Charlotte Lamrabet bonjour, vous entamez donc votre quatrième campagne municipale à Kervern, déjà. Celle-ci est-elle plus difficile que les précédentes ?
Faire campagne n’est jamais difficile. C’est quelque-chose qu’en tant que maire de notre ville, je prends toujours du plaisir à réaliser. Aller à la rencontre des Kervernois, leur introduire mes projets à venir, recueillir leurs impressions et leurs craintes… Cela fait partie du métier. J’aborde toujours mes campagnes municipales avec détermination et philosophie.
Une fois encore, vous abordez ce scrutin en grande favorite, aucune opposition réelle n’ayant pu émerger depuis votre arrivée à la tête de notre ville en 088. Cela ne pose-t-il pas un problème de pluralité politique ?
S’il n’y a pas ou peu d’opposition à Kervern, cela signifie qu’une très grande part des Kervernois se retrouve dans le projet de la majorité, et on ne peut que s’en réjouir. La faiblesse des partis de l’opposition s’explique aussi par le manque de présence de ces derniers dans le quotidien des gens. Honnêtement, il est rarissime de voir des militants UPP ou PLC par exemple, venir à la rencontre de la population. Et ça, cela pose un problème évident. La politique municipale est une œuvre de proximité. Si proximité il n’y a pas, il est logique que cela se ressente dans les urnes.
Vous vous êtes illustrée récemment en claquant la porte du MPD et en vous opposant vivement à la volonté d’Arthur Lubenac de travailler avec le PLC. Regrettez-vous ce choix ?
Pas le moins du monde. Déjà, permettez-moi de vous corriger. Je n’ai pas claqué la porte du MPD. C’est le MPD qui a claqué la porte du clan Lubenac. Le vrai MPD, c’est celui que les 60% de militants du mouvement originel ont récemment rejoint. Il se nomme aujourd’hui MPD – L’Original et est porté par Olivier Brimont. Nous ne reconnaissons aucunement la légitimité du MPD que prétend représenter Arthur Lubenac. Aujourd’hui, le mouvement que ce dernier conduit n’a de MPD que le nom. C’est un parti monopersonnel, sans les valeurs ni le projet qui ont fait du MPD le premier parti de Frôce.
« Lubenac, c’est nous qui l’avons enfanté, c’est comme si Olivier et moi l’avions déclaré à la mairie ! »
Vous semblez davantage reprocher à Arthur Lubenac le fait d’avoir provoqué l’explosion du parti plutôt que sa volonté de travailler avec le PLC ?
En effet, ce que je reproche à Arthur Lubenac, c’est avant tout de ne pas avoir hésité à trahir le mouvement qui lui a tout donné pour satisfaire son désir effréné de conserver le pouvoir. Quand je parle de trahison, j’évoque le fait d’avoir pris tout seul la décision de ne plus travailler avec l’ADF et de se rapprocher du PLC, ce sans en informer le bureau et sans solliciter l’approbation des militants. Ce dernier a gravement outrepassé sa fonction de président du mouvement qui était soumise à des règles bien précises, conditionnée dans les statuts du parti. Et ça, c’est impardonnable. Lubenac a fait passer ses intérêts avant celui du MPD.
Qu’on se le dise, discuter avec le PLC aurait pu être une option comme une autre, elle aurait au moins eu le mérite d’être proposée aux militants. Mais prendre unilatéralement cette décision sans le faire par le processus démocratique, c’est un grave manquement. Arthur Lubenac ne doit pas oublier que sans les militants du MPD, il ne serait rien aujourd’hui. Il n’est pas un militant historique du parti, il a été propulsé à sa tête suite à mon retrait de la présidence. En soi, c’était déjà un cadeau inouï pour un individu alors inconnu de tous. Il nous en a bien mal remerciés. Lubenac, c’est nous qui l’avons enfanté, c’est comme si Olivier et moi l’avions déclaré à la mairie.
Vous pensez donc qu’Arthur Lubenac court droit dans le mur ?
Bien évidemment. Arthur Lubenac est un travailleur sérieux c’est vrai, mais il n’a ni l’expérience, ni la maîtrise des dossiers pour réussir seul sans que nous soyons derrière pour assurer le service après-vente. Lubenac Chancelier, c’est avant tout une réussite collective, permise par les militants du MPD qui ont mené une superbe campagne en décembre. Sans tout ce dispositif derrière lui, Lubenac n’est plus personne. Il n’a pas et n’aura jamais les épaules d’un Olivier Brimont ou d’un Victor Karlsson.
Sa stratégie de rapprochement avec le PLC lui permettra au mieux de glaner quelques dizaines de députés. Mais ses chances de réussite sont inférieures à 1%. Il apprendra donc à ses dépens qu’on ne peut l’emporter sans rassembler son propre camp en premier lieu. Il est désormais isolé et, même si le PLC réalise un score important qui est à prévoir, il ne pourra jamais prétendre être la fer de lance de cette nouvelle alliance.
« Olivier Brimont est un travailleur de l’ombre, rarement sous les projecteurs mais toujours au charbon »
Vous avez donc pris la décision de soutenir activement la campagne d’Olivier Brimont.
Effectivement, ce soutien que je lui ai apporté est tout à fait naturel. Lui et moi nous connaissons par cœur, je sais donc pertinemment les qualités dont il est pétri. Vous savez, Olivier Brimont est un travailleur de l’ombre, rarement sous les projecteurs mais toujours au charbon. Si le MPD est arrivé au pouvoir, c’est avant tout grâce à son travail depuis près de quatre ans.
Mon soutien n’est cependant pas celui que j’aimerais pouvoir lui donner, je n’ai pas la possibilité de m’impliquer au-delà de la campagne municipale à Kervern du fait de ma grossesse. Mais je sais qu’il saura porter haut les couleurs de la droite utile et modérée. Il a toujours su le faire.
Au niveau municipal, la division de la droite risque-t-elle de vous poser problème ?
Je ne pense pas, non. La quasi-totalité des militants du MPD originel soutiennent le MPD – L’Original. Arthur Lubenac n’a aucune influence ici. Pour preuve, ma précédente équipe municipale a décidé unanimement de militer pour Olivier Brimont. Quant au PLC, il a toujours réalisé des petits scores à Kervern. La seule droite ici c’est la droite utile, et c’est nous.
Quels sont vos projets à venir pour la cité de Kervern ?
Comme d’habitude, j’ai de nombreuses ambitions. Lors du dernier mandat, nous avons entrepris des travaux majeurs dans le cadre du plan urbain « Kervern 100 ». La ville et ses quartiers sont en mutation constante, nous sommes en train de réduire la vétusté du parc immobilier et parallèlement, tendons vers un modèle de ville résolument écoresponsable.
Le fil rouge de ce quatrième mandat à venir, ce sera celui d’intensifier nos investissements dans ce plan, car nous avons bien l’intention de fournir les livrables en temps et en heure. Ce mandat s’inscrira également sous le signe du social, puisque mon projet est de développer le nombre de maisons de santé régies par la municipalité, ainsi que le nombre de logements sociaux.
Merci à vous, Charlotte Lamrabet, et bonne fin de campagne.