Interviews - Elections générales 89
Posté : 09 sept. 2017, 15:56
LAM :
Kévin Léonard a écrit :09 sept. 2017, 15:521 : Le rôle de la Frôce de la CIPNA a été remis en cause lors de ce mandat, l'adhésion de la Frôce n'ayant été sauvée que par l'indiscipline de certains députés de la majorité. Pensez-vous opportun de remettre ce dossier sur la table ou est-ce pour vous une chose tranchée ?
La majorité anarcho-communiste sortante s’est effectivement distinguée par son hostilité aux instances internationales. Le dessein de son projet politique était d’isoler la Frôce en la mettant en marge des organisations diplomatiques comme la CIPNA.
Je rappelle quand-même que la CIPNA fut créée il y a plus de trente ans par Louis-Damien Lacroix de Beaufoy en lieu et place de l’organisation des pays non-alignés, avec une base fondatrice assez claire : refuser l’alignement diplomatique, faciliter les relations économiques et culturelles entre pays membres mais aussi renforcer la coopération humanitaire. Difficile donc d’y voir là une entreprise oligarchique et liberticide pour notre nation, d’autant que par la création de cette instance à l’initiative de la Frôce, cette dernière a beaucoup gagné en crédibilité géopolitique. Si l’on résume, la CIPNA pour la Frôce c’est un rôle diplomatique essentiel, un renforcement de sa souveraineté politique et son implication dans un merveilleux projet culturel et humanitaire.
Remettre ce dossier sur la table était donc irresponsable de la part du RPL. Le simple fait d’envisager la sortie de la Frôce de l’organisation qu’elle a fondée relevait du suicide diplomatique, je remercie d’ailleurs les députés qui ont eu la présence d’esprit de s’opposer au projet destructeur d’Elias Zimmerman. Le MPD envisage plutôt un renforcement de la coopération au sein de la CIPNA, dont les effets positifs en matière de géopolitique sont très vite apparus. En tant que membre fondateur, il est de notre responsabilité de nous investir encore davantage dans l’organisation afin de mener à bien l’ensemble de ses principes fondateurs. Je le dis aujourd’hui : gagnons encore en assurance diplomatique en montrant à nos alliés et partenaires internationaux que la Frôce est capable de prendre les devants pour l’intérêt de chacun !
2 : Le Venezuela a longtemps été vu comme un pays ami de la Frôce, ayant notamment contribué à l'armement des révolutionnaires face au régime dictatorial d'Edouard Drouet. Cependant, l'enthousiasme envers ce pays décline depuis l'arrivée au pouvoir de Nicolas Maduro dont les méthodes sont de plus en plus contestées, le Gouvernement a même envisagé le dépôt d'une résolution à l'ONU condamnant les agissements du Venezuela. Quelle est votre opinion sur la situation actuelle dans ce pays et pensez-vous que des sanctions seraient utiles ?
Le Venezuela est un sujet diplomatique particulièrement délicat. Tout d’abord, il convient de distinguer deux choses : le peuple vénézuélien et le régime de Nicolas Maduro. Ce dernier ne représente plus son peuple, nous l’observons depuis plusieurs mois déjà avec l’explosion de la défiance populaire qui s’exprime dans les rues de Caracas. La réalité, c’est que le régime chaviste a été fondé par Chavez et pour Chavez. Il n’est donc en rien étonnant d’assister à l’écroulement progressif de ce dernier, précipité par l’autocratie grandissante de Maduro ces derniers temps.
La Frôce devra toujours maintenir sa reconnaissance à l’égard du Venezuela pour l’aide apportée durant la lutte démocratique anti-Drouet, c’est une évidence. Mais pour autant, cela ne nous oblige en rien à fermer les yeux sur ce qu’il se passe dans ce pays. Le régime politique d’hier n’était pas le même que celui d’aujourd’hui. Nicolas Maduro a transformé le chavisme, déjà contestable à l’origine, en une entreprise autocratique et sanguinaire qui n’hésite plus à massacrer la part du peuple qui défie son autorité. Car nous sommes attachés aux Droits de l’Homme et au respect des libertés fondamentales, nous ne pouvons plus demeurer passifs face à la situation.
Alors déposer une résolution et prendre des sanctions contre le régime, j’y suis favorable. Mais je souhaite que cela ne se fasse pas au détriment des Vénézuéliens, qui souffrent déjà suffisamment d’un quotidien chaotique entre violences du régime, crise économique provoquée par l’inflation et l’effondrement des administrations et absence de perspectives d’avenir réjouissantes. Les sanctions internationales doivent permettre de neutraliser le régime en place, pas de détruire son peuple à petit feu.
3 : La loi interdisant les syndicats policiers a été une des plus contestées du mandat, evisagez-vous de l'abroger ou de la modifier ?
Si je deviens Chancelier, je prendrai l’engagement d’abroger cette loi absolument ridicule. Le Ministre Maessen n’a pas dû potasser le sujet bien longtemps avant de griffonner ce projet de loi sur un coin de table. Ce que j’aimerais dire à ce dernier s’il était en face de moi, c’est que l’on ne peut pas supprimer un droit fondamental par le biais d’un texte bâclé qu’aurait pu rédiger mon petit-frère de 15 ans. Ce n’est ni responsable, ni respectueux pour ceux qui assurent notre sécurité quotidiennement, y compris celle de Monsieur Maessen.
Je trouve absolument insensé et irrationnel d’ôter aux fonctionnaires de police la possibilité d’être représentés par une organisation légale. Historiquement, le taux de syndicalisation dans la police est élevé. Et pour cause, les syndicats ont toujours joué un rôle essentiel dans le fonctionnement de la police, c’était en quelque sorte une forme de cogestion. Le syndicalisme policier est certainement le plus influent, et dans le bon sens, car la représentativité des syndicats au sein des instances de la police était considérable. Notre voisin français a été condamné par la CEDH dans l’affaire Matelly, alors qu’il avait à tort empêché une dizaine de Gendarmes de former une représentation syndicale. Je regrette que la Frôce prenne le même chemin.
Supprimer les syndicats policiers, c’est donc à la fois priver des fonctionnaires d’un droit essentiel mais aussi priver notre police d’une forme de gestion optimisée et d’un fonctionnement interne démocratique. Il nous faut absolument abroger cette loi et ce devra être fait sans délai. Personnellement, je souhaite revenir à l’ancien fonctionnement qui, pour moi, était le plus efficace et respectueux.
4 : Le Gouvernement a supprimé la possibilité pour les policiers de contrôler à la frontière l'identité d'une personne sur la seule base de sa nationalité. Envisagez-vous de rétablir les contrôles migratoires et si oui, cela sera t-il de manière allégée par rapport à l'ancienne procédure ?
La suppression du contrôle aux frontières était une grave erreur. On a bien vu là le clientélisme absurde de l’extrême-gauche communiste pour essayer de faire croire que son idéologie n’émane pas de la dictature. Alors résumons : Maessen fait la morale à tout le monde en essayant d’expliquer que les frontières sont liberticides et discrimantes, et derrière Béranger passe son temps, pendant un débat, à nous faire les louanges des pays les plus fermés du monde comme Cuba et le Venezuela. Ce que tout cela m’inspire est similaire à l’histoire du boudin et de l’andouillette. Du début à la fin, ce gouvernement contre-nature a été absolument incohérent dans ses choix et dans ses partis pris. Tout ce cafouillis idéologique aura sans nul doute semé le trouble chez nos concitoyens, qui méritaient mieux que le spectacle des guignols en guise de gouvernance fédérale.
Si je suis élu Chancelier, il est évident que le contrôle migratoire sera rétabli, ce sera même l’une de mes toutes premières mesures. Je pense que la raison est évidente. Le terrorisme islamique frappe de plein fouet notre pays et nos voisins, croyez-vous vraiment qu’il soit opportun de baisser la garde alors que les canons sont braqués sur nous ? Il y aura toujours des moralistes et idéologistes d’extrême-gauche pour nous dire que le terrorisme ne vient pas des flux migratoires issus du Moyen-Orient, et c’est un mensonge absolu. De nombreux terroristes qui ont frappé en Europe ont profité du flux migratoire Syrie-Europe pour passer les frontières sans être embêtés. Je ne dis pas que les populations dans le besoin qui viennent se réfugier en Europe sont elles-mêmes des terroristes. Mais la vérité, c’est que les djihadistes s’infiltrent parmi eux. Pour contrer au maximum ce phénomène, il nous faut donc disposer en permanence d’un dispositif de contrôle aux frontières, ni plus ni moins.
5 : La communauté juive a vivement réagi au vote de la loi interdisant les mutilations génitales non médicales sur les mineurs. Pensez-vous que ce texte porte atteinte à la liberté religieuse ?
La communauté juive a vivement réagi au vote de la loi interdisant les mutilations génitales non médicales sur les mineurs car elle s’est sentie attaqué. La circoncision fait partie intégrante du culte mais je ne pense pas que son but était de porter atteinte à la liberté religieuse. Le rôle de l’État est de s’assurer que l’ensemble des concitoyens puissent conserver leur intégrité physique et faire leurs choix librement. L’intérêt et la santé de tous priment toujours sur les morales communautaires. C’est un peu le même débat que le halal dans les cantines. Nous sommes un pays laïc, pourquoi proposerions-nous des plats communautaires à l’ensemble des élèves alors que seule une minorité d’entre eux appartient à ces communautés ? Les individualismes passent toujours après. Et avec la loi Mendoza-Ojeda, je pense que nous sommes en plein dans ce point de vue.
Et puis soyons honnêtes, la famille juive qui veut absolument faire circoncire son enfant dans les règles religieuses a toujours la possibilité d’aller le faire en Israël ou chez un pays voisin où la pratique est admise. En Frôce, c’est mieux que ce soit ainsi. Nous sommes un pays social, et les mutilations génitales sur les mineurs constituent un abus très grave que nous sommes obligés d’éradiquer, au-delà de l’exercice du culte religieux car oui, il y a bien d’autres formes de mutilations génitales que celles d’ordre religieux.
6 : La loi sur la médecine scolaire est en bonne voie pour être adoptée, de nombreux adolescents ont toutefois vivement critiqué le texte. Entre un nombre record de visites pour les collégiens et lycéens, le centrage de certaines d'elles sur la sexualité et l'impossibilité de refuser totalement un acte médical, ne trouvez-vous pas que la méthode du Gouvernement sortant ait été trop brutale ?
Pour un gouvernement qui se revendique ami des libertés individuelles, ce coup de force a en effet été plutôt rude. Tout n’est pas à jeter dans la loi sur la médecine scolaire, évidemment. Vous connaissez mon attachement à la prévention plutôt qu’à la guérison, et l’augmentation des visites médicales va pleinement dans ce sens. Ce qui me gêne beaucoup plus dans ce projet, c’est l’obligation de se soumettre à ces visites d’une part et l’impossibilité de refuser totalement un acte médical d’autre part. Chacun est propriétaire de son corps. Le rôle de l’État en matière de santé, ce doit avant tout être celui d’informer les citoyens sur les risques et les affections qu’ils peuvent contracter. Passé cette prévention pure et simple, il devrait revenir aux parents de choisi si leur enfant doit se soumettre ou non à la visite médicale ou à l’acte.
Je comprends pourquoi Anastasia Mendoza-Ojeda a voulu mettre en place ces différentes mesures, mais j’estime qu’elle l’a fait de la mauvaise manière. Vous savez, une moralisation excessive et autoritaire est toujours contre-productive, surtout avec des adolescents de cet âge-là. Certains d’entre eux auront vite fait de faire l’inverse de ce qu’on leur a conseillé durant ces fameuses visites, si on les y envoie par la force.
En ce qui concerne le centrage de certaines visites sur le cul, ça ne me choque pas vraiment, mais je m’interroge sur l’intérêt réel de la chose. Les adolescents s’informent de plus en plus jeunes sur la sexualité, à 12 ans déjà de jeunes garçons consultent régulièrement des sites pornographiques. Le sexe fait partie intégrante des mœurs d’aujourd’hui, je pense même que certains jeunes en connaissent un rayon, davantage que les plus vieux qui veulent leur imposer des visites sur ce thème. Alors ok, il faut mettre la capote quand on a un rapport sexuel, il faut prendre la pilule pour les filles, il faut éviter le sexe oral avec n’importe qui, l’IVG est autorisé… Bref, toutes ces choses-là, les jeunes en sont déjà informés correctement.
7 : Le salaire des députés est actuellement de 3 500 plz par mois, c'est beaucoup moins que chez nos voisins. Ne craignez-vous pas que le niveau actuel de rémunération n'achève de renvoyer les meilleurs talents dans le privé ?
Non car tout simplement, nous ne sommes pas dans le privé mais dans le public. Quand on s’engage en politique, c’est par conviction. Celle de défendre ses idées et d’agir en faveur de ses concitoyens. La politique ne devrait pas être une activité lucrative, car elle poursuit l’objectif de servir la Nation et non pas de s’enrichir personnellement.
Deuxièmement, l’Assemblée Fédérale n’a pas besoin de « talents ». Elle a besoin de gens honnêtes, intègres et impliqués. Nous ne sommes pas du tout là dans une logique de recrutement comme celle que l’on peut connaître dans le secteur privé. Ce sont les citoyens qui choisissent leurs représentants, et ils ne le font pas en jugeant le CV ou les diplômes. Ils votent pour ceux qui tiennent les discours et ont les projets les plus convaincants, voilà tout.
Quand bien même, qu’on ne me fasse pas croire que 3 500 Pluzins par mois est un salaire faible, ce serait absolument indécent. Ce salaire représente plus de deux fois le salaire moyen en Frôce, celui de millions de concitoyens. Avec 3 500 Pluzins, on vit bien, très bien même. Personnellement, j’ai la chance d’être millionnaire sans rien faire, par descendance. Mais si demain, on me disait qu’on n’allait me laisser que 3 500 Pluzins par mois pour vivre, je ferais avec. Bon ok, j’aurais moins de montres Cartier et de polos Gucci, mais ce ne serait pas la fin du monde, soyons un peu raisonnables. Avec 3 500 Pluzins, je paierai mon loyer et mes hamburgers, c’est le principal.
8 : Contrairement à ce que l'on aurait pu croire, la taxation fédérale n'a pas évolué lors de ce mandat, certes en raison de la maladie subie par le ministre du budget, la seule innovation ayant au final été l'introduction d'une contribution à la sécurité sociale sur le cannabis. Il y a eu une certaine agitation autour du taux de cette taxation, certains députés ne la jugeant pas assez haute, pensez-vous que la hausser serait un bon moyen de dégager de nouvelles rentrées financières pour l’État fédéral ?
L’État doit bien se financer quelque-part, donc je ne suis pas opposé à cette idée. Il doit y avoir un compromis en ce qui concerne le cannabis entre l’État et les consommateurs. Ce premier laisse aux seconds la liberté de consommer comme ils le souhaitent, et en contrepartie les consommateurs payent de leur poche pour contribuer au financement d’un dispositif de sensibilisation aux risques engendrés par la weed.
En tant que consommateur régulier, et ce depuis bien avant la dépénalisation, je suis prêt à accepter le contrôle par l’État de la substance, car j’estime que j’ai déjà bien de la chance de vivre dans un pays où la consommation est admise. La défonce, chacun est libre de la pratiquer ou non. Mais on ne peut pas non plus réclamer à l’État une liberté de marché totale et une absence de taxe. Je pense que la supervision de l’État s’impose, ne serait-ce que pour lutter contre les réseaux de fournisseurs occultes. Il n’y a rien de pire que de la mauvaise beuh ou que du shit dégueulasse coupé à la terre et aux excréments. L’État peut donc être garant tant de la taxation que de la qualité des produits.