Le régime bolivarien du Venezuela a accompli une politique de lutte contre la pauvreté qui s'est révélée efficace, mais trop dépendante des recettes du secteur des hydrocarbures. L'économie n'a pas su se diversifier pour accroître sa solidité face aux risques.
La politique de lutte contre la pauvreté n'a été efficace que sur le court terme malheureusement, on ne peut décemment pas la vanter.
En ce qui concerne la dépendance aux hydrocarbures, le régime totalitaire de Chavez a au contraire très mal géré cette précieuse ressource, s'exposant excessivement à la concurrence et gérant assez mal la réserve nationale. D'autres exemples ont montré que l'on pouvait rendre viable une économie sur le long terme malgré sa dépendance à un seul secteur d'activité, et ça le Venezuela n'a pas su le faire.
Je ne pense pas qu'il faille réduire la responsabilité des maux actuels du pays à l'élite dirigeante post-chavez. L'opposition bourgeoise de droite soutenue par les Etats Unis nous a montré de quoi elle pouvait être capable pour prendre le pouvoir (2002) et il y a manifestement une stratégie de la tension opérée contre ce pays pour démettre Maduro et faire revenir le Venezuela dans le pré-carré étatsunien et son aire d'influence.
L'opposition est avant tout motivée par une volonté d'indépendance, de liberté et de démocratie. On ne peut ainsi la réduire à la droite prétendue "bourgeoise", aujourd'hui cette opposition rassemble des dizaines de formations politiques de tout bord, y compris d'anciens partisans du régime. De plus, raisonner par la lutte des classes me parait complètement déconnecté de la réalité, c'est bien là le problème chronique des idéologistes socialistes. Et la recherche d'un ennemi absolu et commun (en l'occurrence les USA) l'est tout autant.
Sur le sujet de la liberté, le Venezuela compte des médias privés qui n'hésitent pas à balancer des attaques ad hominem vulgaires contre Maduro comme ils l'ont fait contre Chavez au risque de troubler l'ordre public.
Oui enfin il faut aussi voir le sort qui est réservé à ces fameux médias. Le Venezuela figure en queue de peloton du classement mondial de la liberté de la presse. Aujourd'hui, celui qui trouble l'ordre public, c'est Maduro. Car il s'accroche coûte que coûte au pouvoir sans le soutien de son peuple, il oblige ce dernier à descendre dans la rue, n'hésitant pas à tirer à vue sur lui. Comme si dans une dictature socialiste comme le Venezuela, le peuple pouvait s'émanciper par la voie des urnes ou je ne sais quoi d'autre...
Moi il y a un truc qui me fera toujours sourire, c'est la propension des groupes de médias occidentaux concentrés en oligopole et leur manière de traiter l'information. Ils mettent opportunément la lumière sur une situation de conflits internes à pays étranger de manière ponctuelle, en répétant l'information à de multiples reprises, pour en faire la une et en accroître l'importance sur une échelle de priorité qu'ils définissent eux mêmes, puis black-out total pour passer à autre chose sans parler de l'après-crise. Mais je digresse.
Il n'y a pas que ces fameux médias pour s'informer (je les déteste tout autant), mais nier ce qu'il se passe réellement là-bas en pointant la subjectivité médiatique, c'est se voiler la face.
Il est vrai que le socialisme peut être un frein à l'extension du marché, donc du confort matériel et de la satisfaction des besoins opérée par la logique marchande, mais raisonner de manière aussi catégorique sur son "absurdité" me paraît aller vite en besogne. Le marché est efficace dans un cadre précis, c'est certain, mais il est des strates d'une société qui est exclue de l'activité économique et qui a pour ce faire besoin de l'accompagnement des services publics pour subvenir aux besoins élémentaires et s'intégrer au reste.
Les pays socialistes latino, en améliorant l'accès à la santé, à l'éducation et aux autres domaines du développement humain, ont su accompagner les plus précaires, et c'est déjà une réussite.
J'aimerais que ce constat soit réaliste mais la vérité est tout autre. Il n'y a qu'à voir le niveau sanitaire déplorable des pays socialistes ou anciennement socialistes en Amsud et centrale, il n'y a qu'à voir la situation des administrations (avec des fonctionnaires soit pas payés, soit au "chômage technique") et globalement le niveau de liberté accordé à la population (religion, presse, accès aux services, ouverture au monde...). Les dictateurs comme Maduro et Castro dorment sur des sacs de billets, ils ont maintenu leurs populations dans des situations arriérées et les ont privé de leur potentiel en leur confisquant tout, c'est bien dommage...