Scènes de couple (Sujet réservé - Aurore et Eric)

[Aurore Lacroix-Valmont]

Aurore était une féministe convaincue, mais elle savait que tous les hommes n'étaient pas bons à jeter. Eric faisait partie de ceux qui avaient une vision de progrès sur la condition féminine. Ce n'était pas un hasard s'il lui avait plu et s'ils s'étaient mariés. Elle ne lui en voulait pas si parfois, il avait un avis un peu trop machiste, comme par exemple quand il prenait la défense de Karl, sur le fait de cacher ses sentiments ou encore de multiplier les coups d'un soir. Ok, ça l'agaçait un peu, mais elle s'en accommodait.

Alors qu'Eric ramenait les pizzas, Aurore ramena des serviettes et un couteau, puis elle laissa son mari faire le partage des parts. Elle était intriguée par le propos du beau brun. Il ne comptait pas la laisser travailler ? S'il y avait bien un truc dont Aurore se foutait, c'était de sa ligne. Aussi, il prit deux parts en même temps, soit le quart de la pizza et mordit dedans sans se faire prier.

- Fais attention à toi. Je vais te prendre au mot ! Tiens d'ailleurs, c'est ce que je vais faire. Si tout est permis, alors tombe le haut.

Elle prit la boite à pizza et le mit en sureté loin de son cher et tendre, l'oeil pétillant.

- Pas de pectoraux saillants et voyants, pas de pizza.

Elle mordit à nouveau dans une de ses parts et le regarda, pour apprécier le spectacle.

- Tu disais que tu ne me laisserais pas beaucoup travailler ? Je me demande bien ce que tu ferais, tiens...

C'était loin d'être innocent, mais en même temps, Eric l'avait un peu cherché.

[Aurore Lacroix-Valmont]

Retour à Aspen. Aurore arriva la première dans le logement. Elle était d'une humeur massacrante. La faute à Julien Citron et son idée saugrenue d'adhérer à l'espace Schengen. Eric était allé amener Christian chez Alexandre, son grand-père, pour deux jours, histoire que les parents profitent de quelques jours tranquilles. Aurore n'avait pas vu son mari depuis quelques jours, en raison de son déplacement en Palestine et à La Havane pour la préparation du prochain sommet de la CIPNA.

Tout son Ministère avait entendu sa colère s'exprimer lorsqu'elle avait appris les propos de Julien, qu'elle cotoyait au Gouvernement. Ca avait bardé sévère, le personnel n'en menait pas large. Eric le ressentit dès le moment où il croisa les gens, visiblement chamboulés. Tout le monde s'activait pour réparer les conneries du Ministre du Budget Fédéral. Aurore entendit la porte d'entrée et toute affairée qu'elle était dans la cuisine, sans regarder Eric, elle commença à vider son sac, les nerfs à vif :

- Ah ! Te voilà toi ! Pas trop tôt ! Enlève tes chaussures, s'il te plait ! Le sol est propre ! J'ai fait le ménage à fond.

Très, très mauvais signe... C'était le moment où tout homme sensé, revient sur ses pas et s'enfuit en courant. Bouillant de colère au point de trancher avec vigueur les légumes sur son plan de travail, elle poursuivit :

- T'as entendu la dernière ? Schengen !!! Moi, vivante !!! SCHENGEN !!! Et pourquoi pas l'OTAN aussi !!! Et c'est qui Julien pour parler de ça à MA place ??? Hein ??? C'est qui, ce petit con socialiste même pas foutu de s'occuper de son sale môme ??? Saleté !!!

Elle posa brutalement le saladier devant elle pour y mettre, dans des gestes brutaux les malheureux légumes raccourcis à la Conan le Barbare.

- C'est quoi son problème ? Ca ne va pas se passer comme ça, moi je te le dis ! Demain, Conseil des Ministres, je le pulvérise !!! Il va savoir comment je m'appelle ! GRAAAH !!! Il a de la chance que je veuille pas mettre Alessandra dans l'embarras et je l'explose pas dans un communiqué dès ce soir ! Oh oui, il a de la chance !!! Moi je te le dis !!! Gros connard ! Enflûre !

Elle jeta violemment le couteau dans l'évier et elle se tourna enfin vers Eric. Elle allait encore s'énerver mais en lieu et place, elle resta bouche bée. Ses yeux se portèrent sur sa barbe et dans son regard, s'alluma une flamme.

- Tu... tu t'es pas rasé ?

Sa voix s'était complètement radoucie. Elle s'approcha de son mari pour l'embrasser, histoire de lui souhaiter la bienvenue... Ben oui, quand même !

[Eric Valmont]

Cela faisait plusieurs jours qu’Eric n’avait pas vu sa femme qui était en déplacement, il s’attendait donc à la vor de bonne humeur, surtout qu’ils allaient avoir deux jours rien que pour eux, pour rattraper le temps perdu. Sauf que les choses n’allaient pas du tout se passer comme il le voulait. A peine était-il entré qu’il entendait Aurore hurler, en plus elle s’en prenait à lui. La première chose à laquelle il avait pensé s’était que le déplacement s’était mal fini.

Il avait deux choix devant lui, ressortir en faisant mine de n’avoir rien entendu ou avancer jusqu’à la cuisine d’où venait la voix de sa femme et voir ce qui se passait. Il avait choisi le second choix. Et alors qu’Aurore continuer de criait, il commençait enfin à comprendre de quoi il s’agissait. Julien Citron, le pauvre, il allait en prendre pour son grade. Mais bien sûr Eric n’avouerait jamais à sa femme qu’il le plaignait.

Il continuait donc de l’écouter parler, ou plutôt hurler alors qu’elle s’affairer dans la cuisine, mais connaissant sa femme, il savait que le mieux à cet instant c’était de ne rien dire jusqu’à ce qu’elle se calme. Chose qui arriva enfin, et d’un coup l’intonation de sa voix avait changé, et ses traits se radoucirent.

Je voulais essayer un nouveau look, tu aimes ?

Quand Aurore vint l’embrasser, Eric ne se fit pas prier pour lui rendre son baiser et le faire durer encore plus longtemps.

Salut toi, tu sais que tu m’as terriblement manqué.

Fini Julien Citron, il n’allait rien dire concernant tout ce que sa femme avait dit avant de l’embrasser. Pas de travail, rien du tout, ce soir ça serait juste pour eux, comme il l'avait voulu.

[Aurore Lacroix-Valmont]

Aurore se blottit contre Eric et passa ses mains autour de sa taille.

- Toi aussi, tu m'as manqué... à un point que tu n'imagines même pas...

Elle ferma les yeux et plaça son oreille contre la poitrine de son mari. Ils restèrent ainsi pendant quelques minutes. Aurore aimait entendre ce rythme régulier et en plus, Eric sentait bon. Il n'avait probablement pas pu se doucher avant d'arriver, mais il portait son parfum et Aurore aimait bien l'effluve qu'il dégageait.

- Je me rends compte que tu es mon roc... j'ai tant besoin de toi ! Je t'aime, Eric... Je t'aime si fort...

Disparue la furie en colère contre Julien. En quelques minutes, Eric avait désamorcé une bombe nucléaire et ça, rien que par sa présence. Il le savait, il était son point d'équilibre, son point d'ancrage. Parfois, ils se prenaient la tête, comme n'importe quel couple, mais Aurore finissait toujours par se sentir mieux avec lui. Il était son rémède. Elle dégagea sa tête, pour le regarder et elle en profita pour toucher sa barbe.

- Si j'aime ton nouveau look ?

Elle fit un sourire en coin et s'approcha de son oreille, frottant sa joue contre la sienne, pour lui sussurer :

- Ca me met dans tous mes états, si tu veux tout savoir...

D'une main, elle promena ses doigts sur son torse.

- T'es encore plus beau que d'habitude ! Je ne savais même pas que c'était possible...