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Re: Débat 7 : CUL - PAS - ADF : Quels rythmes scolaires pour nos enfants ?
Posté : 22 juil. 2018, 02:48
par Anastasia Mendoza Ojeda
CUL (4/5)
Monsieur Lacroix,
La réforme faite en Septimanie n'est pas une bête copie du modèle finlandais, tout ce que nous avons repris, c'est le volume horaire annuel pour déterminer une base suffisante pour des enfants de cet âge, puis nous avons chargé le matin au maximum pour les plus jeunes, ce qui est une chose parfaitement adaptée au climat septiman.
Le système espagnol est envisageable pour les lycéens et éventuellement les collégiens, même s'il n'est pas mon premier choix, il représente une alternative raisonnable, mais c'est un choix dangereux pour les jeunes enfants qui ont une horloge biologique naturellement matinale.
Pour en revenit à madame de Kervern, il faut rappeler que le système septiman repose sur des modules, chaque élève peut choisir sa quantité de modules, seuls les élèves prenant le nombre maximal ont 4 heures de cours tous les après-midi, ce qui est loin de quelque chose d'imposé comme vous le sous-entendez.
Il a fallu faire un arbitrage entre le décalage de l'horloge biologique des adolescents, la flexibilité de l'apprentissage pour s'adapter à la capacité de chacun à soutenir ou non des journées longues et le risque d'un bloc trop long dans l'après-midi, nous avons déterminé que les 2 premiers étaient les plus urgents.
Contrairement à ce que vous voulez faire croire, vous avez aussi fait un sacrifice, encore plus lourd, en ignorant totalement le décalage de l'horloge biologique et la flexbilité horaire.
Et pour en revenir aux enseignements complémentaires, je peine toujours à voir en quoi ils sont moins épuisants que les enseignements fondamentaux.
Re: Débat 7 : CUL - PAS - ADF : Quels rythmes scolaires pour nos enfants ?
Posté : 22 juil. 2018, 15:11
par Charlotte Flechmann-De Kervern
PAS : 4/5
La prise en compte du décalage de l'horloge biologique est un point qui fait encore débat chez les spécialistes, car il induit nécessairement un bouleversement horaire alambiqué, nous le voyons bien en Septimanie où le fait de commencer les cours à 10 heures implique, pour ceux qui souhaitent suivre les modules complémentaires, de devoir suivre quatre heures de cours l'après-midi. En Tyrsènie, nous avons fait le choix de la raison.
J'ai l'habitude de raisonner en tenant compte de toutes les hypothèses possibles, et celle de voir certains élèves choisir les deux modules en est une.
La manière dont vous avez réparti les heures de cours dans le cadre desdits modules découragera les élèves qui aimeraient prendre les deux à franchir le pas. La cadence de votre système éducatif refroidit les volontés d'apprentissage, à mes yeux c'est rédhibitoire. L'objectif ne doit pas être que de maximiser le bien-être, il doit aussi être de tout mettre en oeuvre pour donner l'envie aux élèves de choisir de suivre des enseignements supplémentaires. Ce que nous voulons, c'est leur donner l'envie d'apprendre, pas celle de jouer à la console l'après-midi plutôt que d'aller en cours car le rythme est trop soutenu. Voilà ce qui me dérange dans votre planification.
Une bonne alternative peut être celle mise en avant par Monsieur Lacroix-Hanke avec l'exemple espagnol. Si j'ai quand-même un doute sur une coupure aussi longue après le déjeuner, le modèle espagnol a le mérite d'occulter la période de digestion de celle des cours, c'est en effet juste après le déjeuner que les élèves sont les moins enclins à travailler.
Re: Débat 7 : CUL - PAS - ADF : Quels rythmes scolaires pour nos enfants ?
Posté : 22 juil. 2018, 23:52
par Karl Lacroix-Hanke
ADF (4/5) :
Madame Mendoza, je suis d'accord avec vous et c'est pour cela que je propose des rythmes scolaires non pas uniformes mais modulables, en fonction de la géographie mais aussi en fonction de l'âge, j'en ai parlé tout à l'heure. Je ne nie pas les effets bénéfiques du modèle finlandais. Je dis simplement qu'il n'y a pas de rythme scolaire parfait. La perfection dans ce domaine ne peut s'atteindre que par une complémentarité.
Et j'aurais tendance à être d'accord avec Madame Flechmann-De Kervern sur l'envie d'apprendre. Les enfants d'aujourd'hui ont plus de facilité à aller vers des écrans, des consoles, que vers des livres et du savoir. Dans le fond, je n'y suis pas opposé, mais je pense que nous y gagnerions vraiment si nous faisions en sorte comme en Tyrsènie que les modules de l'après-midi soient "définis".
Comme je vois que nous avons quand même un accord certain sur le fond mais pas sur la forme, je voudrais également parler du nombre de jours d'école par semaine, qui fait partie des rythmes scolaires. Notre voisin français est en train de revenir sur la semaine de quatre jours. Celle-ci, disons le clairement est néfaste, parce qu'elle coupe la semaine en deux et provoque une désynchronisation des élèves.
Ce même problème peut se poser sur le samedi et le dimanche. L'ADF propose de développer des programmes de formation avec des microbiologistes, destinés aux parents, ceci afin de leur expliquer les rythmes biologiques de leurs progénitures et les aider à adapter, en conséquence, les horaires du lever et du coucher pour une disponibilité et un éveil optimaux.
Re: Débat 7 : CUL - PAS - ADF : Quels rythmes scolaires pour nos enfants ?
Posté : 23 juil. 2018, 04:38
par Anastasia Mendoza Ojeda
CUL (5/5)
Madame de Kervern,
Le fait établi est que les troubles du sommeil sont bien plus nombreux chez les adolescents que chez les enfants, et l'explication majoritaire est qu'il existe un décalage entre l'horloge biologique de l'enfant et celle de l'adolescent. On est très loin du pifomètre en prenant une telle mesure.
Nous croyons en l'autonomie des jeunes, si un élève se considère incapable de tenir les après-midis, il peut choisir de présenter le module voulu plus tard, ce qui est rendu possibile par le calendrier roulant et la durée flexible du lycée qui peut aller de 2 à 4 ans.
Ce que vous faites, ce n'est pas vous parer à toute éventualité, c'est imposer un seul moule, qui impose 5 heures de travail le matin à des personnes qui ne sont pas matinales.
Et il est certain que vous n'aurez pas beaucoup de mal à convaincre les élèves à prendre des enseignements supplémentaires, ils sont obligatoires en Tyrsènie. Tout ce que vous faites, c'est refuser des obstacles plutôt que faire preuve de courage.
L'envie d'apprendre ne peut se manifester que dans un contexte de bien-être, or la majorité des lycéens seront épuisés avec 32 heures par semaine hors révisions.
Monsieur Lacroix,
Je vous présente les modules de l'après-midi en Tyrsènie : Histoire, Ingénierie, Physique pour les lycéens, Littérature, Technologie pour les collégiens, Géographie, Religion, Morale pour les écoliers.
Ce n'est pas donner l'envie d'apprendre de manière ludique, c'est faire exactement la même chose que le matin sous une autre étiquette et par conséquent faire exactement les mêmes erreurs que nos voisins.
Re: Débat 7 : CUL - PAS - ADF : Quels rythmes scolaires pour nos enfants ?
Posté : 23 juil. 2018, 10:46
par Charlotte Flechmann-De Kervern
PAS : 5/5
Nous ne sommes pas dans le monde de Oui-Oui où tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Miser sur l’autonomie des jeunes comme vous dites, ou plutôt les laisser se débrouiller dans les faits, cela revient aussi à accentuer les inégalités entre les élèves. Un adolescent vivant en zone sensible et dont les parents travaillent l’après-midi aura tôt fait d’être encouragé à traîner dans sa cage d’escalier plutôt qu’à étudier ses leçons. Toutes les familles n’ont pas les moyens de prendre en charge leur enfant la moitié de la journée.
Votre système tue la poule aux œufs d’or, il ne peut convenir qu’aux élèves issus de milieux favorisés pour lesquels les familles peuvent financer des cours particuliers ou assurer un suivi adéquat des devoirs. Vous éclipsez totalement le rôle de l’école, à savoir celui de favoriser une instruction de niveau égal pour tous les élèves, d’où qu’ils viennent. En matière de courage, nous n’avons donc clairement rien à observer chez vous.
Il est clair qu’une journée telle que proposée en Tyrsènie est bien plus favorable à les limiter : l’essentiel des cours dispensé le matin, des après-midi courtes et laissant donc la possibilité aux jeunes de réaliser leurs devoirs sans y passer la nuit mais aussi d'avoir des loisirs. À titre de comparaison, en Septimanie un lycéen peut rentrer chez lui à 19H, ce qui signifie absence de loisirs et commencement des devoirs à 21H pour finir tard dans la nuit parfois.
Le bien-être passe par l’épanouissement de l’élève, et ça nous l’avons compris en Tyrsènie.
Re: Débat 7 : CUL - PAS - ADF : Quels rythmes scolaires pour nos enfants ?
Posté : 24 juil. 2018, 00:21
par Karl Lacroix-Hanke
ADF (5/5) :
De ce que je constate, nous avons tous ici des points de convergence sur le fait que la chronobiologie est désormais cruciale pour l'éducation de nos jeunes. C'est important car les progrès de la science ont permis de démontrer que nous avions matière à réformer en nous basant là-dessus et que cela fonctionner.
Pour le reste, je reste intimement persuadé que les divergences se font sur la forme et non sur le fond. Il y a dans tout ce qui s'est dit ce soir, beaucoup de pistes intéressantes. L'ADF a toujours privilégié la synthèse et l'équilibre. Aussi, le projet de Gabriel von Bertha, pour les raisons évoquées par Mme Flechmann-De Kervern me semble être ce point d'équilibre entre qualité, quantité et pérennité.
Maintenant, comme je l'ai rappelé, les rythmes scolaires dépendent beaucoup d'autres facteurs, la géographie, le climat, l'âge. Il m'apparait donc essentiel que nous puissions les adapter et les moduler de façon affinée. Et à tous les âges, nous devons aussi y adjoindre les parents. Je rappelle que ce sont eux qui jouent un rôle essentiel dans la régularité des ces rythmes, notamment en garantissant à leurs enfants des heures de coucher et de lever identiques en week-end.
C'est important de sensibiliser les parents là-dessus et ni la Septimanie, ni la Tyrsènie ne l'ont fait. Sachez en tout cas que l'ADF soutiendra de telles initiatives, qu'elles soient portées par la gauche ou par la droite. Car en matière d'éducation, j'estime qu'il n'y a pas que qu'il en doit pas y avoir de clivage partisan ou de dogme.
Ce débat a eu le mérite d'être très constructif et je tenais à remercier mes deux interlocutrices pour tout cela.