[SESSION 2] Projet de loi fédérale relatif à la suppression des contrôles migratoires aux frontières du pays

[Paolo Valbonesi]

Monsieur le député Dowranl,

Vous faites preuve une nouvelle fois dans cet hémicycle d’un excès d’émotivité. Vous pouvez pleurer, vous pouvez vous plaindre, vous pouvez me qualifier de sans cœur ou de tortionnaire, vous ne m’enlèverez pas le droit de qualifier votre attitude comme étant celle d’un irresponsable. Vous allez, en ouvrant les frontières et en supprimant les contrôles, créer un appel d’air qui incitera des centaines de milliers de migrants à franchir la méditerranée à leurs risques et périls.

Il est si simple du haut de votre position de député moraliste et bienpensant de proférer de tels propos, mais vous le savez, des millions de gens en Afrique et au Levant sont attentifs aux discours que nous tenons ici. Allez-vous en toute connaissance de cause leur faire croire qu’un avenir heureux est possible sur notre territoire ? Comment allez-vous les former ? Comment allez-vous les loger ? Comment allez-vous-leur donner des emplois ? Votre politique n’a aucune chance d’aboutir à une si grande échelle.

Puis vous mélangez sans cesse les migrants et les réfugiés. Personne ici n’a parlé de refuser le droit d’asile ou de raccourcir les délais pour les dossiers des demandeurs du droit d’asile. C’est l’honneur de notre pays que d’aider ces individus, victimes de conflits armés ou de persécutions ethniques ou religieuses, et de leur offrir un avenir. Néanmoins cette politique ne saurait être adoptée pour la totalité des migrants.

L’Union Européenne, première zone économique et commerciale au monde, est incapable d’accueillir décemment quelques milliers de migrants, essentiellement des réfugiés, et vous voulez, vous député fédéral, ouvrir en grand les portes de notre pays ? C’est de la folie pure. Vous n’aurez pas le début d’un financement pour engager les dizaines de milliards de pluzins qui seront nécessaire à l’intégration de ces dizaines de milliers de nouveaux entrants chaque année. Qui payera pour cette folie ? Le principe de réalité ne vous plait pas mais c’est une vérité.

Enfin je ne peux pas conclure ce propos sans évoquer les risques qui pèseront sur notre sécurité intérieure si aucun contrôle aux frontières n’est effectué. Les exemples de nos amis et voisins français et allemands ne sont-ils pas suffisant ? Les centaines de civils morts pour le simple fait d’être des Occidentaux n’est-il pas déjà un lourd tribut ? Doit-on payer plus encore pour satisfaire votre générosité inconsciente ? Alors que notre pays vient de connaitre un attentat terroriste pour des motifs encore non officiels mais de toute évidence liée à la cause indépendantiste vu les récentes déclarations du MAPA, votre politique est une folie.

Applaudissements nourris sur les bancs des députés pragmatiques.

[Léo Dowranl]

Monsieur Valbonesi,


La réalité n'est pas qu'un fait reposant sur de la facticité, elle est une construction. C'est votre refus de vouloir gérer la crise migratoire qui conduit au fait macabre des 5000 morts dans nos mers. C'est votre volonté de laisser déborder le barrage qui construit le débordement que l'on connait, et ainsi de suite. Il n'y a aucun excès d'émotivité chez moi, il y a même plus de principe de réalité dans mon esprit que dans le votre puisque je pose la question de savoir comment allons-nous régler la crise migratoire que le continent européen connait aujourd'hui. Le principe de réalité monsieur c'est poser la question, à partir des faits et de la manière dont ils se sont construits, qu'est-ce qu'il faut faire.
L'appel d'air est un mythe. La migration ne nait pas d'une facilité d'accès, elle nait d'une situation de misère, de pauvreté, de précarité. Vous ne supprimez rien en ouvrant ou en fermant les frontières. Par contre, vous décidez soit de fermer les yeux, soit d'agir.
Monsieur Valbonesi, vous voyez la crise migratoire comme une hémorragie, moi je la vois comme un barrage : vous voulez laisser le contrôle au frontière et qu'on arrive à une situation semblable à la Grèce, avec une administration débordée et ingérable. Vous ne pouvez pas panser indéfiniment la plaie, et tout barrage, aussi haut soit-il, déborde et inonde une région. La crise migratoire ne se règle pas avec une seule mesure, et comme je l'ai dit, la proposition du gouvernement est une première de ces mesures, à laquelle d'autres doivent s'en suivre et je suis prêt à travailler à cette suite, mais peut-être étiez-vous trop occupé à vous regarder pour entendre cela. Vos envies de coups d'éclats ne vous dispose pas de devoir être attentif aux propos de vos collègues, monsieur Valbonesi.
Toutes les questions que vous posez devront trouver une réponse dans la suite de ce projet et le principe de réalité, c'est de vouloir oser y répondre plus que de simplement les poser. Nous pouvons faire autrement que l'Union Européenne qui ne règle pas la crise migratoire, non faute de moyen, mais par faute d'accord. Bien sûr, comme vous refusez de répondre en voulant voter contre ce texte, tout votre coup d'éclat est aussi utile qu'un claquement de porte, aussi, je vous conseil peut-être de réfléchir à l'utilité plutôt qu'à l'effet de vos propos.

Je vous remercie.

[Julien Citron]

Chers collègues,
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Gouverneur,

Si le Gouvernement manque de précision et d'anticipation, le gouverneur de Catalogne a un trop plein de véhémence et préfère s'enfermer dans l'opposition frontale plutôt que de proposer et d'être constructif.
Jamais nous n'avons dit qu'il fallait accueillir toute la misère du monde. Nous croyez-vous assez stupide pour croire que la Frôce peut accueillir chaque migrant qui traverse la Méditerranée ? Oui je vois dans vos yeux que vous le croyez, eh bien grand bien vous fasse !
Je ne pense pas me tromper en disant que le gouvernement a assez de discernement pour imaginer les conséquences en cas d'accueil immodéré de réfugiés.
Monsieur Valbonesi, vous vous faites encore le chevalier de l'Apocalypse comme on a l'habitude du vous voir le faire depuis l'attentat à Antsiranana. Julien haussa la voix en regardant Valbonesi droit dans les yeux. Puisque vous parlez de coût, Monsieur le Gouverneur, peut-être que dans un élan de bonté vous accepterez de verser aux migrants l'argent que vous refusez illégalement à Antsiranana. Vous contribuerez ainsi grandement à alléger cet obstacle. Murmures dans l'hémicycle. Julien se tourne alors vers le ministre en retrouvant un ton calme et aimable.
Les députés de l'UPP sont tout à fait disposés à élaborer une proposition de loi pour l'accueil des migrants mais le gouvernement doit nous apporter la garantie que cela ne créera pas un appel d'air qui ne ferait que déplacer le problème. Nous souhaitons agir pour que la situation s'améliore mais s'il faut tout accueillir sans filtre alors effectivement le défi est trop grand et irréaliste et ce serait un coup d'épée dans l'eau. Un pays comme la Frôce ne peut faire des prouesses dans ce domaine tout seul. Je compte sur votre sens du réel Monsieur le ministre pour nous donner les garanties nécessaires à l'élaboration d'une proposition de loi d'accueil des réfugiés qui ne susciterait pas un débordement ingérable pour le pays.
Je vous remercie.

[Karl Lacroix-Hanke]

Merci aux participants.

Le débat est terminé. Le vote sera ouvert sous peu.

La séance est levée.