Monsieur l'Imperatore,
Je vous demande aujourd'hui d'adresser non pas une grâce idiote et futile à quelques colombins malvenus mais simplement d'affirmer que la devise frôceuse n'est pas juste belle à afficher.
Présentement, je vous demande ainsi d'accorder d'avance la grâce impériale aux 24 interpellés à l'Hôtel de Police d'Aspen, aux 49 interpellés de la Zone Autogérée d'Aspen-Nord ainsi qu'aux actuels recherchés.
Les premiers pour n'avoir commis aucune violence gratuite, pour n'avoir voulu que répliquer face à des bavures policières et pour n'avoir que dégrader du mobilier sans jamais s'en perdre à un seul homme. C'était un acte militant, ce n'était pas de la destruction pour se faire voir ou faire voir ses idées, c'était défendre les défendre, dans une Province trop stricte. C'était également un acte passionnel, il ne s'agissait pas d'une violence faîte comme ça, pour le plaisir, de sang froid, mais bien d'une revanche que voulait prendre ce groupe sur la police qui a commis des bavures dans la Zone Autogérée d'Aspen-Nord. Si un tant soit peu de Justice existe dans la Fédération, elle doit alors ne pas pouvoir condamner ces actes qui ne sont nullement condamnables. Il est encore du ressort de la liberté que de pouvoir se faire entendre aux oreilles des autorités par la seule voie que celles-ci puissent entendre, et la Transalpie n'entend l'opposition que par ce genre d'actes.
Les seconds ne sont pas non plus criminels. Ils ne sont responsables que de l'occupation d'une zone abandonnée de tous et toutes. Les propriétaires légaux n'ont évidement demandés à personne qu'on vienne les en déloger. Si des armes ont en effet été retrouvées sur les lieux, si de la drogue a en effet été retrouvée sur les lieux, ils n'avaient pas plus tué ou blessé quiconque qu'ils n'en avaient drogué contre leur consentement. En cela, ils n'avaient rien commis qui dépasse le consentement. Si la liberté existe dans cette Fédération, alors il apparaîtra nettement qu'ils en jouissaient sans jamais outrepasser celle des autres. Qui serait plus criminel que celui qui condamne ou laisse condamner ceux qui n'ont jamais agi que dans le consentement mutuel ? Comme il apparaîtra clairement qu'aucune loi ne peut discriminer nulle croyance, la Justice exige également de ne pas se saisir de la moral. Or en condamnant des personnes qui ne représentent aucune menace sinon pour elles-mêmes, c'est bien cet outrepassement scandaleux que la loi s'apprête à franchir. Se droguer n'est pas condamnable si la Liberté et la Justice dirigent cette nation, pas plus que de posséder des armes tant qu'elles n'ont meurtri personne.
Personne n'a porté plainte contre cet espace sinon un représentant étatique, un élu qui voyant quelques uns qui ne reconnaissaient pas l'Etat s'est cru obligé d'agir. Or la première des libertés est celle de s'émanciper du cadre imposé. Ne pas reconnaître l'Etat ne peut être condamnable tant que nul ne subit de préjudices. Or, rien n'était préjudiciables à ces gens-là. Ils pouvaient offenser, mais l'offense relève de la morale et exige que la loi ne s'y impose. L'Etat n'a pas à punir sur des questions de moralité pas plus que de religion.
Enfin, les derniers n'ont rien de plus ou de moins à se reprocher que ce que j'ai énoncé.
Si la grâce impériale doit être accordée à ces gens-là comme à tous ceux qui sont une offense à la morale imposée par certaines provinces, c'est parce que nulle loi n'a à s'improviser directeur de morale. Or c'est bien ce que fais la Transalpie et son déplorable Gouverneur. Seul un préjudice doit avoir son coupable puisqu'il a sa victime. Une offense n'a pas de coupable. Vivre sans reconnaître l'Etat fédéral est une offense à quiconque a un esprit patriotique, mais n'est pas un préjudice. Faire du trafic de drogues ou d'armes, n'est qu'une offense tant que nul n'a été assassiné ou drogué par la force ou la menace, ce n'est pas un préjudice si tous consentent à ce qu'il s'y fait. Il n'y a eu aucune victime de ce genre, il n'y a même eu aucune victime tout court jusqu'à ce que la polices fédérale et provinciale, poussée par on ne sait quel désir d'autorité abusive, n'investissent les lieux, ne blessassent quelques occupants, et provoquassent l'ire de militants qui détruisissent quelques vitres de l'Hôtel de Police d'Aspen-Nord. S'il y a eu des victimes ce n'est que du côté des occupants, jusqu'alors, nul n'en subissait de préjudice, à la limite une offense. De quel droit un gouverneur offensé se permet-il d'envoyer ses hommes d'armes ? Du droit frôceux ?
Aussi stupide que l'on puisse trouver la vengeance des militants, celle-ci n'était qu'un désir justifiée de justice face à la force policière et aux violences légales prodiguées injustement. On eut été en temps de guerre, nous les aurions nommé résistants, nous sommes en temps de paix, on les traite de voyous.
Je vous demande la grâce et non l'amnistie, d'une part car vous en êtes constitutionnellement incompétent, d'autre part puisque vous comprendrez que mon but n'est pas l'oubli qui est une chose traîtresse, mais la levée de futures sanctions que ces gens-là ne méritent pas. Si votre devise dit vrai, on a la liberté de vivre sans subir de préjudices, on a la justice pour nous protéger.
Cejourd'hui, seule la police a commis un préjudice, même si nul ne la condamne, il est de votre devoir d'arbitrer ces événements en ôtant toute peine à ceux que l'on présente aujourd'hui criminels et qui n'ont en vérité qu'offensé certains moralistes jouissant de quelque puissance usitée abusivement.
S'il vous prenait des élans moralistes et des bouffées absolutistes, rappelez-vous seulement la devise de la Frôce : "Liberté, Justice, Démocratie", la complexion de votre état même, vous exhorte de gracier ceux dont la liberté n'a jamais entaché celle de quiconque.
Si pour le moment aucun jugement n'a été rendu, j'ose espérer que vous ferez le bon choix, non pas celui d'un Etat moralisateur, par-là même abusant de ses pouvoirs, mais d'un Etat de droit, comme la Frôce devrait toujours être.
Je vous prie d'accepter, l'expression de mes espérances les plus vives.
Jean Bournay, député fédéral du FCF