17/08/088 : Réo Lagycle fait scandale

[Maître du Jeu]

AIF - 17/08/088
Cinéma - Réo Lagycle fait (encore) scandale

Le réalisateur frôco-québécois Réo Lagycle est connu pour être le roi de la provocation, et force est de constater que sa dernière œuvre se distingue particulièrement dans le domaine.

Récemment installé en Septimanie, le réalisateur s'est décidé à jouer avec le nouveau système de classification des films de la province, après avoir produit un film pornographique assez bon enfant pour être destiné au classement "orange" (interdit aux moins de 14 ans), une première dans le genre, il s'est lancé dans une œuvre moins subtile puisque le défi était de remplir toutes les catégories de contenu choquant.

Le film (classé en catégorie noire pour une interdiction aux moins de 18 ans) "Douches de sperme au camp d'Azuria" remplit en effet son office, allant de scène choquante en scène choquante, durant 3 heures 30 qui paraissent interminables pour les âmes sensibles.

Le scénario est déjà "prometteur" sur ce point, puisqu'il évoque le camp d'Azuria construit par les nazis lors de l'occupation de la moitié ouest de la Frôce, ce qui convenons-en est un point de départ très osé pour une œuvre pornographique.

Si on ne doutait pas des capacités de Réo Lagycle à livrer des contenus sexuels pour remplir les catégories "nudité", "sexe simulé" et "sexe non simulé", le film n'en est pas moins déroutant, les scènes de sexe étant minoritaires au sein d'un film qui pourrait passer pour une production classique.

La violence physique comme psychologique a donc été également de la partie avec des scènes de torture, au demeurant de bonne qualité technique, qui n'ont pas manqué d'installer un certain malaise parmi les critiques venus assister à la projection.

Mais le summum du malaise fut atteint lors de la scène où un officier SS viole une jeune prisonnière juive sous les yeux de ses parents, qui n'a pas manqué de laisser un goût amer dans la bouche de l'ensemble du public.

Il est à remarquer que Réo Lagycle souhaitait tourner ce film dans le véritable camp d'Azuria, mais devant le compréhensible refus des autorités locales, il a du se rabattre sur une reconstitution saisissante de réalisme de celui-ci, chose qui l'a forcé à demander une subvention pour pouvoir finaliser son film.

Le film a donc été subventionné par le Centre Septiman du Cinéma à hauteur de 300 000 pluzins, ce qui lui a valu la mention "Avec le soutien de la province de Septimanie" lors du générique, en vertu de la loi adoptée à l'unanimité par l'Assemblée Provinciale de Septimanie.

Ignacia Santillian, la présidente du CSC s'est justifiée de la subvention versée à ce film pour la mise en valeur de la province, la grande qualité technique des scènes pornographiques mais surtout son originalité décrivant le film comme "une oeuvre unique, enfin j'espère qu'elle le restera".

Si les cinémas d'Azuria se sont déjà entendus pour boycotter le film, d'autres cinémas ont bien l'intention de la proposer à un public adulte, invoquant officiellement la liberté artistique, le directeur du cinéma Céline Gallon d'Elrado ayant qualifié le film de "gentillet comparé à A Serbian Film" et officieusement l'espoir d'attirer les fans de sensations fortes.

[Eduardo Belfort]

+   Je suis profondément choqué et écœuré par le nouveau navet du réalisateur déséquilibré Réo Lagycle. Tourner des séquences pornographiques dans des décors censés représenter le camp nazi d'Azuria est une insulte à la mémoire des femmes et des hommes ayant subis les pires atrocités dans ces lieux lors de la seconde guerre mondiale.
La scène où un officier SS viole une jeune prisonnière juive sous les yeux de ses parents est le sommet de l'horreur et de l'ignominie.
Je ne pensais pas qu'un jour, un tel film verrait le jour en Frôce et qu'il serait de surcroît subventionné par le 'Centre Septiman du Cinéma' à hauteur de 300 000 pluzins. La gouverneure-ministre-députée-maire passablement dépravée Mendoza peut se féliciter. Cette infamie pornographique, violente, insultante et antisémite est également son œuvre.

#ReoLagycle #Scandale

[Anastasia Mendoza Ojeda]

+   Que ce soit clair, le Centre Septiman du Cinéma est majoritairement composé de membres indépendants, on ne peut pas rattacher ses actes au Gouverneur ou à une quelconque personnalité politique de la province. Je rappelle d'ailleurs que la loi provinciale le créant a été adopté à l'unanimité des votants, ce n'est pas un acte unilatéral de ma part.

Le CSC juge sur des critères précis, ici le film était en effet original, et je pense qu'il convient de dire qu'il a intérêt à le rester, et mettait en avant l'histoire de la région, de manière certes très discutable. Je comprends donc qu'il ait estimé que les critères étaient réunis pour une subvention, n'aider à réaliser que les films conformes à sa vision de la morale, c'est faire débuter la censure.

Concernant le film en lui-même, je comprends en effet qu'il choque, de ce que j'ai entendu de ce film, certaines scènes sont particulièrement horribles dont la fameuse scène du viol, et je comprends que les cinémas d'Azuria le boycottent vu à quel point le sujet est sensible dans cette ville, mais ce n'est pas pour autant qu'il faut ouvrir la porte à la censure, il existe un mécanisme d'évaluation des films, chacun décide de regarder ou non selon cette évaluation.

[Aurore Lacroix-Valmont]

Interrogée sur le sujet par des journalistes, Aurore, jusqu'à présent absente de la scène publique, s'exprima, excédée et profondément en colère :

Alors, qu'on se le dise bien une bonne fois pour toutes. Dans un film porno comme dans une ruelle sombre ou dans l'intimité d'un couple : UN VIOL RESTE UN VIOL !

Une fois n'est pas coutume, la pornographie vient salir davantage l'image des femmes, en mettant en avant leur côté sex-toy au service du bon vouloir et de la domination de ces messieurs. Ce film de Lagycle est à vomir.

Le fait que cette banalisation (pour ne pas parler d'apologie) du viol, même s'il reste fictif, ait été partiellement financée par l'argent public de la Septimanie est profondément écoeurant et scandaleux.

Et qu'on ne vienne pas me parler d'un ordre moral et de censure ! Le devoir des autorités est plutôt de promouvoir la lutte contre le sexisme et les violences faites aux femmes ! Le devoir des politiques est de ne pas se féliciter ou chercher des excuses de bas étage pour justifier l'inqualifiable et l'ignominie.

La femme n'est pas un sac à foutre ! Ni pour un nazi, ni pour personne d'autre. Qu'elle soit juive, catholique ou que sais-je !

[Valentin Ravolo]

+   J'ai vu le film de Réo Lagycle avec des copains à Djébu, c'est vrai que c'est un peu hard, mais bon de là à vouloir interdire...

Ce film a son utilité, beaucoup de monde, surtout parmi les plus jeunes ignorait ce qu'il s'était passé à Azuria, le choc attirera peut-être la lumière sur cette part de notre passé.

Et au moins, ce film montre clairement les actes des tortionnaires comme mauvais, on est loin de la glorification insidieuse de la culture du viol dans certaines oeuvres pour ados, je ne comprends pas très bien les réactions de certaines féministes.

[Léo Dowranl]

+   

Beaucoup de films et d’œuvres d'art cherchent à faire scandale pour le scandale, pour jouer avec les limites et les dépasser. C'est un éternel défi entre l'art et la convention. On l'a vu avec Kubrick, Gaspar Noé, Lars von Trier... Ce n'est pas le premier, ni sera le dernier film à scandale.
Monsieur Lagycle a dépassé les limites, et c'était son intention. Je ne suis pas pour une censure d’État qui au temps d'internet serait inutile. Je pense que la loi de madame Anastasia Mendoza Ojeda rend la classification visible, mais je pense que peut-être un meilleur avertissement sur ce film, au début, serait un choix judicieux pour vraiment prévenir le public de scènes auxquelles ils ne s'attendraient pas et auxquelles ils pourraient être choqués.
Je n'ai pas vu le film et n'ai pas envi de le voir, mais je crois les professionnels de la distribution cinématographique assez intelligent pour adopter une bonne posture, et les spectateurs, s'ils sont avertis, assez intelligent pour savoir s'ils veulent voir une telle œuvre ou pas.
Cela n'empêche que j'apporte aussi mon soutien aux personnes qui peuvent être choqué par les images du film, notamment les victimes de l’holocauste, et invite à ce que Monsieur Lagycle et eux puissent se rencontrer. Le dialogue vaut toujours mieux que le conflit.