Paulina Ventosa a écrit :13 juil. 2017, 22:20
1 : L'arrivée sur le trône de l'Imperatore a chamboulé la donne diplomatique, certains pays ayant un souvenir cuisant de la famille Bonaparte qui est liée à celle de notre nouveau souverain, dont l'Espagne qui est un de nos principaux alliés historiques. Comment comptez-vous vous y prendre pour améliorer notre relation avec notre voisin espagnol ?
Je comprends le scepticisme espagnol, chaque guerre apporte son lot de malheurs, et l'incursion napoléonienne en Espagne a été particulièrement violente vis à vis des populations locales. Dans la vie, il faut savoir pardonner, mais oublier serait une erreur, je comprends donc qu'il y ait une crispation a priori, mais j'espère qu'elle s'estompera au fil du temps. Je fais confiance à l'Imperatore car le peuple, à travers l'Assemblée Constituante lui a fait confiance, il sera un homme de paix qui éclipsera sans douter le souvenir peu glorieux de certains de ses ancêtres.
Mais vu nos liens privilégies avec l'Espagne, laisser faire le temps ne suffit pas, nous devons également nous parer d'une bonne volonté active. Puisque ce sont les affres de la guerre qui ont creusé ce traumatisme chez nos voisins et alliés espagnols, nous afficher un engagement très fort pour la paix, or nous avons de grandes ambitions pour la paix.
La paix, c'est se retirer la CIPNA, les organisations militaires, le but fut-il le plus noble possible, sont avant tout des organisations de guerre, n'oublions pas que la 1ère guerre mondiale est en grande partie due à un jeu d'alliance que trop peu de pays ont su rejeter.
La fin de la CIPNA n'est pas la marque d'une coupure du reste du monde, nous donnerons l'impulsion pour la création d'une Union Pacifiste Internationale dont le but sera de faire progresser la pensé pacifiste partout dans le monde dans l'espoir d'une paix durable et globale à long terme. Nous inviterons tous les peuples brisés par la guerre à rejoindre cette initiative qui offrira ce que l'humanité a de meilleur aux générations futurs, et le peuple espagnol fait parie des plus légitimes à prendre part à un tel mouvement.
2 : L'armée frôceuse n'intervient que très peu depuis le succès de la guerre au Soudan, estimez-vous nécessaire de lui accorder les mêmes crédits qu'alors ?
Le CUL est un mouvement qui place le pacifisme comme sa première préoccupation, montrer que l'on prépare la guerre, c'est mettre les autres pays sur la défensive, et donc par extension les décourager de faire preuve de pacifisme. Le pacifisme n'est possible que si un pays accepte de faire le premier pas, et notre ambition est d'être le pays qui fait le premier pas.
Par conséquent, nous prônons la dissolution de l'armée frôceuse qui ne représente qu'un vestige d'un passé militariste duquel nous devons nous détourner. Cette dissolution ne sera pas un acte irréfléchi, nous savons que les soldats sont des frôceux comme les autres, soucieux de leur avenir et que l'armée a récemment endossé des rôles humanitaires durant des catastrophes naturelles.
Il s'agit de faire preuve d'intelligence et nous pensons avoir abouti à un compromis raisonnable qui est de reclasser tous les soldats qui le souhaitent dans la police fédérale, et d'attribuer des prérogatives d'organisation d'actions humanitaires à celle-ci. Cette transformation sera un bien pour tous, chacun comprendra que la Frôce n'est pas une nation belliciste et renonce éternellement à la guerre, mais nous ne perdrons aucune capacité de réaction humanitaire et nous ferons des économies vu que l'équipement de la police fédérale est bien moins coûteux à entretenir que celui de l'armée.
3 : La non-condamnation de Kévin Léonard pour homophobie soulève le débat sur le mode de preuve utilisé en droit frôceux qui est actuellement la nécessité pour le juge de n'avoir aucun doute raisonnable pour condamner. Pensez-vous qu'il serait plus opportun de passer sur un système basé sur l'intime conviction comme en France par exemple ?
Avant de répondre à la question en elle-même, j'aimerais vous expliquer brièvement la philosophie du CUL par rapport à la loi, nous pensons que la loi est ici pour servir l'utilité sociale en organisant les rapports entre individus de la meilleure manière pour le bonheur commun, une loi qui sert l'utilité sociale doit être appliquée car telle est la direction à prendre vers le bonheur commun, nous ne sommes pas des anarchistes.
Pour donner un exemple concret, quand il y a fraude fiscale, on prive l’État de ressources qui auraient pu bénéficier à l'utilité publique, il y a donc atteinte à l’utilité sociale et donc lieu de condamner. Toute loi pénale qui ne sert pas l'utilité sociale est un instrument d'oppression destiné à faire primer une morale sur une autre, or le CUL est favorable à la disparation de tous les instruments d'oppression, dont la loi sur l'injure publique.
C'est dans cet état d'esprit que nous sommes fondamentalement opposés à l'intime conviction car elle fait intervenir la morale personnelle du juge, donc un potentiel instrument d'oppression, nous n'allons pas nous débarrasser d'un instrument d'oppression pour en introduire un autre, cela serait parfaitement incohérent, vous en conviendrez.
De plus, le critère d'aller au delà de tout doute raisonnable apporte d'autres attributs de valeur considérable quand il est bien appliqué, ce qui est le cas en Frôce, c'est utile de le préciser car on peut voir avec l'exemple étasunien qu'il peut être totalement dévoyé, le doute raisonnable étant souvent ignoré quand on parle d'un pauvre issu d'une minorité ethnique.
Le premier attribut, c'est une certaine unité dans le droit frôceux qui permet de limiter les recours à la Cour Suprême, ce qui a le double mérite de fixer rapidement les parties et de désengorger cette dernière pour les dossiers qui ont besoin d'une considération en droit, le fait que le poids de la preuve ne varie pas d'un juge à l'autre rend notre droit beaucoup plus fluide, et nous devons préserver cette dynamique.
Le second attribut, c'est une plus grande certitude pour les parties, l'accusé sait à quoi s'en tenir, il doit juste se défendre contre les preuves susceptibles de l'incriminer, il n'a pas besoin de faire appel à la morale personnelle du juge. De même pour l'accusateur qui sait qu'il doit produire un élément indiscutable et non simplement espérer être le plus persuasif.
Revenir sur le doute raisonnable, ce serait sacrifier la simplicité et la fiabilité du droit frôceux en plus d'ouvrir une porte au moralisme, nous y sommes donc résolument opposés.
4 : Le terrorisme engendre une grande peur dans les pays occidentaux et les services de renseignement sont en première ligne pour le combattre. Comment concilier respect de la vie privée et efficacité du renseignement ?
C'est une question particulièrement sensible, en premier lieu, nous ne devons pas être naïfs, le renseignement est essentiel à la lutte contre le terrorisme, on peut placer autant de policiers en patrouille et d'agents de sécurité à l'entrée des lieux publics, ils ne pourront pas grand chose contre un attentat bien préparé. Par exemple, les fouilles à l'entrée de certains lieux peuvent devenir contreproductives si les terroristes ont pour plan d'attaquer la file d'attente elle-même.
Le renseignement permet de faire avorter nombre des projets les plus complexes et d'arrêter nombre de personnes liées au terrorisme, si les attentats récents donnent l'impression d'un certain amateurisme comparativement aux attaques d'ampleur auxquelles nous avons pu assister dans le passé, ce n'est pas un hasard, c'est parce que les services de renseignement font un excellent travail pour réduire la casse, car contrairement à ce que certains charlatans veulent dire, le risque zéro n'a pas existé dans le passé avec le terrorisme politique d'extrême gauche et d'extrême droite du siècle dernier, n'existe pas maintenant et n'existera jamais.
D'un autre côté, la surveillance à outrance pourrait devenir nuisible, si nous ne voyons pas le gouvernement comme un ennemi en soi comme le fait le RPL, nous sommes conscients que quand des informations tombent entre de mauvaises mains, cela peut devenir désastreux. Je pense que nous savons tous ce que feraient des néo-nazis d'un fichage religieux par exemple.
Il s'agit donc de porter des garanties, tout d'abord par la loi, en ne donnant pas un chèque en blanc aux services de renseignement, mais en posant un cadre contraignant qui est que les pouvoirs étendus reçus ne peuvent être employés qu'à seule fin de lutte contre le terrorisme, il sera hors de question de se servir de la législation anti-terroriste pour lutter contre d'autres infractions. Je comprends qu'il soit tentant de lancer le filet pour prendre par la même occasion de petits malfrats, mais c'est notre meilleure assurance pour la liberté publique à l'avenir.
Ensuite, le contrôle du juge est nécessaire pour que cette loi ne soit pas un vain mot, la justice, quand elle repose sur un fondement sain, est la gardienne de nos libertés. La justice aura donc le pouvoir de contrôler les opérations des services de renseignement et d'ordonner la destruction des données obtenues illégalement.
5 : La Contribution de Solidarité Publique est actuellement la principale source de revenus de L’État fédéral, cette contribution n'est pas progressive. Pensez-vous qu'il serait plus juste de la remplacer partiellement ou totalement par une taxation progressive ?
La Contribution de Solidarité Publique est un élément de financement essentiel de la sécurité sociale, il serait très lourd de la remplacer, qui plus est sous une seule mandature, ce que le CUL vous promet c'est plus de bonheur et plus de plaisir, mais pas des miracles, nous laissons ça aux religieux.
Cependant, mettre en place une part de progressivité dans la CSP est souhaitable à moyen terme, d'abord par souci de justice, ponctionner un pourcentage fixe à un démuni et à un nanti, ce n'est pas la même chose, n'en déplaise à nos amis du RPL, dans un cas on parle de risque de se priver de ressources essentielles, dans l'autre de ne pas pouvoir mettre un peu plus d'argent de côté. Nous voulons que l'impact de l'effort soit proportionné, et non seulement sa quantité mathématique.
Ensuite parce que ce sont les plus démunis qui ont la plus forte consommation immédiate, chose qui dynamise l'économie, aider les démunis, c'est aider toute l'économie, il n'y a aucun perdant dans une telle opération, à l'exception de quelques pseudo-experts plébiscités par la presse économique qui s'en retrouveront ridiculisés.
6 : Actuellement, les trois quarts des investissements publics sont consentis par les provinces, jugeriez-vous bon que l’État fédéral étende son rôle quitte à augmenter les impôts ?
La répartition de l'investissement public ne me semble pas absurde, notre Constitution fait de la subsidiarité le principe fondamental de direction des politiques publiques, les provinces sont plus aptes pour comprendre les besoins de leurs habitants.
Le rôle de l’État fédéral en matière d'investissement, en dehors bien sûr du domaine de la santé, est surtout d'organiser des coopération inter-provinciales, par exemple lorsque la Frôce candidate à un évènement international ou lorsqu'il s'agit de construire une ligne inter-provinciale de train. C'est un rôle qui n'est pas si massif et qui justifie pleinement que la grande majorité des investissements soient initiés par les provinces.
La vraie question est de savoir si on veut plus ou moins d'investissement public, et dans le contexte environnemental actuel, on ne peut pas se permettre de couper l'investissement public, tout au plus peut on le réorienter. Nous devons à la fois rénover les transports, baisser leurs coûts pour les rendre plus attrayants et favoriser les nouvelles sources d'énergie. C'est un formidable défi qui nous est lancé pour laisser une planète plus vivable pour les générations futures, un défi qui générera de l'emploi et de l'innovation, mais il ne faut pas mentir au frôceux, un défi qui sera coûteux.
Nous ne mentirons pas à personne concernant la fiscalité, il y aura des hausses, qui devront principalement toucher les frôceux les plus aisés pour ne pas sacrifier le pouvoir d'achat des classes populaires et moyennes, car on ne peut pas sortir d'un modèle sociétal orienté sur le travail qui prévaut depuis des siècles avec des bouts de ficelles.
7 : Le débat sur la légalisation du cannabis occupe une place croissante dans de nombreux pays occidentaux, êtes-vous favorable à la légalisation du cannabis en Frôce ?
A qui profite la répression ?
Pas aux personnes qui sont tombées dans la drogue, si nous nous réjouissons que seule la fourniture soit sanctionnée pénalement et non la consommation ou la possession, l'état de fait actuel reste mauvais, les produits qu'ils consomment sont toujours d'origine douteuse et souvent frelatés, le danger pour leur santé s'en retrouve décuplé.
Pas aux jeunes qui ne sont pas encore tombés dans la drogue mais qui pourraient être tentés, la consommation de drogue est bien plus importante au Danemark et en France où elle est illégale qu'aux Pays-Bas où la vente est encadrée. Légaliser ne créera pas une génération de camés, car légaliser n'empêche pas les campagnes de prévention, car légaliser ôte l'attrait de l'interdit, car légaliser permet de contrôler la composition et donc d'ôter certains produits addictifs.
Pas aux finances publiques, dans les états américains qui ont légalisé la vente, les recettes fiscales sont considérables et servent à financer des projets très ambitieux sur l'éducation, en Frôce on pourrait s'en servir pour améliorer le financement de la sécurité sociale. De plus, l'aggravation de la santé des consommateurs directement liée aux produits frelatés dont la prééminence est permise par cette culture de la répression, coûte très cher à notre sécurité sociale qui doit prendre la charge de ces soins.
Pas aux policiers, qui se retrouvent avec un travail supplémentaire qui pourrait aisément être évité alors qu'ils vivent déjà une période d'activité intense de par l'activation excessive des plans de vigilance anti-terroriste.
Les seuls qui profitent de la répression, ce sont les caïds qui en tirent une source de revenu considérable et une forme de pouvoir sur leur quartier en devant en quelque sorte le principal employeur local. Ces cités ne s'en sortiront pas avec le métier de dealer comme principal débouché, ces cités s'en sortiront par la réhabilitation, l'éducation, l'investissement et surtout par un éveil de la tolérance.
La légalisation, c'est lutter contre les gangsters, c'est améliorer la santé publique, c'est améliorer les comptes publics, c'est alléger le fardeau des policiers et c'est abattre un totem du moralisme, c'est donc une priorité pour le CUL.
8 : L’État fédéral prend actuellement à sa charge le Revenu d'Insertion Social, qui est complémentaire aux autres allocations et qui est exclusivement destiné aux couples et aux personnes isolées pour maladie. Pensez-vous qu'il faille l'étendre à l'ensemble des démunis ou au contraire laisser le choix sur cette forme de solidarité aux provinces ?
Comme vous avez pu l'entendre dans les débats, nos ambitions vont beaucoup plus loin que le RIS et le RMG, notre ambition est d'établir un revenu universel à 1200 pluzins par mois en métropole et à 900 pluzins par mois à Antsiranana d'ici à 10 ans.
Le RIS et le RMG sont dépassés car ils prennent la forme d'une allocation de subsistance pour les démunis avec un mode de calcul destiné à aider les familles plutôt que les célibataires, chose qui fait d'ailleurs double emploi avec les allocations familiales.
Or notre société n'a pas besoin d'une allocation de subsistance mais d'un générateur de changements de mentalité qui est le revenu universel, le revenu universel, c'est la reconnaissance de l'utilité sociale de chacun, même hors du système traditionnel du travail, ce n'est pas une aumône de subsistance mais de quoi vivre dignement, chose qui marquera l'évolution vers une société où le travail n'est plus la valeur cardinale car ce modèle n'est plus tenable, c'est profondément individuel comme cela ne dépend pas de la situation maritale, ce qui marquera notre éloignement du moralisme, nous n'attendons pas spécifiquement qu'un couple ait des enfants pour l'aider.
Concernant l'autorité compétente, nous pensons que cela doit revenir à la province, tout d'abord car ce que la Constitution place sous l'autorité de l'état fédéral, c'est la sécurité sociale, or le revenu universel n'est pas une prestation de sécurité sociale, c'est une forme de salaire universel pour reconnaitre l'utilité sociale de chacun.
Ensuite, car nous pensons que le revenu universel a un lien profond avec l'imposition sur le revenu, qui est une prérogative provinciale, le revenu universel gonflant les revenus il gonfle la base d'imposition, chose qui fait qu'il est plus juste que la collectivité collectant l'impôt sur le revenu soit celle qui délivre le revenu universel. De plus, une des pistes que nous explorons pour l'implanter de la manière la plus simple est celle de l'impôt négatif sur le revenu, dont le principe est que jusqu'à un certain seuil, c'est l’État qui vous doit de l'argent, ainsi on éviterait le spectacle de donner une somme à un individu nanti et d'immédiatement la reprendre.
En revanche, l'état central a son mot à dire en matière de solidarités, les allocations familiales restent par exemple de son domaine, étant rattachées à la sécurité sociale, et nous espérons que le fait que le RIS sera de moins en moins demandé du fait de l'avancée du revenu universel l'incitera à augmenter généreusement ces allocations, il s'agit de trouver un équilibre, si le moralisme actuel incitant à faire des enfants pour être considéré est à proscrire, le fait que l'Etat produise un effort pour que les enfants bénéficient des meilleures conditions nous semble parfaitement louable.