Re: Le Venezuela, représentation parfaite de l'absurdité du socialisme
Posté : 21 août 2018, 07:27
Bon bah puisque le déterrage ne dérange plus personne, ça fait 10 mois que j'avais envie de faire une parenthèse pour revenir sur ce passage :
En fait, peu de dirigeants peuvent se targuer d'être arrivé au pouvoir et d'avoir mis en place un programme socialiste de façon démocratique et légale, mais c'est effectivement le cas de Salvador Allende, lequel a succédé par une élection parlementaire à un président démocrate-chrétien dont la politique économique annonçait déjà celle d'Allende, d'ailleurs. Si Allende avait même obtenu le soutien des démocrates chrétiens à son élection, c'était justement parce qu'il s'était engagé à maintenir les libertés politiques et à oeuvrer à une révolution socialiste par la voie légale, en conformité avec les institutions existantes et en opposition à toute violence armée (la fameuse "voie chilienne vers le socialisme" sur laquelle Castro était si sceptique).
Le qualifier ipso facto comme un dictateur digne de Pinochet parce qu'il était proche des communistes, ou bien c'est par méconnaissance du sujet, ou bien c'est une grosse contradiction avec ce que tu as dit précédemment, à savoir que tu ne raisonnais pas par clivage droite/gauche mais seulement par ceux qui sont dictateurs et ceux qui ne le sont pas.
Car Salvador Allende, quoi qu'on puisse penser de sa politique économique, a maintenu et exclusivement gouverné au sein d'institutions républicaines aussi démocratiques que peut l'être une démocratie indirecte et en cela, ne peut décemment pas être qualifié de dictateur, qu'il soit d'extrême gauche ou non.
Et encore moins un dictateur comme le général qui lui a succédé, lequel a mis en place des escadrons de la mort chargés de traquer et d'exterminer ses opposants dans toute l'Amérique du Sud, fait de le torture une institution (dont des dizaines de milliers d'opposants seront victimes), et est responsable de plus d'une centaine de cas d'arrestations et détentions arbitraires et de milliers d'assassinats d'opposants. Et on ne parle que de ce qui a été reconnu, car vu le tabou autour de la question et l'amnistie dont ont bénéficié les responsables de la dictature, il a été estimé que moins de la moitié des crimes commis par le régime de Pinochet ont été résolus (cf le rapport de la commission Valech).
Concernant Pinochet et ses idées, c'était moins un vrai dirigeant politique qu'un vrai dictateur militaire. Quitte à définir son idéologie, difficile de trouver des éléments pour le qualifier de nationaliste, si ce n'est l'admiration qu'il suscitait dans les milieux anti-communistes. En revanche, de par sa forte coopération avec les Américains et les Britanniques, par sa libéralisation de l'économie et par sa promotion de l'ouverture du Chili au libre-échange, il était admiré par des dirigeants comme Margaret Thatcher et Ronald Reagan, et sa politique économique a été grandement saluée par des économistes comme Milton Friedman - pas vraiment des suppôts des politiques d'extrême-droite de l'époque.
Si on parle donc d'un point de vue strictement économique et non politique, Pinochet était bien plus proche d'un conservateur que d'un nationaliste - et ce n'est pas vraiment un hasard si après son avènement, d'anciens pontes des partis conservateurs chiliens ont parfaitement trouvés leur place dans les hautes institutions de l'administration dictatoriale de Pinochet. Après d'un point de vue politique, il est effectivement plus proche d'un dictateur nationaliste-conservateur comme Franco - même si, comme tu le dis, dictateur ou pas dictateur, ça ne dépend pas vraiment de questions d'idéologie droite/gauche.
Voilà, c'est tout, j'avais envie de le dire. Je vous laisse reprendre sur le Venezuela
Caroline di Savoia-Carignano a écrit :Et concernant Pinochet, pour moi il était davantage nationaliste que conservateur, et c’était un dictateur tout aussi méprisable que son prédécesseur Allende ou que n’importe quel autre dictateur. C’est pour ça que je n’aime pas raisonner par droite/gauche, il y a seulement ceux qui sont dictateurs et ceux qui ne le sont pas.
En fait, peu de dirigeants peuvent se targuer d'être arrivé au pouvoir et d'avoir mis en place un programme socialiste de façon démocratique et légale, mais c'est effectivement le cas de Salvador Allende, lequel a succédé par une élection parlementaire à un président démocrate-chrétien dont la politique économique annonçait déjà celle d'Allende, d'ailleurs. Si Allende avait même obtenu le soutien des démocrates chrétiens à son élection, c'était justement parce qu'il s'était engagé à maintenir les libertés politiques et à oeuvrer à une révolution socialiste par la voie légale, en conformité avec les institutions existantes et en opposition à toute violence armée (la fameuse "voie chilienne vers le socialisme" sur laquelle Castro était si sceptique).
Le qualifier ipso facto comme un dictateur digne de Pinochet parce qu'il était proche des communistes, ou bien c'est par méconnaissance du sujet, ou bien c'est une grosse contradiction avec ce que tu as dit précédemment, à savoir que tu ne raisonnais pas par clivage droite/gauche mais seulement par ceux qui sont dictateurs et ceux qui ne le sont pas.
Car Salvador Allende, quoi qu'on puisse penser de sa politique économique, a maintenu et exclusivement gouverné au sein d'institutions républicaines aussi démocratiques que peut l'être une démocratie indirecte et en cela, ne peut décemment pas être qualifié de dictateur, qu'il soit d'extrême gauche ou non.
Et encore moins un dictateur comme le général qui lui a succédé, lequel a mis en place des escadrons de la mort chargés de traquer et d'exterminer ses opposants dans toute l'Amérique du Sud, fait de le torture une institution (dont des dizaines de milliers d'opposants seront victimes), et est responsable de plus d'une centaine de cas d'arrestations et détentions arbitraires et de milliers d'assassinats d'opposants. Et on ne parle que de ce qui a été reconnu, car vu le tabou autour de la question et l'amnistie dont ont bénéficié les responsables de la dictature, il a été estimé que moins de la moitié des crimes commis par le régime de Pinochet ont été résolus (cf le rapport de la commission Valech).
Concernant Pinochet et ses idées, c'était moins un vrai dirigeant politique qu'un vrai dictateur militaire. Quitte à définir son idéologie, difficile de trouver des éléments pour le qualifier de nationaliste, si ce n'est l'admiration qu'il suscitait dans les milieux anti-communistes. En revanche, de par sa forte coopération avec les Américains et les Britanniques, par sa libéralisation de l'économie et par sa promotion de l'ouverture du Chili au libre-échange, il était admiré par des dirigeants comme Margaret Thatcher et Ronald Reagan, et sa politique économique a été grandement saluée par des économistes comme Milton Friedman - pas vraiment des suppôts des politiques d'extrême-droite de l'époque.
Si on parle donc d'un point de vue strictement économique et non politique, Pinochet était bien plus proche d'un conservateur que d'un nationaliste - et ce n'est pas vraiment un hasard si après son avènement, d'anciens pontes des partis conservateurs chiliens ont parfaitement trouvés leur place dans les hautes institutions de l'administration dictatoriale de Pinochet. Après d'un point de vue politique, il est effectivement plus proche d'un dictateur nationaliste-conservateur comme Franco - même si, comme tu le dis, dictateur ou pas dictateur, ça ne dépend pas vraiment de questions d'idéologie droite/gauche.
Voilà, c'est tout, j'avais envie de le dire. Je vous laisse reprendre sur le Venezuela