- Vivre ici ? Dans la clinique, quelques temps seulement. Après, vous vous installerez bien où vous le souhaitez. Mais à Hofbach, ou ailleurs, je vous promets que nous travaillerons ensemble au quotidien, afin de vous permettre d'accéder à quelque chose de plus stable et durable en terme émotionnel et thymique.
Il lui adressa un sourire, le premier depuis l'entrée de Claude dans le bureau.
- Notre service hôtelier peut vous accompagner dans des démarches d'achat comme administratives. Si vous avez besoin d'une garde-robe, nous vous appuierons. Nous ne savons que trop bien à quel point prendre soin de soi peut être difficile par moment. Et nos employés sont qualifiés pour vous aider à remettre le pied à l'étrier dans ce domaine aussi.
Il se leva, et appuya sur une sonnette. L'infirmière qui avait accompagné Claude dans un premier temps, apparut à nouveau dans l'entrée du bureau.
- Alice, vous pouvez accompagner M. Morvan à sa chambre, et lui faire visiter la Clinique.
Il tendit la main à Claude qui l'empoigna vigoureusement, plus par habitude que par réelle envie de manger la vie à pleines dents.
- M. Morvan, nous nous revoyons demain. Profitez de cette première soirée pour vous reposer. Chaque suite est équipée d'un salon de lecture avec une bibliothèque de plusieurs centaines d'ouvrages classiques. Vous y trouverez également un tourne-disque ainsi que quelques dizaines de vinyles de jazz et de musique classique. Notre établissement fait cependant le choix de ne mettre à disposition de nos patients, aucun appareil créateur de stress : pas de TV, de radio fm, ni d'accès internet.
Il désigna un panier en osier près de l'entrée.
- Et si vous demeurez parmi nous, vous devez nous remettre votre téléphone, qui sera fermé sous clé dans un coffre. Cela fait partie du contrat de soin : nous vous aidons, si vous vous aidez. Et vu votre état, vous avez besoin d'être désintoxiqué de toutes les sources créatrices de stress et d'anxiété. Veillez juste à transmettre à Alice les coordonnées de la personne à prévenir, afin qu'elle soit informée que vous allez demeurer avec nous quelques jours. Vous aurez droit à un appel émis et un appel reçu par jour. Les seules sorties autorisées sont pour le moment limitées au patio, au 5e étage. Vous aurez accès au périmètre de notre parc arboré, dès la levée de doute effectuée, concernant vos possibles intentions suicidaires.
Le Professeur raccompagna l'infirmière et Claude jusqu'à la porte. Là, celle-ci se présenta à nouveau, et débuta une visite des lieux.
Elle indiqua à Claude son numéro de chambre. "Suite 4 Est". "Chambre" était effectivement un terme peu approprié, puisqu'en l'occurrence, la suite tenait plus du luxueux appartement. Chacun des 5 étages était coupé en 8 zones privatives, chacune comportant une chambre, un salon et une salle de bain.
Il y avait aussi une zone centrale. Les repas y étaient servis dans des réfectoires, au 1er, 3e et 4e étage, seuls lieux de socialisation possible pour les patients. Le chef-cuisinier de la Clinique, Aristi Magglione, jouissait par ailleurs d'une réputation régionale honorable. Au rez-de-chaussée, se trouvait le service de l'infirmerie où étaient distribués les traitements, en horaires décalés, afin de respecter la confidentialité des résidents. Au 2e étage, un room service proposait divers services, du tabac à la laverie, en passant par quelques produits alimentaires "de confort". Au 5e étage, il y avait un patio, où les patients entrants pouvaient éventuellement fumer avec autorisation.
Alice expliqua à Claude que les espaces centraux, communs, étaient placés sous la surveillance constante d'un infirmier. Elle ajouta que les espaces privatifs étaient eux aussi surveillés, afin notamment de prévenir tout risque suicidaire, mais seulement à intervalles aléatoires. Chaque jour, un infirmier appelé "Infirmier de soutien" faisait en plus le tour des chambres afin de permettre aux patients de parler des sujets de leur choix. Alice précisa cependant que les infirmiers travaillaient tous en équipe médicale, et qu'un partage des informations était nécessaire : les infirmiers n'étaient pas là pour une relation de confidence, mais bien une relation d'aide.
Elle finit par le raccompagner au 4e étage, Aile Est.
- Voilà, Monsieur Morvan. N'hésitez pas si vous avez des questions. Nous sommes à votre disposition. Je vous souhaite un bon séjour dans notre Clinique. Vous serez reçu à nouveau demain par le Professeur Elbaz. Prenez rendez-vous auprès du room-service qui vous positionnera sur un créneau dans la journée. Pour le reste, rendez-vous au réfectoire de votre choix entre 19h et 22h pour le repas du soir. Pour le déjeuner, le service est assuré entre 11h30 et 13h30. Enfin, pour le petit déjeuner ... Vous êtes plutôt thé ou café ? Le service est à 7h30, en chambre.