Re: Elections générales 89 : Editoriaux en Transalpie
Posté : 14 sept. 2017, 12:58
Éditorial de Armand-Karel d'Alvaux-Gadraut (ARP-C) pour Le Pays
Alentours de Merowe au Soudan, Janvier 069.
Nous étions dix groupes de vingt hommes, remontant le Nil dans des embarcations de fortune. L'objectif était simple, comme toujours en opération militaire : Prendre la base ennemie de Gebel Barkal, seule position fortifiée sur cette portion du fleuve majestueux. Le Soleil ne paraissait pas encore, mais ses premiers rayons avaient percé. Nous naviguions donc sur la rive droite, afin d'être en contre-jour, invisibles aux snipers postés sur le gigantesque promontoire qui domine toute la région alentour.
Le Colonel ordonna l'arrêt des bateaux. Les rames stoppèrent leur affleurement régulier à la surface de l'eau. Le temps fut suspendu. Le silence était à peine troublé par le caquètement de quelques ibis sacrés. Puis les balles commencèrent à fuser. Mon groupe fut le premier décimé. Notre embarcation coula à pic. Je me retrouvais rapidement sous les flots du grand Nil.
J'entendais alors les cris et les détonations, enveloppé dans cette terrible embrassade que m'offrait les eaux. Croyant mourir, je me remémorais ma vie en une minute. Je ne ressentais pas la douleur de la blessure que j'avais à l'épaule, lorsque je pensais, défait, à la vie tranquille que je menais, enfant. La cour d'école bruyante de Sainte-Catherine à Aspen. Ce père aimant qui partait travailler chaque matin vers la rade de Toulon. Cette mère bienveillante qui m'accompagnait à chaque étape de ma vie me montrant la beauté de mille paysages. Je revoyais ces tableaux défilant dans mes pensées suspendues dans le temps. Et les paysages se succédèrent à leur tour : le Verdon majestueux, le massif de l'Esterel sauvage, le Cap Canaille, les calanques, la Montagne Sainte-Victoire ... Victoire.
J'ai ressenti l'air emplissant mes poumons. On venait de me sortir de l'eau. Une décharge d'adrénaline secouait mon corps dans de grands mouvements anarchiques. Je toussais, vomissais des torrents. Et je n'arrivais pas à me défaire de cette vision. Sainte-Victoire. Les paysages me transcendaient à ce point que je sentis une force invisible m'habiter. Je ne repris parfaitement mes esprits qu'à l'abri du couvert d'une grosse pierre. Je regardais alors l'homme qui se tenait à mes côtés. Il parut effaré du regard que je lui adressais. J'étais déterminé. Déterminé à sauver tout ce qui comptait à mes yeux : la Frôce.
La Nation venait de me rappeler à quel point je lui devais tout. C'était elle qui s'était glissé dans mon linceul, telle une amoureuse indélicate, qui vient tenter de ranimer la flamme. Et elle y était parvenue. Mon amour pour elle, ce jour là, m'a conduit à sauver ma vie, et à défendre celle de mes semblables, avec la puissance terrifiante du désir. La Nation était devenue officiellement mon amante, et jamais plus je ne lui ferais faux bond. On n'aime jamais tout à fait son pays, que lorsqu'on a embrassé cent fois ses paysages. Et j'étais alors animé d'une force telle que j'aurais pu les embrasser des milliers de fois.
L'enivrement total qui vous saisit les tripes et fait de vous un véritable nationaliste ? Je l'ai ressenti ce jour là. Et je ne saurais prêter ma voix qu'à celui qui s'est un jour retrouvé animé par le même sentiment. Votez Jean-Ernest Boisseau de Becdelièvre.
Alentours de Merowe au Soudan, Janvier 069.
Nous étions dix groupes de vingt hommes, remontant le Nil dans des embarcations de fortune. L'objectif était simple, comme toujours en opération militaire : Prendre la base ennemie de Gebel Barkal, seule position fortifiée sur cette portion du fleuve majestueux. Le Soleil ne paraissait pas encore, mais ses premiers rayons avaient percé. Nous naviguions donc sur la rive droite, afin d'être en contre-jour, invisibles aux snipers postés sur le gigantesque promontoire qui domine toute la région alentour.
Le Colonel ordonna l'arrêt des bateaux. Les rames stoppèrent leur affleurement régulier à la surface de l'eau. Le temps fut suspendu. Le silence était à peine troublé par le caquètement de quelques ibis sacrés. Puis les balles commencèrent à fuser. Mon groupe fut le premier décimé. Notre embarcation coula à pic. Je me retrouvais rapidement sous les flots du grand Nil.
J'entendais alors les cris et les détonations, enveloppé dans cette terrible embrassade que m'offrait les eaux. Croyant mourir, je me remémorais ma vie en une minute. Je ne ressentais pas la douleur de la blessure que j'avais à l'épaule, lorsque je pensais, défait, à la vie tranquille que je menais, enfant. La cour d'école bruyante de Sainte-Catherine à Aspen. Ce père aimant qui partait travailler chaque matin vers la rade de Toulon. Cette mère bienveillante qui m'accompagnait à chaque étape de ma vie me montrant la beauté de mille paysages. Je revoyais ces tableaux défilant dans mes pensées suspendues dans le temps. Et les paysages se succédèrent à leur tour : le Verdon majestueux, le massif de l'Esterel sauvage, le Cap Canaille, les calanques, la Montagne Sainte-Victoire ... Victoire.
J'ai ressenti l'air emplissant mes poumons. On venait de me sortir de l'eau. Une décharge d'adrénaline secouait mon corps dans de grands mouvements anarchiques. Je toussais, vomissais des torrents. Et je n'arrivais pas à me défaire de cette vision. Sainte-Victoire. Les paysages me transcendaient à ce point que je sentis une force invisible m'habiter. Je ne repris parfaitement mes esprits qu'à l'abri du couvert d'une grosse pierre. Je regardais alors l'homme qui se tenait à mes côtés. Il parut effaré du regard que je lui adressais. J'étais déterminé. Déterminé à sauver tout ce qui comptait à mes yeux : la Frôce.
La Nation venait de me rappeler à quel point je lui devais tout. C'était elle qui s'était glissé dans mon linceul, telle une amoureuse indélicate, qui vient tenter de ranimer la flamme. Et elle y était parvenue. Mon amour pour elle, ce jour là, m'a conduit à sauver ma vie, et à défendre celle de mes semblables, avec la puissance terrifiante du désir. La Nation était devenue officiellement mon amante, et jamais plus je ne lui ferais faux bond. On n'aime jamais tout à fait son pays, que lorsqu'on a embrassé cent fois ses paysages. Et j'étais alors animé d'une force telle que j'aurais pu les embrasser des milliers de fois.
L'enivrement total qui vous saisit les tripes et fait de vous un véritable nationaliste ? Je l'ai ressenti ce jour là. Et je ne saurais prêter ma voix qu'à celui qui s'est un jour retrouvé animé par le même sentiment. Votez Jean-Ernest Boisseau de Becdelièvre.