fois son mandat de maire de Djébu terminé, mais le fait qu'un homme en reconstruction dirige une campagne fédérale en dit très long sur l'état de son parti qui devra attendre avant de revoir la lumière.

Du côté du MESS, allié de dernière minute, la situation est encore pire. Si le parti semblait avoir définitivement tourné la turbulente page Morvan avec Jean Zveri, largement salué pour sa réaction à l'épidémie de peste, la maladie de ce dernier conjugué à la perte de la base imberbiste laisse la campagne aux mains de Lena Voligni, qui n'a strictement aucune expérience sur la scène nationale, et qui en prime est plutôt de l'aile droite du parti, donc favorable à une coopération avec l'ADF-H, double catastrophe pour l'alliance de gauche.

Le seul parti considéré comme de gauche qui s'en tire bien actuellement est la CUL, Anastasia Ojeda est la seule gouverneure élue en 89 à tenir encore la barre et se dirige vers une réélection triomphale en Septimanie du fait de l'infortune du MARR et de LE!

Mais même là, il y a lieu à inquiétude pour Victor Karlsson, l'arrivée d'Aritz Alves fait progressivement passer le parti d'une gauche libertaire à une conception utilitariste stricte bien moins favorable à la gauche classique, le reflet principal de cette évolution est bien sûr le cas LiqBot, la CUL n'ayant pas hésité à couler un texte phare du Gouvernement Ansaldi, mais on peut également évoquer les liens de plus en plus profonds d'Anastasia Ojeda avec l'industrie du tourisme, qui pourrait laisser envisager un tournant économique.

De l'autre côté, l'ADF-H semble en ordre de bataille, mais c'est le MPD qu'il faut surveiller de près, si Charlotte Lamrabet s'est mise en retrait, le parti agraire dispose encore de 3 beaux atouts. Le plus attendu était Olivier Brimont qui s'était déjà mis en avant il y a un an et qui bénéficie d'une exposition accrue grâce à son arrivée au pouvoir en Tyrsènie, certes sur un sacré concours de circonstances.

Mais le MPD a aussi eu l'intelligence de mettre en avant assez tôt Arthur Lubenac, qui est peut-être à l'heure actuelle le principal danger pour Victor Karlsson du fait de la rupture définitive du PLC avec le centre-droit et bénéficie de l'apport de Camila Alvarez, la leader de l'aile jeunes du parti a non seulement fait une entrée explosive sur la scène politique mais s'attaque aussi directement à Victor Karlsson dans son propre fief, le poussant à consentir plus d'efforts sur les provinciales.

Signe positif toutefois pour la gauche, le PLC, bien qu'en net progrès sur le plan mathématique ne semble pas représenter une vraie menace sur cette élection, la coopération potentielle avec le reste de la droite, aperçue en Transalpie sous l'ère Wolfli, semble bien éloignée depuis le décret de mise sous tutelle de l'islam qui a crée un climat délétère entre les deux partis, climat encore renforcé par la brouille entre Camila Alvarez et Eliott Marshall.

Sous le système électoral précédent, l'UPP serait apparu comme un favori clair, même s'il faut se méfier des surprises et il y a un potentiel au MPD pour cela, son équipe de campagne semble plus au point que l'an dernier et le parti compte plus de militants que quiconque. Mais le système actuel favorise grandement les 2e et 3e partis, or le MPD et l'ADF-H sont parfaitement placés pour truster ces places du fait des difficultés des écologistes et des communistes.

Le triomphe n'est pas si proche que cela pour Victor Karlsson, et parler de majorité constitutionnelle relève de l'utopie absolue. Ce n'est pas l'élection que vous attendez, et votre soirée de mardi prochain sera probablement bien plus longue que prévu.
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Message par Urumi Nakamura »

Dimanche 24 décembre 90


Politique - Un hiver pas si rude



L'élection de 89 s'était terminée par une situation par laquelle personne ne pouvait vraiment s'estimer heureux, si on exclut les écologistes qui avaient alors réalisé le casse du siècle. La cuvée 90 a été tout autre, une immense partie de la classe politique frôceuse peut se réjouir plus ou moins fortement des résultats, ce mois de décembre n'a pas été des plus rudes, faisons le point parti par parti.

Le parti où l'enthousiasme était le plus vif mardi dernier est sans aucun doute le MPD qui hérite d'une victoire inattendue, enfin un peu moins si vous êtes un fidèle lecteur de ces colonnes, qui a propulsé Arthur Lubenac sur le fauteuil de chancelier suprême. Victoire qui en devient presque problématique puis qu'elle a privé le parti de la droite modérée de se tête de gondole en Transalpie du fait de la tradition du non cumul du chancelier, préférant au final céder sa seule province à Eric Valmont du RPL plutôt qu'envoyer au casse-pipe un politicien inexpérimenté.

Au sein du MPD, Camila Alvarez a marqué beaucoup de points, non contente de devenir la deuxième personne la plus jeune de l'histoire à occuper un poste exécutif national, elle a permis au MPD de quintupler ses effectifs à l'Assemblée Provinciale de Catalogne, et a assumé avec brio son poste de directrice de campagne, se démarquant lors du débat sur la diplomatie et ayant bien négocié les relations avec le monde associatif.

A l'inverse, la petite ombre au tableau MPD est pour Olivier Brimont, dont l'interview a suscité quelques critiques du milieu intellectuel qui a regretté un trop-plein de mauvaise foi sur certains dossiers et qui a surtout du céder son fauteuil de gouverneur de Tyrsènie à Gabriel Von Bertha.
Reconnaissons toutefois que la tâche lui était ardue, le MPD avait terminé 5e avec 13,61 % lors de la dernière élection et la place lui était revenue du fait de la méfiance d'une bonne partie de la gauche envers Simon Brexel, dans de telles conditions finir 2e avec 27,68 % n'est pas une honte.

Toujours dans la majorité gouvernementale, l'ADF-H peut apprécier son triomphe.

Non seulement le parti centriste termine 3e et se retrouve à une place forte dans le gouvernement, Karl Lacroix devenant Vice-chancelier et héritant du portefeuille de la diplomatie auparavant tenu par sa sœur Aurore (LE!), mais il triomphe également dans la guerre d'héritage de l'ADF, son concurrent LD terminant à une piteuse 11e place avec 1,61 % et aucun député fédéral, un résultat qui sonne comme un plébiscite en faveur de Karl Lacroix, dont la légitimité comme leader du centre semblait secouée par les défaites de 88 et 89.

Mais la grosse surprise est l'implantation locale éclair de l'ADF-H qui rafle 8 mairies, le meilleur score de la soirée en plus du gouvernorat de Tyrsènie, une performance stupéfiante venant d'un nouveau parti, qui profite certes largement des déboires des communistes et des régionalistes à Antsiranana ainsi que ceux des écologistes en Tyrsènie, pour parfaire son butin. Etre là au bon endroit et au bon moment ne suffit pas, en cela l'équipe de campagne de l'ADF-H a réalisé une excellente performance.

Mais là aussi petit bémol personnel pour une des figures de proue du parti, Andrea Schreiber, qui rate de peu le gouvernorat d'Antsiranana malgré l'explosion orange ressentie sur l'ile, certes désavantagée par la forte implantation de Julia Blum (RPL), mais qui a aussi subi certaines critiques de la part de militants centristes sur sa prestation lors du débat sur la culture, où il se dit qu'elle a plus ressemblé à une "SJW" de PluzIn qu'à une responsable politique de premier plan, mais aussi sur une gestion de l'associatif bien moins réussie que celles des deux autres partis principaux.

Gestion de l'associatif qui a en revanche été quasi parfaite au MESS, Lena Voligni a su compenser son manque d'expérience sur la scène politique nationale et sa timidité en débats par une gestion remarquable des associations, étant à la fois restée fidèle à la tradition policière du MESS et parvenant opportunément à conquérir les associations de chômeurs en étant la seule à soutenir René Duchêne dans l'affaire du débat de Frôce TV One. Ce n'est d'ailleurs pas une surprise que le chancelier Lubenac l'ait nommée au budget, son sens de la communication ne sera pas de trop pour faire avaler le retour sur les lois Citron.

Mais à l'inverse des deux principales composantes de la majorité, cet excellent score est un trompe l'oeil pour le MESS, puisque sur le plan locale, seule Lena Voligni tire son épingle du jeu avec un troisième mandat à Hofbach, le parti de la gauche chrétienne a même perdu son fief historique de Gagliano au profit du MPD qui fait son trou en Sicile dans le sillage d'Olivier Brimont. Il semble évident que le MESS devra soit se reconstruire soit fusionner pour éviter l'accident en 91.

Perspectives plus joyeuses pour le dernier parti de la coalition le RPL, qui se retrouve presque par miracle avec deux gouvernorats malgré une performance décevante aux municipales, si on exclut le cas de Libertalia. La force du RPL est aussi sa faiblesse, pour l'heure le parti libéral n'a pas de tête forte qui se distingue, c'est une force dans le sens où tout ne dépend pas d'une personne comme dans d'autres partis, mais aussi une faiblesse car un parti a besoin d'un leader fort pour une grande prestation vu la volatilité de l'électorat frôceux, on peut enfin s'attendre à un peu de stabilité après le miracle de 88 et l'humiliation de 89, les libéraux en avaient besoin.

Dans l'opposition, beaucoup ont parlé de sévère échec pour l'UPP, il est vrai que les sondages semblaient montrer une voie royale pour Victor Karlsson, et vu le faible écart, il n'est pas absurde de penser qu'il aurait pu gratter assez de voix sur les CSP+ s'il avait réalisé une interview plus convaincante. Mais il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain, en plus d'avoir obtenu le meilleur score national du parti socialiste, Victor Karlsson s'est montré très ingénieux face aux syndicats, en obtenant le soutien officiel du GRAPE, tout en cultivant sa popularité auprès des jeunes et du milieu rural, ce qui n'est pas une mince affaire.

Mais tout n'est pas noir pour l'UPP, sur le plan local, le parti socialiste s'est offert un triomphe en Catalogne en raflant le gouvernorat avec près de 19 points d'avance après deux échecs in-extremis face à Paolo Valbonesi (LD) et en prenant toutes les mairies sauf celle de Salusa. Ce triomphe offre une base locale extrêmement forte à l'UPP et une opportunité unique de mener un gouvernement catalan qui pourrait préfigurer le gouvernement fédéral de demain.

Hors de Catalogne, les choses furent compliquées, seul Nino Martinez a gardé sa mairie à Samarcande et Romane Macé a subi une lourde double humiliation à Chouchenn et en Transalpie. Mathématiquement, l'UPP a réalisé une belle opération en Septimanie, mais cela était plus du à l'incroyable faiblesse de l'opposition à Anastasia Ojeda (CUL) qu'à une grande campagne de sa part, en témoigne le score minuscule pour une 2e place (13,05 %).

Septimanie qui demeure donc le bastion imprenable de la CUL. A chaque élection, Anastasia Ojeda creuse l'écart (4,9 points d'avance sur le MARR en 88, 11,3 points d'avance sur LE! en 89 et 29,0 points d'avance sur l'UPP en 90) et obtient ce coup-ci le score record dans une élection provinciale avec 42,05 % (le précédent record était détenu par la LISP de Claude Morvan en Tyrsènie en 88 avec 36,31 %), pulvérisant ainsi pour la première fois la barre des 40 %.

En plus du succès personnel d'Anastasia Ojeda, les autres figures majeures du parti, Esteban Belmont et Aritz Alves ont été très confortablement réélues dans leurs fiefs, et les deux fauteuils les plus serrés de Septimanie (Esperanto et Dos Castillos) ont basculé dans le sens de la CUL.

Cette élection est très positive pour la CUL, en montrant non seulement qu'Anastasia Ojeda était plus que jamais une figure de référence dans les débats, notamment lors du débat sur la culture où elle n'a pas manqué d'aplomb pour défendre son idée saugrenue d'heure avancée, mais aussi qu'Aritz Alves était une recrue des plus précieuses, son interview ayant donné une image de respectabilité renforcée à la CUL.

Mais elle montre également les limites du parti naturaliste, malgré cette campagne très bien exécutée, la CUL est restée à plus de 3 points de l'ADF-H, en restant donc à une troisième 4e place fédérale de suite, il semble très clairement que sa popularité septimane ne se reflète pas du tout dans l'est du pays, bien plus conservateur, dans lequel la CUL n'a aucune base militante. En l'état il semble acquis que la CUL est principalement un trouble fête, doublé d'une redoutable armada locale en Septimanie, il sera à la fois très dur de la faire avancer et de la faire reculer.

Pour rester à gauche, le MARR a mieux résisté que prévu, même affecté par les crises dans sa province natale d'Antsiranana, Valentin Ravolo a su trouver l'énergie pour assurer le spectacle lors des débats télévisés, avec notamment un très vif duel face à Vincent De Salvo, la révélation libéral-conservatrice de la campagne, et a permis à son parti de rester devant le PLC, chose qui revient pour lui à une petite victoire morale.

En revanche, sur le plan local, le parti de la gauche radicale n'est pas dans le meilleur des états, son nombre d'élus a connu une chute vertigineuse en Septimanie et à Antsiranana et ses seules satisfactions municipales ont été à Farellia et Izirgua, les fiefs de Mats Maessen et Maria Blum. De quoi aviver des tentations de fusion ?

En effet certaines sources internes au MARR font état de tractations avec LE! pour fonder un grand parti de gauche alternative, une fusion qui serait la bienvenue pour le MARR qui aurait bien besoin de quelqu'un avec la hauteur de vue d'Aurore Lacroix ou Alessandra Ansaldi pour casser son image d'épouvantail dans les CSP+, Valentin Ravolo ayant déjà prouvé ses qualités auprès de l'électorat populaire et Mats Maessen les siennes pour tirer le meilleur du tissu associatif, même s'il s'est laissé piéger sur la fin de campagne en tentant maladroitement de se focaliser sur les syndicats étudiants déjà acquis à la CUL.

Si cette rumeur était vraie, LE! serait bien inspiré d'accepter telle fusion, le miracle de 89 est désormais bien loin, les faiblesses du parti écologiste évidentes, une base militante microscopique, pas d'orateur franc du collier qui attire l'attention en débat et bien sûr le départ progressif d'Alessandra Ansaldi qui se fait ressentir en ce qui concerne le lobbying auprès des milieux associatifs. Rien ne va dans le parti, heureusement il semble que tout le monde en soit conscient, d'Amandine Smith qui abandonne le navire à Aurore Lacroix qu'on dit très ouverte à l'idée d'une fusion.

Si l'état de l'opposition de gauche n'est pas idéal, celui de l'opposition de droite est de loin plus alarmant à l'exception du PLC.

En effet, si le Parti Libéral-Conservateur a réalisé un score fédéral décevant, et si Eduardo Belfort a perdu pied en Transalpie, il a de vrais motifs d'espoirs. Tout d'abord grâce à l'éclosion de Vincent de Salvo qui a fort justement reçu l'attention de nos confrères d'Asami, il faut avoir du cran pour s'attaquer à Charlotte Lamrabet sur PluzIn, et il en faut tout autant pour tenir pied face à Valentin Ravolo, provocateur de l'éternel, en débat, et aussi de par le fait qu'il n'est pas seul, Marcus Brandt et surtout Sebastian Braun, qui a réussi l'exploit de conserver Aspen malgré la crise de novembre, sont aussi des cadres d'avenir potentiels pour le PLC.

L'autre satisfaction, c'est sur le plan local, le PLC prend 4 mairies, c'est la moitié des villes de Transalpie, outre le fait que ces fiefs offriront de belles opportunités d'exposition à Marcus Brandt et Sebastian Braun, c'est la preuve que le parti a un véritable potentiel pour reprendre la province avec un leader plus en forme, et peut-être plus ouvert au reste de la droite pour mettre fin au splendide isolement des libéraux-conservateurs en Frôce ?

En revanche, cataclysme absolu pour Les Démocrates, victimes de l'impopularité extrême de Lisa Reyes et de sa mauvaise campagne générale comme pour la liste indépendante du CPD, qui n'a pas réussi à percer du fait de la discrétion excessive de Grace Bellanger. Le signal est clair, si le PLC veut un pouvoir plus fort que municipal, il doit adoucir son discours vis à vis de la frange modérée de la droite.

Presque tous les partis ont des motifs d'espoir et des pistes d'amélioration, de quoi augurer une élection mémorable en février 91 si chacun fait preuve du sérieux nécessaire.
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Urumi Nakamura
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Dimanche 31 décembre 90

Transports - Interview d'Aritz Alves Alarcón sur le projet LTR



Monsieur le vice-gouverneur, merci d'avoir répondu à notre invitation.
Le coût de la partie ferroviaire du projet LTR est estimé à 5,1 milliards, en ajoutant le cout des ferrys prévus pour desservir Izirgua, on devrait dépasser la barre des 5,6 milliards, le cout du plan d'aide à Antsiranana, chose qui fait de LTR le projet le plus vaste depuis l'avènement du fédéralisme. Qu'est ce qui vous a décidé à lancer un projet aussi vaste d'un seul coup au lieu de vous limiter à un projet plus restreint, par exemple sans la liaison Uzarie - continent ?


La province de Septimanie est l’une des moins bien dotées au niveau de ses transports publics, notamment en matière de desserte. La liaison Uzarie - continent était effectivement une nécessité absolue, il n’était plus acceptable que cette dernière puisse s’opérer aussi inefficacement par la voie maritime. Cependant, tout notre système de transport ferroviaire est défaillant.

Notre chemin de fer est actuellement au niveau de celui d’un pays d’Europe de l’Est, nous ne pouvons décemment pas nous en contenter. L’enjeu d’un réseau complètement revu à neuf est double.

D’une part, nous permettrons aux Septimans de se rendre en un temps record dans les principales villes de la province. Il va y avoir un effet conséquent dans l’amélioration de leur quotidien, notamment car le projet ouvrira des perspectives d’emploi auparavant inenvisageables, ou par exemple permettre à des étudiants qui ne peuvent obtenir un logement dans leur ville d’étude de faire le trajet domicile parental/faculté dans la journée. C’est un exemple parmi des dizaines d’autres.

D’autre part, il est évident que ce projet revêt un fort enjeu financier. La Septimanie possède la plus grande industrie touristique du pays, nous dépendons à 70% de ce secteur. En faisant de l’aéroport de Farellia le centre névralgique de ce réseau à très grande vitesse, nous allons mettre les principales attractions touristiques à peu de temps de ce dernier. Il y aura un effet écologique très intéressant, au lieu de voir des touristes arriver de l’étranger à Farellia et ensuite se rendre en car ou en voiture de location sur leur lieu de vacances, nous les encouragerons à emprunter LTR, dont le système d’approvisionnement énergétique est à 50% indépendant. Une belle manière de réduire la trace écologique, d’autant que nous souffrons, l’été, d’importants pics de pollution.

Vous évoquez l'approvisionnement énergétique semi-autonome. Comment vous y-êtes vous pris pour aboutir à un résultat aussi imposant ?

Ce projet comporte un volet très ambitieux, celui de construire un pont d’une longueur de presque 50 kilomètres pour relier le continent à Uzarie. Ce pont sera d’ailleurs le quatrième pont le plus long du monde. Ce dernier sera équipé d’un système hydrolien et éolien qui permettra l’alimentation de l’ensemble du réseau avec 50% des ressources nécessaires à son fonctionnement, effectivement.

Le pont comportera 50 doubles piliers. Une hydrolienne sous-marine sera fixée à chacun d’entre eux, soit 100 hydroliennes pour l’ensemble du pont, donc. Nous avons opté pour le modèle Océade 18, fourni par l’entreprise française Alstom. Leur puissance est estimée à 1,5 mégawatts par hélice et par an, et elles peuvent pivoter automatiquement en fonction des courants sous-marins. Cela représente grosso modo la consommation électrique annuelle de 800 000 foyers. Ce qui est énorme.

Ensuite, ce pont sera également équipé, tous les deux kilomètres, de portiques héoliens biturbines, également fournis par Alstom. Leur capacité de production par hélice est estimée à 1 mégawatt. Ces dernières pivoteront automatiquement en fonction de la direction du vent.

Pour résumer, le pont sera une véritable centrale électrique à part entière. Nous avons fait le choix de maximiser l’intérêt de construire sur l’eau. Nos hélices tourneront 24 heures sur 24, puisqu’elles s’adapteront en permanence aux courants et aux vents. Le Pont Asuka Finacci sera le premier au monde à permettre une production d’énergie propre aussi élevée.

Vous évoquiez la fourniture des systèmes d'hydroliennes et des portiques héoliens par Alstom. Votre choix sur les rames s'est en revanche tourné vers Shinkansen japonais et non vers le TGV français. Est-ce un choix économique, géopolitique ou technologique ?

Les trois à la fois, en fait. Nous avons réalisé un appel d’offres et le Shinkansen japonais était celui qui correspondait le plus à nos attentes.

Sur le plan économique, une rame de Shinkansen 700 coûte environ 10% moins cher qu’une rame de TGV français. De plus, le coût de la maintenance y est moins élevé. Dans la mesure où nous avions besoin de 100 rames de train, cela représente un gain financier non négligeable.

Sur le plan géopolitique, l’accord de libre-échange entre la Frôce et le Japon facilite grandement la transaction. Nous n’aurons pas à supporter de frais à l’import, et parallèlement nous pourrons bénéficier d’un suivi constant de la part de Kawasaki Industries, le fabricant. Le Japon est un pays ami et nos liens économiques sont étroits, il est logique d’en profiter.

Enfin, sur le plan technologique, le Shinkansen japonais est réputé plus fiable que le TGV français. Nous avons demandé un modèle conçu sur mesure selon nos besoins, basé sur le Shinkansen N700T taïwanais. Ce modèle présente un rapport qualité/prix imbattable : pouvant atteindre une vitesse de 310 km/h, il est extrêmement fiable et consomme en moyenne 10% d’énergie en moins que le nouveau TGV français.

Avec une telle rapidité aucun trajet ne durera plus d'une heure, c'est un exploit, mais cela tend à montrer que le réseau est limité à une superficie assez réduite. Envisagez-vous à l'avenir de créer une liaison commune avec la Catalogne, si le gouvernement provincial catalan donne son accord bien sûr ?

Il était essentiel pour nous de permettre aux usagers de faire le trajet entre les villes septimanes en un temps record. C’est l’unique leitmotiv du projet. Effectivement, une liaison entre la Septimanie et la Catalogne pourrait prendre tout son sens. Il faudrait en étudier le potentiel.

Gardons à l’esprit que mettre en place un tel projet présente son lot de complexité. Il nous faudrait soit créer une société ferroviaire commune entre les deux provinces, soit permettre la circulation des trains d’une province sur le réseau de l’autre. Pour ce faire, il nous faudra trouver des accords d’exploitation des deux réseaux. Si le gouvernement catalan est intéressé par cette idée, nous y témoignerons également de l’intérêt. Sur le plan économique, une liaison serait bénéfique.

En ce qui concerne les gares, les gares de San Juan, Esperanto, Elrado et Dos Castillos seront rénovées, Uzarie et Farellia auront le droit à des gares totalement neuves. Quels sont les éléments vous ayant mené à ce choix ?

Farellia sera le centre névralgique de ce réseau à très grande vitesse. La gare actuelle de la ville est située en centre-ville, et il serait techniquement infaisable de la rénover de la bonne manière pour lui permettre d’accueillir la LTR. De plus, l’idée est de permettre aux visiteurs venus de l’étranger ou d’autres provinces par avion de rejoindre en un temps record la ville qu’ils souhaitent. D’où l’idée de construire une nouvelle gare à l’aéroport. Pour des raisons écologiques évidentes, nous avons cherché à limiter au maximum les déplacements superflus.

En ce qui concerne Uzarie, l’île va accueillir très prochainement un parc d’attractions sur le thème de la saga Star Wars. Au vu du nombre de visiteurs très important que générera ce parc, il n’était pas envisageable de rénover la gare actuelle d’Uzarie, qui est extrêmement vétuste et bien trop petite. Cette dernière ne sert qu’à l’exploitation d’un petit chemin de fer local, avec un train au diesel. Les rails menant à cette ne sont même pas électrifiés. Nous avons donc fait le choix, plus réaliste, de construire une nouvelle gare dans la zone où sera implanté le futur parc. Une gare d’une superficie suffisante pour accueillir l’afflux de visiteurs attendus, et également pour contenter les usagers locaux.

Les autres gares septimanes sont relativement récentes. Elles ne nécessitent essentiellement que des restructurations énergétiques ainsi qu’une mise aux normes de leur électrification et de leurs quais pour accueillir la LTV. Il ne nous paraissait pas utile d’en construire de nouvelles, puisque ces dernières sont relativement bien placées. Il ne s’agit pas de construire pour construire. Là où nous pouvons rénover, nous le ferons.
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Urumi Nakamura
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Mardi 2 janvier 91


Education - Le terne bilan de "classes sans chaussures"



Voilà 4 mois que l'expérimentation "classe sans chaussures" qui avait fait l'objet d'un article dans nos colonnes est en marche, article durant lequel nous avions tenté de décrypter le message culturel et politique envoyé par cette expérience, nous n'avions pas parlé de l'efficacité de la mesure comme nous n'avions aucune mesure à nous fier.

Mais désormais, nous avons l'occasion de tirer un premier bilan de cette expérimentation, et on peut dire qu'il est relativement décevant. Pourtant, ce n'était pas par manque de volonté, les écoles se sont bien mobilisées, avec 207 écoles test, toutes sur la base du volontariat, les attentes de la province ayant été respectées, avec une plus forte participation des établissements privés, un peu alléchés par la promesse d'une très rare aide provinciale pour des travaux d'aménagement et un peu séduits par le potentiel disciplinaire supposé de la mesure. Travaux qui ont d'ailleurs inquiété les enseignants des écoles maternelles, craignant de perturber leurs classes.

Dans le secondaire, les choses se sont gâtés avant même le début de l'expérience, seuls 22 établissements se sont portés volontaires, forçant 4 collèges désignés aléatoirement à être ajoutés de force conformément aux règles de l'expérimentation. De plus, les enseignants ont vite manifesté leur scepticisme, craignant que les élèves n'acceptent jamais vraiment cette mesure.

Leurs craintes se révèlent pour l'heure fondée, l'immense majorité des élèves du secondaire interrogés par l'Eveil n'appréciant que modérément l'expérimentation, outre le traditionnel rejet de l'autorité, le mois de décembre n'a rien fait pour arranger l'affaire, même dans une région relativement chaude comme la Septimanie, beaucoup d'élèves se plaignent d'une nette sensation de froid.

De plus, aucune progression significative n'a été enregistrée. Une donnée qui ne choque pas Sílvia Sala, la directrice du pôle pédagogie de l'université de Farellia, en charge de l'étude des résultats de cette expérimentation, estimant que les progrès potentiels liés à une telle expérience se basent avant tout sur le bien-être des élèves, s'il y a un rejet du modèle par les élèves, celui-ci ne peut être fonctionnel.

Sílvia Sala ne plaide cependant pas pour un abandon pur et simple de l'expérimentation dans le secondaire, estimant qu'il faut à la fois attendre l'élargissement de l'échantillon, la réalisation de l'essentiel des travaux d'aménagements et la survenance de mois plus propices à genre d'expériences avant d'en aboutir à des conclusions définitives. Mais elle ne cache pas son pessimisme sur la réussite de l'expérimentation dans le secondaire.

Les espoirs de la province se reposent sur les écoles. Le premier motif d'espoir pour les promoteurs de l'expérimentation est le fait que contrairement aux collégiens et aux lycéens, les écoliers se plient majoritairement de bonne grâce à l'expérimentation, même si rares sont ceux qui se réjouissent ouvertement de pouvoir abandonner leurs chaussures.

Les résultats sont mitigés, si les enseignants d’élémentaire ne remarquent aucun réel progrès et craignent déjà la mesure gadget, le son de cloche est très différent dans les écoles maternelles et primaires où les enseignants vantent des gains significatifs en concentration d'une majorité d'élèves, pour l'heure le seul indicateur positif de l'expérimentation qui promettait bien plus.

Sílvia Sala se montre optimiste concernant l'expérimentation dans les écoles, estimant que la bonne volonté des écoliers de l'élémentaire se traduira en résultats concrets d'ici à la fin de l'année et jugeant les données concernant les écoles primaires pertinentes et conformes aux attentes.

Si les choses restent en état, il est probable qu'au terme de l'expérience, en juin 93, les collège et les lycées quitteront le programme alors qu'il sera étendu à un nombre croissant d'écoles, même si on ne peut pas encore préjuger d'un caractère obligatoire.

Le fait que les plus jeunes soient réceptifs à la chose est indéniablement un réconfort pour la Gouverneure, il tend à montrer que le changement culturel par la base de l'éducation est une réelle possibilité à exploiter. En revanche, le fait que des réticences fortes apparaissent dès 11 ans montre bien que ce changement sera très long à mettre en place et que la jeunesse n'est pas tout à fait acquise aux drôles de méthodes de la Gouverneure.
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Urumi Nakamura
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Message par Urumi Nakamura »

Vendredi 5 janvier 91

Tyrsènie - En finir avec Claude Morvan



Quelle ironie. C'est alors que le MESS, l'ex-parti de Claude Morvan fusionne avec l'ADF-H, que Gabriel Von Bertha, le gouverneur ADF de Tyrsènie liquide l'héritage controversé de l'ancien homme fort de la province, entreprise déjà entamée sous le mandat précédent par Olivier Brimont (MPD) et sa loi sur les transports qui a clarifié la détestable incertitude autour de la gare de Samarcande.

Gabriel Von Bertha a très bien choisi son timing pour procéder, l'arrestation d'une étudiante étasunienne en raison d'injures portées à l'Imperatore, a mis en avant l'archaïsme des textes portés par Claude Morvan, entre une loi sur les transports sous forme de réglement de comptes politique, un Code Pénal comprenant certaines infractions dignes du Moyen-Age, un Code de l'Education considéré comme réactionnaire par une bonne partie des milieux pédagogiques et cela est sans compter sur son projet avorté de rétablir la Dîme.

L'héritage Morvan était problématique pour l'image de la Tyrsènie, qui ne profite pas véritablement de sa localisation insulaire a priori rêvée pour le tourisme, entre le désastreux coup de publicité offert par sa loi de lèse-majesté, les problèmes endémiques de sécurité du fait de la forte implantation du crime organisé dans la région, mais aussi un droit du travail moins avantageux que certaines régions concurrentes. Dans un tel contexte la Tyrsènie était débordée par la Catalogne et surtout la Septimanie comme destination touristique de référence en Frôce.

Mais au delà de la question d'image, l'héritage Morvan était aussi toxique sur le terrain, et la mise au rebut de ses politiques éducatives réactionnaires est une avancée considérable effectuée par le nouveau Gouvernement provincial de Tyrsènie.

Le terme peut sembler fort, mais il n'en est pas moins mérité, la politique éducative de Claude Morvan était un concentré des idéaux les plus radicalement conservateurs en matière d'éducation, l'étendard d'un passé prétendument glorieux face aux pédagogies modernes qui inquiètent à première vue, car toute nouveauté entraine son lot de critiques quel que soit la domaine, alors qu'elles ont fait leurs preuves à l’étranger, mais aussi en Frôce, qui est très régulière dans le top 10 des classements PISA. Dans un tel contexte, le changement radical voulu par Claude Morvan était purement idéologique et populiste, comme le disent nos amis anglais, il ne faut pas réparer ce qui fonctionnement correctement.

La mesure phare était bien sûr le port de l'uniforme, supposé masquer les différences sociales et rétablir l'autorité, thème cher aux réactionnaires de l'éducation. Ses soutiens ont vite claironné lorsque l'inspecteur général de l'éducation tyrsénéene, Rosario Nannini a dévoilé une baisse de 19 % du nombre de rackets. Mais ce fut le seul succès de l'opération, Remigio Goretti, le directeur du pôle pédagogique de l'université d'Assolac, a observé que l'uniforme n'avait pas amélioré les résultats ou la discipline en classe et que les préjugés de classe sociale restaient aussi intenses chez les élèves ayant porté l'uniforme pendant les 3 ans ayant suivi le passage au pouvoir de Claude Morvan.

Pire encore, la mesure était profondément impopulaire, tout d'abord comme on pouvait s'y attendre chez les élèves, beaucoup de lycéens ont organisé des protestations anti-uniforme, une des plus célèbres fut celle du lycée Lucas Lhardi de Cadria, où les lycéennes ont refusé de porter la jupe réglementaire durant les premiers jours de janvier 90 avant de se plier au règlement suite aux menaces d'exclusion. Mais aussi impopulaire chez les parents, peut-être en partie à cause de l'intransigeance du lycée de Cadria, d'après un sondage ISOG, 61 % des parents d'élèves sont défavorables aux règles vestimentaires actuelles.

Autre mesure phare, les notes de conduite, autre totem du tout-discipline cher à Claude Morvan. Mais là encore, ce fut un échec, si beaucoup d'élèves étaient moins agités pendant les heures de classe, leur agressivité se manifestait autrement, les cas de harcèlement sur les réseaux sociaux ont atteint des proportions alarmantes en Tyrsènie sur l'année 90. La note de conduite ne fut au final pas un appel à la discipline mais un appel à l'hypocrisie. La commissaire de police territoriale Cornelia Traversa a confié à la rédaction de l’Éveil avoir vu beaucoup d'élèves avec des notes de discipline parfaites capables de faire subir les pires monstruosités à leurs camarades de classe sur PluzIn.

Aussi balayé par le projet Von Bertha, le découpage nouveau de la scolarité, avec une école unique d'une durée de 8 ans (au lieu de 3 écoles de 3 ans chacune dans le reste du pays), un collège de 3 ans (qui recouvre la dernière année d'école élémentaire et les deux premières années de collège des autres provinces), un lycée de 3 ans (qui recouvre en fait la dernière année de collège et les deux premières année de lycée des autres provinces) et un prytanée de 2 ans (qui recouvre les 3e et 4e années de lycée, la 4e année étant optionnelle du fait du contrôle continu par modules).

Un recul logique, ce découpage entrainait énormément de confusions de par la proximité de noms pour des cycles totalement différents des autres provinces, de par la réorganisation incomplète de certains établissements et de par inéquitable entre cycles. A croire que Claude Morvan tenait avant tout à se démarquer plutôt qu'à établir une cohérence, ce ne serait pas une première chez lui.

Faut-il pour autant s'enthousiasmer du projet Von Bertha ?

Si ce projet revient majoritairement au système pré-fédéralisme qui a fait ses preuves et qu'on peut reconnaitre au nouveau Gouverneur de Tyrsènie sa justesse d'analyse sur le fait de reprendre dans les grandes lignes un bon système, en revenant sur le tout-disciplinaire contreproductif et sur la nouvelle subdivision grotesque de la scolarité, on peut regretter qu'il ait pérennisé la chute de l'année de césure qui est en vigueur dans les autres provinces, un autre totem de l'ère Morvan.

L'année de césure placée entre l'obtention du BESM et le début des études supérieures, présentait un double avantage, donner une année de temps libre aux élèves pour découvrir de nouveaux horizons et en revenir plus matures pour affronter les études supérieures en plus de donner aux universités et aux grandes écoles l'opportunité de régler l'inscription des nouveaux venus et les éventuels concours d'admission sur une période bien plus longue et donc bien plus propice à une bonne orientation.

D'ailleurs, le deuxième mérite de l'année de césure a été partiellement repris par le gouvernement de Tyrsènie, puisque le lycée a été réorganisé en 4 années scolaires, les 3 premières conditionnant le passage du diplôme de fin d'études secondaires et la quatrième constituant en une année de préparation aux études supérieures. On peut cependant regretter que le temps libre pris par cette année obligatoire excédentaire réduise les possibilités d'organisation de concours et qu'elle marque une marque de défiance envers les jeunes.

Mais le plus regrettable est bien sûr l'abandon du BESM par le nouveau gouverneur pour revenir à l'ancienne formule du BNES à 5 séries avec contrôle terminal, chose assez ironique venant d'un gouvernement provincial qui tient visiblement à faciliter la transition lycée/université. L'abandon du BESM marque le retour des sciences dures reines avec le retour du jugement à la série par les universités, il marque aussi l'abandon d'une éducation personnalisée qui était un véritable plus à un âge charnière où la motivation est parfois difficile à trouver et enfin il marque la fin de la durée modulable du lycée qui permettait d'offrir des chemins plus ou moins rapides à des élèves plus ou moins prêts à passer au niveau supérieur. Certes l'organisation du BESM était bien plus complexe et soumise à couacs que le BNES qui a fait ses preuves comme étendard de l'universalisme de l'enseignement frôceux pendant plus de 50 ans, mais on peut regretter le manque d'ambition que révèle ce tournant.

Nous savons à la fois ce que nous perdons aussi bien ce que nous risquons de gagner, et malgré ses faiblesses le projet Von Bertha reste bien supérieur à la pérennisation de l'héritage Morvan, le danger du tout-autorité à l'école est trop grand et la désorganisation pour cause de mégalomanie tient plus du mauvais film que de la bonne gestion d'une province de plus d'onze millions d'habitants. Mais ceux qui ont une vision moderne de l'éducation doivent rester mobilisés pour obtenir le meilleur de cette réorganisation.
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